mardi 7 janvier 2014

Dieudonné : affaire politique ou juridique ?

La France est mise en ébullition et le tollé médiatique largement autorisé et promu par le pouvoir jette l’opprobre sur un artiste pour propos jugés dégradants pour une religion et des faits historiques. La broncha s’amplifie et les propos les plus abjects circulent tels ceux du photographe Jean-Claude Elfassi qui traite Dieudonné de « singe », envisageant de le renvoyer dans « sa jungle » et traitant sa femme de « viande à nègre » et de « putain » juste bonne « pour les arabes ». (cf Christiane Taubira) 

Chacun sait que les réactions à chaud, encore qu’il faille m’expliquer pourquoi on a attendu aussi longtemps pour réagir aux propos de cet artiste, ne sont jamais empreintes d’une analyse sereine des actes en question. Je vais donc m’exprimer sur ce point à titre totalement personnel n’ayant pas eu l’occasion d’en discuter avec notre Président, mais en essayant de voir en quoi des actions liberticides du pouvoir sont indispensables après ou avant de tels spectacles. 

J’ai une grande admiration pour ce fin comique qu’était Pierre Desproges et j’avoue avoir ri à ces propos : « Parmi les grands hommes qui ont contribué à la création de l’Etat d’Israël, il faut citer M. Ben Gourion, dit le Lion du désert (pourquoi « le lion » ? Parce que « le renard », c’était déjà pris par Rommel). (…) On voit donc à la lumière du témoignage ci-dessus que les Israéliens ne sont pas complètement nuls », ce qui, selon Aurélie Filippetti, était drôle. Seulement Desproges cite Rommel qui a visité Auschwitz. On voit que la marge est ténue avec des propos soi-disant comiques sur les chambres à gaz. 

Il ne s’agit pas d’approuver les textes de Dieudonné mais de percevoir que la limite à ne pas franchir n’est jamais nette et rattachée à notre propre acquisition des valeurs qui guident nos comportements. La moindre allusion à Mahomet franchit les limites pour plus d’un milliard de personnes dans le monde. Une caricature, un livre, une remise en cause de sa vie déclenchent la condamnation des auteurs par les religieux musulmans. Elle autorise même tout musulman à faire justice lui-même. 

Chacun est en droit de trouver les interventions publiques de Dieudonné nauséabondes et avilissantes pour les valeurs qui nous sont les plus chères. J’ai personnellement du mal à écouter le chant des partisans relooké par l’artiste car j’ai tant d’images terribles de cette période dans mes souvenirs que mon cœur se serre. Je ne ris pas non plus lorsque l’évocation des chambres à gaz me fait souvenir de ce voisin envoyé dans ces camps en pesant le quintal et revenu la chair collée aux os en pesant 37 kilos. 

Le problème est que l’État sort l’arme répressive contre un spectacle d’un artiste déclaré comme tel et incite, par là même, l’opinion publique à le condamner. Des milliers de personnes ont déjà vu ces spectacles  en salle ou sur internet, et ont ri. L’État dresse donc les français les uns contre les autres et décide de ce qui est licite et non licite, comme la Loi musulmane. L’interdiction d’un spectacle n’est ni plus ni moins que l’utilisation de la censure. La véritable condamnation d’un artiste c’est de ne pas voir ou écouter ses œuvres, c’est le public qui décide. 

Que l’on crie à la perte de valeurs de notre société est une chose, réelle malheureusement, mais ce n’est pas par la répression policière que l’on fait évoluer une société. On ne bricole par des ordonnances à la va-vite pour faire face à un manque des lois existantes. C’est à la justice de décider si le droit civil permet de condamner un spectacle, par exemple mettant en danger la sécurité intérieure du pays. L’action de l’Etat ne peut d’ailleurs que pousser à des affrontements publics alors qu’à ma connaissance aucun trouble à l’ordre public n’a été signalé en France jusqu’ici. 

En dehors de mon opinion personnelle sur le dégoût que me procure ces spectacles, il faut se poser la question du pourquoi ils ont un public. L’accusation d’antisémitisme est fallacieuse car les Magrébins sont aussi sémites. Pourtant ceux qui rient aux propos anti-juifs sont en grande partie de confession musulmane, plus des têtes brûlées de l’extrême droite et des jeunes écervelés, car les actes anti-juifs, et antichrétiens, sont en augmentation régulière. Nous sommes donc dans une évolution de notre société où une civilisation se substitue progressivement à une autre. Les Dieudonné vont se multiplier dans la prochaine décennie, c’est surtout sur ce point que les français devraient être amenés à réfléchir et à… réagir, plutôt qu’à approuver les atteintes à la liberté d’expression. 

La liberté d’expression est le principal pilier de la démocratie. 

L’Irlande veut faire de celle-ci une référence mondiale 

Car son peuple a gardé identité et pouvoir. 

Où en sera bientôt la France ? 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire