mercredi 12 décembre 2012

Que faire de la dette des Etats européens ?

Certains pensent que la dette est un mal endémique auquel on s’habitue. Depuis la crise certains se sont néanmoins inquiétés du déficit budgétaire et ont conjuré le mal par la sortie d’une Règle d’Or. Mais la réduction de la dette reste un Everest que l’on ne cherche pas à conquérir car l’hiver actuel est trop rude et on ne sait pas s’il y aura un été. Alors on se gargarise du rapport entre le déficit budgétaire et le Produit Intérieur Brut. Il s’agit d’une fraction, ayant un numérateur et un dénominateur. Donc quand le PIB augmente de la même proportion que le déficit, le rapport reste constant. Mais si le déficit augmente moins vite que le PIB le rapport diminue. CQFD
Désolé pour ce petit rappel élémentaire mais ceci veut dire que le déficit en valeur absolue, donc sonnante et trébuchante, peut augmenter tout en respectant le rapport sur lequel la France s’est engagée. C’est ainsi que le budget 2013 diminue le rapport de 4,5% à 3% sans que les dépenses diminuent significativement. C’est le petit jeu de camouflage dont raffole l’Etat qui lui permet de minimiser l’effort le plus pénible, celui de diminuer les dépenses publiques. Mais si le déficit ne diminue pas… la dette va augmenter.
Par ailleurs le PIB n’est qu’un instrument de réflexion pour les économistes et une simple formule mathématique. Elle a d’ailleurs la malignité de sommer des dépenses dont les dépenses publiques. Donc quand on dépense plus, on augmente le PIB et on diminue le rapport déficit/PIB. Ceci pour bien comprendre que tout cela mérite un œil exercé pour ne pas se laisser prendre.
Le seul chiffre qui compte en matière d’austérité c’est le déficit en comparaison du déficit de l’année précédente. Vous notez bien que ce chiffre n’est jamais mis en avant par les gouvernements car la dérive éclaterait au grand jour. Dépenses publiques budgétées et révisées en 2012 : 368,6 Mds, en 2013 : 374,6 Mds. L’Etat dépensera donc 6 Mds supplémentaires en 2013. Heureusement grâce à 28,3 Mds d’impôts et taxes supplémentaires, enfin grâce aux contribuables et aux sociétés, on compte réduire le déficit. Encore faudra-t-il que les recettes soient au rendez-vous car les dépenses elles le seront. Qui plus est , ceci était avant la nouvelle révision budgétaire qui vient d'être votée à l'Assemblée qui ouvre les vannes de l'aide de l'Etat tous azimuts... Nous en reparlerons.
Il est évident que l’Etat ne fait aucun effort réel pour diminuer son train de vie et que, comme dans une famille, pour l’enfant gâté les parents se serrent la ceinture. Malgré tout le compte en banque est dans le rouge et il faut emprunter, emprunter pour payer les emprunts arrivés à terme et pour en reprendre d’autres de la même valeur en les augmentant du nouveau déficit. La France, comme cette famille, vit à crédit. En augmentant les impôts et taxes, elle diminue la consommation des ménages, le bénéfice des entreprises, qui attirent moins les investisseurs, et la croissance. Moins de dépenses des ménages, moins d’investissement des entreprises et moins d’exportations c’est moins de PIB.
Tous les Etats européens sont endettés, et la plupart augmentent chaque année la dette. L’Allemagne pense toutefois pouvoir réaliser l’équilibre budgétaire en 2013. Les plus endettés sont les Etats du Sud et l’Irlande. La Grèce est incapable de rembourser sa dette et fait partiellement défaut. Elle remet cette perspective de défaut au goût du jour car plusieurs Etats sont menacés, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et de nouveau l’Italie dans l’actualité. Nous on se cache derrière eux.
Comment peut-on rembourser la dette ? Par quatre opérations : la fiscalité, l’inflation, la croissance et le défaut. Malheureusement la fiscalité est à son niveau le plus haut, en particulier en France. L’inflation est sous contrôle des banques centrales pour préserver le pouvoir d’achat. La croissance sera très faible ou récessive. Alors le défaut est-il si improbable ? N’oublions pas que l’UE est solidaire des malheurs des uns et des autres, la zone euro encore plus. Ce château de cartes ne tient que par temps calme et l’année 2013 nous annonce la tourmente malgré les efforts des uns et des autres pour nous endormir dans les fêtes de fin d’année. Attachez vos ceintures !
Le chômage va crever un plafond historique.
Les planches à billet vont continuer de tourner.
Les prévisions de croissance vont se révéler utopiques.
Les Etats vont penser qu’ils peuvent toujours emprunter à bon compte
…Avant que le ciel ne leur tombe sur la tête !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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