mercredi 19 février 2014

Economie en perdition… quelles solutions ? (3ème partie et fin)

De par notre appartenance à la zone euro nous sommes devant un double problème, celui de l’existence même de la zone euro et celui de la perte de notre économie. La zone euro est menacée par des déséquilibres commerciaux entre les pays qui profitent des conditions créées par l’euro et ceux qui en pâtissent, c’est-à-dire entre ceux qui ont des créneaux de marché et des conditions économiques de productions compétitives et les autres. Pour les chanceux cela implique une forte industrialisation, des conditions fiscales et salariales favorables en dehors des qualités indispensables de recherche, d’innovation et de management.

L’exemple type des bénéficiaires est l’Allemagne et les perdants sont les pays de l’Europe du sud. On constate sur le graphique que le déséquilibre n’existait pas avant 2000 mais qu’il est concomitant à la mise en circulation de l’euro. Le fait de lier ces pays par une monnaie commune crée inéluctablement une distorsion qui s’aggrave de plus en plus entre gagnants et perdants. Il arrive un moment où les conséquences sociales et de niveau de vie des populations deviennent insupportables et où les gagnants ont asséché l’économie des perdants. Le risque est alors un éclatement de la zone euro. Les gagnants doivent alors impérativement réorienter leurs échanges commerciaux vers des pays ayant une autre monnaie sous peine d’asphyxie. Ce n’est pas facile mais c’est ce que l’on observe actuellement avec l’Allemagne. 

La comparaison des époques d’avant et d’après 2000 montre qu’un système de monnaies distinctes possédant des amortisseurs intrinsèques aux déséquilibres commerciaux entre pays européens a été remplacé par un système de monnaie unique sans aucun amortisseur pour ce qui est des échanges entre pays de l'Eurozone. C’est ce problème vital que ne résout pas la proposition d’Arnaud Montebourg qui prône une dévaluation pure et simple de l’euro. On n’échappe pas à un ajustement par la monnaie quand le système ne s’équilibre pas de lui-même comme ce fut le cas avant l’euro.

Il faut impérativement ajuster par la monnaie soit par une monnaie commune mais non unique soit, à défaut, par une monnaie nationale. La monnaie commune a existé sous forme d’écu avant l’euro, c’était une monnaie d’échanges commerciaux et financiers. Les monnaies nationales continuaient à exister mais leur valeur en écus était individualisée par pays dans des limites maximales fixées auparavant et réajustables. Cela marchait bien mais l’idée américaine d’une Europe unie en un grand marché commercial a promu l’euro, l’écu est passé aux oubliettes.

On sait donc que la solution est bonne et qu’elle génère un rééquilibrage si tant est que les corrections par la monnaie soient bien ajustées à l’intérieur d’une nouvelle grande zone monétaire, zone qui peut d’ailleurs être diverse avec une sous-zone conservant l’euro actuel, monnaie unique d’un certain nombre de pays, et une autre avec des monnaies nationales de pays ayant opté pour un ajustement fixé à un euro-écu de valeur différente. On dispose d’un grand nombre de variantes possibles entre une zone à deux euros fixes par exemple Nord et Sud Europe, et une zone euro-écu, sorte de panier de monnaies, où l’écu (nom que j’ai choisi par commodité) sert de monnaie nationale après réajustement des parités des anciens euros entre les pays (un euro espagnol ne serait pas échangé pour la même somme en écus qu’un euro français), ou encore le retour à des monnaies nationales liées à l’euro-écu par des parités fixes mais individualisées par pays qui servirait pour les échanges internationaux.

Toutes les solutions doivent impérativement permettre une individualisation par pays des parités entre monnaies. Elles peuvent être mises en œuvre au sein d’une zone euro comme monnaie d’échanges internationaux et les contours de cette zone peuvent évoluer. Des pays hors zone euro pourraient y rentrer.

La différence entre une monnaie commune et une monnaie nationale c’est que la première demande un consensus des pays qui y adhèrent et qu’ils doivent ensemble faire évoluer éventuellement les parités. Selon les économistes la monnaie commune présente plus d’avantage que la monnaie nationale car elle a plus de force au niveau international. La monnaie nationale est la solution ultime lorsque le consensus sur la monnaie commune n’est pas possible. 

Alors il reste une seule interrogation à laquelle il faut répondre : «  Pourquoi cela ne se fait-il pas ? » L’UE et la zone euro ne sont malheureusement qu’une construction à but économique en lien avec la puissance économique des USA. Elle sert principalement les multinationales, les banquiers et les gros investisseurs ainsi que la géopolitique américaine, c’est-à-dire en résumé l’UE pour la prédominance économique, l’OTAN pour la prédominance militaire. 

Le monde obscur de l’argent, le monde de l’Ombre en tire le plus grand profit en appauvrissant la classe laborieuse. Grecs, Portugais, Chypriotes, Espagnols, Italiens souffrent et même les allemands. Les valets de cette ponction sont les politiques et les technocrates à qui les puissants ont pris la précaution de donner du pouvoir ou (et) des rentes de situation. L’euro actuel ne disparaîtra que pour une de ces trois raisons :

  1. L’impact sur les prestations sociales et le niveau de vie est tel que les peuples s’entendent pour descendre dans la rue comme les Islandais pour mettre dehors les hommes politiques au pouvoir et les banquiers en prison. 
  2. Les puissances de l’Ombre constatent que la poire à ponction de l’argent des peuples ne pompe plus rien
  3. Le système monétaire international s’effondre sous la pression de la Chine qui entasse de l’or plutôt que des dollars.

… sans oublier la guerre qui menace toujours et que Marx n’avait pas complètement tort !

« L’argent est la puissance aliénée de l’Humanité. » 
Marx, Troisième Manuscrit de 1844.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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