mercredi 15 janvier 2014

Hollande est-il toujours légitime ?


La longue conférence de presse du Président n’a donné lieu chez les commentateurs, journalistes et politiques, qu’à des propos sur deux sujets : celui dont le Président ne voulait pas parler sur sa vie privée, dont le ridicule de l’homme casqué en scooter voulant aller découcher incognito n’a pas échappé à la presse étrangère, et le Pacte de Responsabilité.
On peut même dire que le premier sujet l’a emporté sur le second qui était pourtant le sujet majeur de la politique « d’accélération » du second tiers du quinquennat. Après avoir floué les électeurs avec des promesses de gauche sur la justice sociale et l’avenir des jeunes, le Président vire de bord pour retrouver ce pourquoi il a pu être adoubé par les milieux bancaires et économiques. Il doit lâcher du lest au grand patronat, sa cote de popularité le laisse en période de soumission aux dictats. 

Il est navrant de voir une presse vantant les mérites de l’aventure européenne et laissant entendre que le Président gouverne en toute transparence et toute autorité. Non le Président n’a plus les mains libres et laisse à croire de sa toute puissance. Le FMI, la BCE, l’UE, avec en sous-main les puissances de l’ombre, veillent à ce qu’il retrouve le chemin qui lui a été assigné. 

Angela Merkel, forte d’un gouvernement de coalition qui lui laisse la bride, peut avertir la France qu’un tour de corde sera ajouté au licou dans le duo France-Allemagne. « Sooner or later, the currency will explode, if the necessary cohesion is lacking. » Le maintien de l’euro nécessite un rapprochement entre les deux pays dans les politiques fiscales, économiques et budgétaires. Autrement dit, Hollande va devoir copier la feuille de route allemande et signer un « contrat » de liaison avec l’Allemagne. Il n’a pas les moyens d’y résister. Il lui reste seulement la possibilité de faire croire que c’est une décision de sa part. 

Le Pacte de Responsabilité part sur de mauvaises bases car le Medef ne va pas pouvoir promettre grand-chose avec un allègement de charges de 30 à 35 milliards (flou non levé) dont 20 déjà engagés dans le CICE (Crédit d’impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) alors que celui-ci parle d’un décalage de compétitivité de 116 milliards. Si l’accélération se réduit à une dizaine de milliards, il n’y a pas grand-chose à attendre d’autre qu’une augmentation des marges des entreprises qui sont de 28% contre 42% en Allemagne. 

Par ailleurs le Medef ne s’engagera jamais ni sur un écrit contractuel ni sur l’acceptation d’un contrôle tatillon du nombre d’emplois créés pour la simple et bonne raison que la création d’emploi ne dépend pas seulement de l’allègement des charges mais de l’optimisation que fait chaque entreprise entre l’emploi et l’investissement. Obliger à embaucher, c’est détruire une partie de la compétitivité. 

François Hollande dresse contre lui la gauche de la gauche car on ne voit pas comment communistes et Front de Gauche peuvent accepter une nouvelle rallonge aux patrons avec une perspective aléatoire d’emplois. Il a la légalité pour lui, même si son élection a été saluée par beaucoup plus de drapeaux étrangers que de drapeaux français. Par contre il bat des records d’impopularité et trois quarts des français ne lui font plus confiance. Il y a une distance avec le pouvoir qui s’est encore agrandie depuis Sarkozy qui avait largement désacralisé la fonction avec des interventions de charretier. 

Il y a dans les esprits comme un air de révolution froide dont le début peut être situé lors du référendum sur la Constitution Européenne dont le refus  a été contourné par voie parlementaire. Ce déni de démocratie a réactivé un débat fondamental : celui qui porte sur les empiètements constants à la souveraineté de la Nation et par là à la réalité de l’État. C’est le « détricotage » entrepris par les institutions européennes qui éloigne le peuple du pouvoir dont il sent plus ou moins consciemment qu’il ne représente plus l’identité de la Nation. 

Alors la légitimité, mais non la légalité, n’est plus attachée à la souveraineté elle-même en voie constante d’affaiblissement. Du coup elle perd son sens et les cris de « Hollande démission » vont se faire de plus en plus entendre au fur et à mesure que les promesses vont toujours être repoussées à demain. Le combat pour l’emploi n’est toujours pas gagné, de l’aveu même du Président, et les promesses d’argent déversé sur les entreprises ne trompe pas ceux qui devront payer d’une façon ou d’une autre, c’est-à-dire nous. 

On parle de lier les prestations sociales au revenu des individus avec évidemment le souci que la somme globalement collectée soit plus élevée, c’est cela que l’Etat entend par réduction des dépenses publiques. Regrouper les régions n’a jamais réduit le nombre de strates comme on nous le laisse entendre et le regroupement n’a de sens que si on diminue le nombre de fonctionnaires… on attend de voir. 

Au sens sociologique la légitimité est un accord tacite subjectif et consensuel axé selon des critères éthiques et de mérite quant au bien-fondé existentiel d'une action humaine. François Hollande répond de moins en moins à cette définition, le pouvoir devient faible et les actes totalitaires fleurissent. Il devient risible quand, de surcroît, il se comporte comme un adolescent attardé (selon Manuel Valls) dans sa vie privée que les étrangers ne peuvent dissocier de sa vie publique. 

Jamais la France depuis la seconde guerre mondiale 

Ne s’est trouvée dans une telle situation. 

Dans la disparition de la souveraineté 

Légalité et légitimité se désunissent ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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