mercredi 5 février 2014

La dualité de Hollande, un signe de non-choix

François Hollande manie la dualité autour de lui comme une stratégie de gouvernement. Sans idée apparemment clairement mise en œuvre, il multiplie les déclarations contradictoires. Elles jettent un brouillard opaque sur ses actions, donne le tournis aux entreprises, et augmente le nombre de ses détracteurs au sein même de son parti. Les duels humains parmi les ministres sont institués en véritable forme de gouvernement. Il n’est pas jusqu’à son fidèle Ayrault qui ne soit épargné. Les duels Vals-Taubira, Moscovici-Montebourg, Duflot-Montebourg, Duflot-Bertinotti sont provoqués ou orchestrés pour donner à gauche et à droite dans une cacophonie sensée assourdir les récriminations des uns et des autres. 

Le revirement sur la famille, projet de loi reporté dans son ensemble mais pas par morceaux choisis à une date ultérieure, qui pour la PMA et la GPA pourrait dépasser le quinquennat sauf si la commission d’éthique se montrait trop favorable et si le contexte s’avérait moins tendu, et si, et si… l’enfumage se dissipait trop vite, etc. On nage en pleine approximation où un projet de loi, touchant à des relations sociétales qui avaient mobilisé des centaines de milliers de personnes dans la rue, pouvaient ne pas créer un contexte tendu… On croit rêver devant tant d’absence de vision politique… à moins que tout cela fasse parti de ce détournement voulu d’attention des citoyens tant les difficultés qui attendent la France sont préoccupantes et non résolues. 

L’inversion et même la stagnation de la courbe du chômage est un pari perdu pour de longs mois encore. La maîtrise actuelle des dépenses publiques ne laisse espérer aucune réduction significative. Nous sommes le pays où le niveau de dépenses sociales est le plus élevé (33% du PIB contre 28,6% en Suède). La réforme fiscale à poids constant se tue d’elle-même si l’on y ajoute plus de justice, c’est-à-dire la concentration des impôts sur ceux qui en payent déjà et si l’on veut dans le même temps ajouter 15 milliards d’allègement des cotisations sociales pour les entreprises.

 Dans une période d’inquiétude sur les marchés avec des incertitudes politico économiques dans plusieurs marchés émergents, les incertitudes sur la croissance chinoise et les opérations de « tapering » de la banque centrale américaine, la politique duale ménageant la chèvre et le chou ne résout pas les handicaps de notre pays. Du coup les obligations françaises attirent moins les acheteurs que les américaines, les espagnoles ou les allemandes. Les investissements étrangers en France, selon le dernier rapport de la Cnuced ont baissé de 77% en 2013. Il s’agit d’un véritable effondrement, contrairement à ce qui s’est passé dans le reste de l’Europe. De plus les investissements se dirigent sur l’immobilier et non sur l’industrie ou les services. Ce n’est pas la visite de Moscovici en Grande-Bretagne qui va changer la désaffection des investisseurs étrangers, ceux-ci raisonnent non sur des discours mais sur des faits. 

L’espoir de croissance ne peut se raccrocher à la demande intérieure si la pression fiscale continue à être envisagée sur les classes moyennes et le chômage ne pourra que croître puisque la politique d’aide à l’emploi s’est avérée insuffisante, précaire et coûteuse. Les mesures d’austérité du Royaume-Uni portent leurs fruits mais avec un décalage dans le temps et ce pays y a adjoint une politique monétaire. La France prend désormais du retard par rapport à ses voisins du sud et la paix sociale devient précaire aussi chez nous. Les manifestions anti-gouvernementales se font de plus en plus dans la rue et la confiance dans le Président est au plus bas. 

La politique énergétique est aussi duale, un pied encore dans le nucléaire mais mal engagé dans une autre chaussure dite renouvelable. La couleur verte de celle-ci ne masque plus le coût qu’elle entraîne. Le Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective dénonce les effets pervers des subventions. Dans un rapport qui vient d’être publié il réclame un réaménagement urgent des dispositifs de soutien. Il faudrait faire évoluer le dossier sur le gaz de schiste. C’est pourquoi Arnaud Montebourg Ministre du Redressement Productif est en train de faire la promotion d’une nouvelle technique « propre » pour extraire le gaz de schiste. Il s’agirait tout simplement de remplacer l’eau par du fluoropropane. La France ne peut impunément se détourner de réserves énergétiques sans explorer les meilleurs moyens d’en tirer parti sans atteinte grave à l’environnement. Là encore une politique duale qui navigue entre deux eaux ne peut amener la France qu’à un choix imposé par l’Allemagne dans le contexte de sa prédominance européenne. 

Avoir le cul entre deux chaises 

Finit par rendre mal à l’aise.

Quand un chef ne sait pas choisir 

Il ne fait rien sinon moisir 

Un peuple las de l’enfumage, 

D’un chef vivant de son fromage. 

Avoir deux mains sur un dossier 

N'est pas gérer ça comme il sied !

J'ai dû changer le texte original du dernier vers, c'était  :
"Est juste là pour nous fair’ ch…"

Jacques Ouvert 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc Roussillon

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