vendredi 28 décembre 2012

Le mur de la dette aux Etats-Unis et le mur du chômage en France

Les partis démocrates et républicains jouent une comédie médiatique aux Etats-Unis sachant tous deux qu’un accord sera conclu au plus tard le 12 janvier. Chacun veut montrer sa force mais le plafond de la dette sera crevé et la planche à billets continuera au rythme de 40 Mds$ par moi pour soutenir une croissance anémique. Les Etats-Unis vont continuer à perdre du poids économique dans le monde par rapport aux pays émergents, Chine en tête, et le dollar va perdre lentement et sûrement son hégémonie au profit de monnaies asiatiques. La Chine qui a senti le danger d’accumuler des obligations américaines remplit ses coffres d’or et incite les chinois à faire de même.
L’année 2013 sera sombre pour les Etats-Unis mais ce sera aussi le cas en France et en Europe. L’Europe perd toujours du poids dans le commerce mondial et son unité, tant au niveau de l’UE que de l’euro-zone, se fragilise sur la montée des nationalismes créée par la crise. Le chômage croît en moyenne en 2012 et les prévisions sont pessimistes particulièrement dans les pays du sud. 2013 sera très probablement en France l’année du record de chômage même par rapport à 1997. Le nombre de demandeurs d'emploi sélève à 4.904.000 demandeurs d'emploi dans les catégories A, B et C.
Comme d’habitude le gouvernement nous promet une embellie pour 2014, selon la bonne méthode du « demain, on rase gratis ». On ressort opportunément un indice en progrès de la confiance des ménages dans la consommation en même temps qu’un mauvais chiffre du chômage. Un regard plus acéré sur la statistique montre que dans le même temps l’épargne diminue. La consommation française peut se nourrir un temps de l’épargne, qui est l’une des plus élevées d’Europe. C’est le sursis qui est octroyé au gouvernement dans l’austérité et la baisse du pouvoir d’achat qui nous attend.
Les mots sont toujours révélateurs et il est significatif d’entendre le chef de l’Etat nous dire que l’année 2013 sera celle de l’action sur le chômage avant d'enfin parler de l'emploi lors de sa visite à Bercy. En effet le véritable objectif, ce n’est pas le chômage mais l’emploi, ce qui n’est pas la même chose. Toutefois trouver des emplois aidés et donner des aides de l’Etat dans un contrat de génération n’est pas la même chose que favoriser par des conditions fiscales, des réformes législatives et administratives, la création d’emploi dans le privé. Dans le premier cas ce sont des mesures défensives et offensives dans l’autre. Le salarié ne doit pas chercher le refuge du chômage mais un emploi qui lui permet de vivre décemment.
La croissance, appelée de nos vœux, se construit à l’intérieur et se subit à l’extérieur. A l’intérieur rien ne permet d’être optimiste à court terme car les mesures prises ne sont pas à la hauteur du problème posé et les crédits d’impôt risquent de ne pas favoriser les PME. Elles n’ont pas d’horizon de vente et ne dégagent pas une marge suffisante pour envisager d’emprunter et d’investir. L’augmentation de la fiscalité sur les sociétés pèsera elle de tout son poids, comme l’augmentation de la TVA qui s’ajoutera à l’inflation normale.
Nous ne maîtrisons plus notre monnaie et les remèdes sont de ce fait difficiles à appliquer parce qu’ils doivent être administrés suivant un savant dosage de compromis entre austérité et allègements fiscaux. Dans le meilleur des cas, ils ne peuvent agir que sur le moyen terme. Jamais la Suède, malgré l’application de sévères mesures de rigueur budgétaire, de réformes structurelles et sociales dès la crise de 2008, n’aurait pu devenir le pays modèle actuel sans être hors de l’euro et dévaluer la couronne suédoise. A la fin 2007 1Sek valait 0,11 euro, mais ne valait plus que 0,09 euro en juin 2009 soit 20% de dévaluation. Mais le miracle suédois c’est qu’aujourd’hui 1Sek = 0,115euro ! Il est reparti dès 2010 vers son cours de 2007 et la Suède a préservé son industrie avec une croissance et un niveau de vie supérieur au nôtre, preuve que l’on peut très bien se porter en-dehors de l’euro.
La lutte de la France c’est la lutte pour sa ré-industrialisation. Il est illusoire de penser que le développement des activités de service peut générer suffisamment d’emploi car elles s’appuient pour une grande part sur la partie industrielle de notre économie de production de biens. Il est aussi illusoire de penser que nous devons attendre que l’économie mondiale reparte alors que celle-ci est artificielle aux Etats-Unis. Mais nous n’en profiterons pas si notre tissu industriel n’est pas en voie de reconstitution. Il est aussi suicidaire de continuer à penser que l’euro doit être sauvé à tout prix.
L’euro est encore favorable à l’Allemagne mais son intérêt s’affaiblit au fur et à mesure que se multiplient les aides aux pays en difficulté et où se creuse l’écart entre pays du nord et du sud en gros. La mise en place du MES est insuffisante pour pallier à des aides massives sur des pays comme l’Espagne ou l’Italie mais déjà Chypre, l’Irlande et le Portugal font des appels plus ou moins directs et pressants. Le blocage de l’instrument monétaire sur l’euro pour tous ne peut aboutir au sauvetage rapide des pays endettés et désindustrialisés.
Nous sommes dans un combat d’arrière-garde.
Seul l’emploi privé est un remède au chômage
Et l’arme, inévitable et non exclusive, contre la crise reste…
La monnaie.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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