jeudi 6 février 2014

L’amalgame et le pouvoir du « je »



La politique de l’amalgame se répand dans les discours des dominants, hommes politiques de la pensée unique, puissances économiques et financières, médias suppôts. Toute manifestation de désaccord avec le gouvernement est stigmatisée, disqualifiée. A un autisme grandissant s’adjoint un rejet global et systématique dans les extrêmes que l’on veut faire considérer comme le danger immanent qui menace notre pays. Grâce à cet amalgame on martèle que seule la pensée unique est recevable et que toute contestation vous rejette dans l’ignominie des extrêmes, sous-entendue ou explicitement dite, de droite. 

Plus les effets pervers et contre-productifs des actions politiques apparaissent clairement, plus se multiplient les manifestations diverses et les déclarations ou écrits de contestataires, plus l’amalgame, la stigmatisation voire le totalitarisme, devient un axe politique de communication. Ne pas apprécier la théorie du genre devient un acte réactionnaire, un rejet du Progrès, que seule peut incarner une vision extrémiste ringarde et dangereuse. Ne pas considérer que l’euro est une réussite économique et sociale est aussi punissable à priori d’un extrémisme haïssable et contraire aux intérêts de la France. 

C’est la technique de l’amalgame qui permet de mêler la peur de l’extrémisme à toute contestation des actions gouvernementales, amalgame largement repris par la presse complice. A ce processus de destruction de toute velléité de rébellion s’ajoute l’utilisation du « je » par le Président, parfois agrémenté du « moi je ». Ce besoin d’affirmer son statut de chef, réaffirmé cette année dans le discours des vœux où il dit prendre personnellement en main le Pacte de Responsabilité, est en fait une preuve de faiblesse. Une véritable autorité est naturelle et n’a nul besoin de ce procédé d’affirmation par les mots. Ceux-ci sont inutiles si le comportement n’y correspond pas. La répétition du « je » est un aveu qui laisse même à penser que l’on ne peut exercer son pouvoir que par l’utilisation d’un certain totalitarisme comme par exemple dans les propos suivants : 

« Je ne laisserai pas faire, au cours des prochains mois, ceux qui veulent en terminer avec l’idée européenne. Pas seulement en France, il y en a d’autres, parfois même aux gouvernements. Je ne laisserai pas faire ceux qui veulent en terminer avec l’idée européenne ou ceux qui veulent briser l’acquis communautaire, c’est-à-dire tout ce qui a été fait depuis des générations et des générations. Je ne laisserai pas non plus faire ceux qui veulent sortir de l’euro, qui pensent ainsi sauver la Nation alors qu’ils la mettent en péril. Parce que notre avenir, c’est dans l’Europe… » 

Pour répudier la Première Dame de France, les trois « je » dans dix-huit mots lapidaires ne sont pas seulement une certaine goujaterie, mais ils font suite à une déclaration du candidat bourrée de « moi je ». Ce « je », répété sans cesse, parsème la communication d’un Président dont la popularité ne cesse d’être entamée par une politique brouillonne et inefficace. Sans doute l’homme sait qu’il n’a pas prouvé ses capacités dans son poste à la tête du Conseil Général de Corrèze et qu’il n’est arrivé Président que par le retrait de Strauss-Kahn. Son empressement à servir les Etats-Unis, ses affirmations de confrontation à Angela Merkel alors qu’il ne fait que résister mollement et accepter les demandes, voire les injonctions, de la chancelière dès qu’elles deviennent insistantes, montre que le Président n’a de force que son affirmation verbale répétée. 

Personnellement peu représentatif sur le plan international et sans politique extérieure et diplomatique cohérente, il exerce son « je » avec autorité sur des territoires qui lui sont alloués par l’ONU, donc les USA avec l’accord russe et chinois, comme le Mali et le Centre-Afrique. On constate d’ailleurs que l’aide internationale, américaine (qui consent à nous vendre des drones !) et même européenne pour ses guerres africaines ne lui est donnée qu’avec réticence et du bout des lèvres. Sa position sur la Syrie ne tient que tant qu’elle convient aux USA. 

François le petit, peu considéré sur le plan international, veut montrer ses muscles sur le plan intérieur. Il divise la France en deux, ceux qui pensent comme lui, ou presque comme la droite traditionnelle, et ceux qui ne suivent pas la pensée unique et manifestent leur désapprobation en dehors de ces partis. L’amalgame consiste à les refouler dans l’extrémisme. Par ailleurs l’affirmation de l’autorité se fait dans le discours mais, plus grave, elle se glisse dans une atteinte aux libertés d’expression, dans des actes à relent totalitaire et dans un « refaçonnage » de la morale et des mœurs, transmis de génération en génération, sous la bannière du Progrès. Cette destruction programmée des repères est nécessaire pour conduire le peuple à un niveau d’acceptation fataliste, voire librement consentie, et de lassitude qui doit en faire des… veaux. 

Faudra-t-il qu’une Révolution stoppe l’évolution actuelle ? 

Les voix discordantes seront de plus en plus nécessaires 

Au fur et à mesure de leur stigmatisation. 

Amalgame et « moi je » deviennent 

Une gangrène insupportable ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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