samedi 15 février 2014

Une hirondelle ne fait pas le printemps !

Le printemps économique est déjà là selon le gouvernement. Le 4ème trimestre est nettement meilleur que les trois précédents, sur la consommation des ménages, l’investissement des entreprises, et la croissance de 2013 est légèrement au-dessus de la prévision à 0,2% avec 0,3%. On peut même ajouter que la croissance au 4ème trimestre de 2012 était de -0,2% ce qui fait une augmentation de 0,5% d’une année à l’autre sur ce trimestre. On pavoise au gouvernement et on les comprend tant les nouvelles sont tristes depuis plus d’un an.

Seulement voilà l’hiver réserve souvent des surprises au mois de mars après des mois de douceur relative. On peut faire remarquer que la croissance le long des trimestres 2013 à largement fluctué avec successivement 0%, - 0,6%, 0%, 0,3%. Par ailleurs si la croissance 2013 de 0,3% est plus élevée que finalement prévu, en février 2019 elle était encore budgétée à 0,7% et la croissance était à 1,7% en 2011. Quelle catastrophe s’est abattue sur la France depuis ? On peut donc rester dubitatif sur la prévision de croissance de 0,9% budgétée pour 2014. 

La consommation des ménages augmente au quatrième trimestre à 0,5% pour  0% au troisième. Bien mais elle était de 0,4% au deuxième trimestre. Les investissements repartent au quatrième trimestre c’est bon signe sauf que c’est après 7 mois de diminution. A un certain moment, bon gré mal gré, les entreprises doivent investir sous peine de perdre de la compétitivité. La balance commerciale s’améliore oui mais nos exportations ne décollent pas et nos importations diminuent. Ce n’est pas vraiment la trajectoire idéale. 

Ne boudons pas une embellie même passagère puisque l’Allemagne ne fait que 0,4% de croissance quoique cela puisse aussi s’interpréter comme un signe annonciateur de ralentissement dans la première économie européenne qui donne le ton à l’ensemble européen. Par contre la tenue des objectifs de déficit public de 4,1% apparaît d’ores et déjà remise en cause pour 2013 et problématique  pour 2014 malgré le sourire de Moscovici. Le constat sur le graphique de l’effondrement de notre industrie manufacturière, en forte croissance dans les années 90, en quasi-stagnation avec l’arrivée de l’euro, et son effondrement actuel et sans perspective visible de relève parle de lui-même. 

La véritable bonne nouvelle c’est l’intervention d’Arnaud Montebourg le 9 février où il déclare : 

« Comme ministre de l’Industrie, je considère que l’euro est sorti de ses clous par une surévaluation qui est devenue problématique aux yeux de tous pour nos entreprises. Entre 2012 et 2013, il s’est apprécié de plus de 10 % face au dollar et de plus de 40 % face au yen ». 

Malheureusement Pierre Moscovici ne l’entend pas de cette oreille mais comme dit l’autre le ver est dans le fruit. Disons que Montebourg a fait la moitié du chemin, soit le constat d’un euro trop cher pour la santé de notre économie. Il s’est rapproché du point de vue d’un autre socialiste, Jean-Pierre Chevènement, qui va plus loin en demandant une monnaie commune et non unique permettant d’ajuster les performances économiques des pays du sud européen par rapport à celles du Nord. Car la baisse de l’euro ne résoudra pas le problème des inégalités économiques entre les pays. 

De plus si l’euro est trop fort pourquoi l’Allemagne creuse-t-elle un écart de 260 milliards d’euros entre sa balance commerciale et la nôtre ? Il faut se rendre à l’évidence la parité de l’euro avec le dollar et le yen n’empêche pas notre voisine d’exporter hors de l’UE et d’avoir une balance excédentaire dans ses échanges commerciaux avec la France. On aimerait qu’enfin la question « monnaie unique ou monnaie commune » soit véritablement débattue et votée par référendum… Mais la peur étreint nos politiques et panique la machine antidémocratique européenne qui fuit les référendums.
 
« Déjà en 92, les Suisses ont rejeté l’accord sur l’espace économique européen. Nous avons négocié pour réparer ce que son peuple avait très mal compris (…). Heureusement que nous n’avons pas de référendum. C’est à désespérer du droit de vote si des citoyens sont aussi… bêtes. » Astrid Lulling députée européenne le 10/02/14 à RTS 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc -Roussillon

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