vendredi 14 février 2014

50 milliards dans un week-end

Après sa visite d’allégeance Outre-Atlantique, le Président va attaquer un week-end beaucoup moins festif. Revenu avec des idées de relance à l’américaine toutes tournées sur la machine économique donc les entreprises, il va devoir répondre aux exigences budgétaires de Bruxelles et au nouveau financement du Pacte de Responsabilité. C’est 50 milliards qu’il faut trouver, le maçon au pied du mur, c’est maintenant !

Tout est encore flou, car on ne sait pas sur combien de temps il faut trouver la somme. Il y a fort à parier que le chœur des pleureuses ministérielles va appuyer de toutes ses forces pour le délai le plus long. Mais cette fois ce n’est pas le Ministre du Budget qui va arbitrer mais le Président lui-même. On ne sait pas non plus clairement si ces 50 milliards comprennent ou non les milliards déjà engagés. 

Cette fois il va falloir rogner dans le dur car on arrive à l’os. Non que des économies ne soient pas encore possibles puisque la Cour des Comptes en a déniché déjà un certain nombre. Mais ce coup-ci cela va toucher à des rentes de situation qui vont générer des oppositions au sein même de l’appareil d’État. Supprimer des organismes n’est pas dans l’air du temps puisqu’on n’arrête pas d’en créer comme le dernier Conseil de surveillance du Pacte de responsabilité. Le rognage par contre est sans doute encore possible mais les budgets ministériels intouchables vont créer des situations d’injustices qui laissent présager des règlements de compte au sein du Conseil des Ministres. 

La Cour des comptes – ainsi que ses petites sœurs régionales — a une belle et noble mission : « S’assurer du bon emploi de l’argent public, en informer le citoyen. » Celle-ci a émis des doutes, non seulement sur la tenue budgétaire du déficit prévue en 2013, mais aussi sur celui de 2014 pour cause de rentrées fiscales trop optimistes. Il a par ailleurs pointé du doigt des pistes d’économie des dépenses publiques. La dette en fin 2014 va se situer à 1.950 milliards et la dette par français à 30.000 euros. Pour 2015 notre dette va atteindre les 100% du PIB (Produit Intérieur Brut) et dépasser les 2.000 milliards.

La Cour des Comptes tire la sonnette d’alarme mais avec quelle résonance gouvernementale ? Tout au plus ce gros rapport de cette vénérable institution fera le « buzz » quelques jours ; le gouvernement à l’image de Benoît Hamon criera qu’elle n’est pas une responsable politique, l’opposition en fera quelques gorges chaudes et tout rentrera dans l’oubli. Les gabegies, les rentes de situation et les dépenses somptuaires continueront. Le gouvernement ne montrera pas l’exemple en réduisant ni le nombre de ministres, ni celui des commissions, d’agences, des groupes de travail qui fournissent ou pas des rapports qui croupissent… car ce ne sont pas des politiques ! Cela sous-entend que leurs conclusions ne seront prises en compte que si cela arrange le gouvernement… politiquement. 

Mais alors cette Cour des Comptes à quoi sert-elle ? A enfumer le peuple en faisant croire à un contrôle illusoire. On peut donc légitimement se poser la question de son utilité. Cela représente 735 magistrats, un budget de fonctionnement de 200 millions d’euros, 26 chambres régionales avec 350 magistrats et une immobilisation importante de locaux du patrimoine. Ou cette institution est dotée de pouvoir de coercition ou ce n’est qu’une verrue respectable mais inutile. Le FMI, la Banque Mondiale et surtout la Commission européenne ont infiniment plus de poids. Cette dernière se contentait de ne donner à la France que des objectifs chiffrés mais désormais l’approbation de notre budget va leur permettre de cibler des mesures plus concrètes. 

C’est donc un week-end particulièrement épineux pour le Chef de l’État car 50 milliards ne se trouvent pas sous le pied d’un cheval et la France est attendue au tournant. Sa grande chance c’est qu’avec 19% d’indice de satisfaction, il ne risque plus rien. Il lui reste la Garde et la Garde ne se rend pas. Le concert des pleureuses ministérielles n’obtiendra rien, les collectivités territoriales devront faire avec, le rabot passera. Seuls les fonctionnaires seront à ménager bien qu’un petit tour de vis sur les avancements est possible. Leur nombre ne diminuera pas. Il reste au Président à aller à Canossa pour demander un nouveau report des objectifs en pourcentage et en durée pour boucler une opération de chirurgie impossible. De toutes façons  le Président est bien persuadé que :

« Quand le gouvernement dépense de l'argent, ça crée des emplois ; alors que si cet argent est laissé aux contribuables, Dieu sait ce qu'ils en font... Ils le mangent peut-être ! Ils en font n'importe quoi sauf créer des emplois ! » Dave Barry 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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