jeudi 6 décembre 2012

L’Etat œuvre-t-il efficacement pour l’économie ?

Dans cette période de vaches maigres dans laquelle nous sommes et qui va continuer au moins quelques années, il est de plus en plus indispensable de se poser la question de l’efficacité du rôle de l’Etat dans le développement économique du pays. En effet le constat sur l’action d’Arnaud Montebourg est décevant et révélateur tout à la fois. Que ce soit pour PSA, Doux, Sanofi, Pétroplus ou ArcelorMittal le bilan est maigre sinon inexistant. Il semble que le ministre ait pris le nom de son ministère au pied de la lettre et qu’il entende être le bon samaritain pour entreprises en détresse et non de permettre à celles-ci de se créer et, pour celles en bonne santé, de progresser plus vite et plus haut.
Le cas d’ArcelorMittal est révélateur en effet de l’impuissance de l’Etat devant une multinationale dans laquelle l’Etat intervient, non sur appel de détresse de l’entreprise, mais pour contrecarrer un licenciement collectif dans une entreprise non stratégique puisque l’offre d’acier est supérieure à la demande. Fermer des hauts-fourneaux qui ne sont plus assez modernes ou de capacité désormais trop faible pour être rentables, n’est que du management ordinaire et logique. L’Etat intervient donc pour des raisons essentiellement politiques plus qu’économiques ou sociales.
« L’Etat ne peut pas tout » disait Lionel Jospin devant les 1.000 licenciements de Michelin, entreprise qui a licencié puis réembauché plus tard et qui existe toujours. C’est bien là la véritable question. Quel rôle économique efficace doit jouer l’Etat ? Doit-on faire du Colbertisme, synonyme de nationalisation, ou s’inspirer de Nicolas Fouquet qui réussit à maintenir les finances royales à flot malgré les lourdes dépenses de guerre ? Mais au fait qu’a-t-il fait ?
« Il s’est employé à convaincre Mazarin de la nécessité de réduire les dépenses de l'État et simultanément, a travaillé à un vaste plan de redressement financier fondé sur l'amélioration de la perception des impôts indirects (centralisation des fermes générales), l'allègement des tailles (remise sur les arrérages de tailles impayées), l'assainissement des finances municipales (vérification des dettes des villes) et, toujours, l'amélioration des relations avec les manieurs d'argent »… allègements des dépenses publiques de l’Etat et des collectivités locales, meilleure collecte des impôts mais allègements de ceux-ci, facilité d’emprunt au meilleur taux grâce à de bonnes relations avec les banquiers… cela vous parle-t-il mieux ? Il faut ajouter qu’il a tourné le dos à la création et la gestion étatique des manufactures de Colbert, manufactures qui n’ont pas survécu à la disparition du soutien de l’Etat.
Or nous sommes depuis trente ans dans une situation bâtarde d’interventionnisme de l’Etat soit dans les nationalisations et dénationalisations successives, soit des aides données aux entreprises privées en difficulté dont l’efficacité à moyen terme s’avère improductive. C’est le cas de l’industrie automobile où celle-ci s’est trouvée en surcapacité lors de la crise de 2008-2009. Les bonus attribués par l’Etat pour l’achat d’automobiles ont permis une augmentation de la production avec des effets d’aubaine qui ne correspondaient pas à la demande réelle. On a gagné du temps en ponctionnant sur le porte-monnaie des contribuables, c’est tout.
En effet quelques années plus tard, le parc automobile ayant été rajeuni au-delà des besoins normaux, et le sentiment de crainte de l’avenir par le consommateur le poussant à l’épargne, la demande s’écroule en France d’abord. La solution était de fermer des usines pour rétablir des capacités de production en adéquation avec la demande. Elle va s’imposer d’une façon plus impérative et plus dure aujourd’hui. Alors on peut comprendre que l’Etat aurait mieux fait de s’abstenir et laisser les constructeurs gérer la situation au lieu de partiellement les déresponsabiliser.
L’Etat a bien un rôle important. Le premier est de dépenser le moins possible pour son fonctionnement afin de disposer du maximum d’argent pour l’économie et le social. Le second est de se servir de la monnaie pour ajuster celle-ci au contexte économique européen et mondial lorsque l’ensemble de l’économie du pays est touchée. Ce levier nous a été enlevé par l’euro. Le troisième est d’alléger au maximum la pression fiscale en particulier sur les entreprises. Le quatrième est de créer avec les collectivités territoriales les infrastructures et les meilleures conditions d’accueil des investisseurs sur le territoire français. Parmi ces dernières il faut mettre l’accent sur l’allègement du poids de l’administration sur les circuits administratifs et  la législation, laquelle devient de plus en plus obscure et contraignante.
A force de vouloir protéger le chômeur, on finit par en oublier le travailleur et la nécessaire flexibilité du potentiel de main-d’œuvre. Trop brider le licenciement, entraîne la diminution de l’embauche. Il faut admettre qu’un patron ne licencie pas par plaisir. La législation du monde du travail se retourne finalement contre le travailleur. Même si le nouveau gouvernement commence à en prendre conscience, on est encore loin d’une politique volontariste et cohérente, et l’Etat croit encore… qu’il peut tout !
Une économie florissante c’est non seulement des entrepreneurs qui s’enrichissent mais des entrepreneurs qui embauchent et redistribuent une part de leur richesse sur l’ensemble du pays. On ne créera pas de l’emploi en France avec des aides publiques, des crédits d’impôts qui viennent à peine compenser le matraquage fiscal ou en alourdissant encore le poids de la fonction publique, on créera des emplois en France quand on abandonnera la lutte des classes et la haine du capitalisme.
Moins d’Etat sur le dos des entreprises.
Meilleure gestion des dépenses publiques,
De son rôle d’hôte d’accueil des investisseurs,
De l’atténuation de la lutte des classes,
Et du rétablissement d’un climat de confiance dans l’avenir.
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon.