jeudi 31 octobre 2013

Une politique économique à la gribouille !

L’écotaxe est suspendue mais pas sine die, néanmoins les « bonnets rouges » sortent des ateliers Armor lux et vont samedi montrer la colère d’un peuple que l’impôt étouffe. La France ce n’est pas la Grèce où la collecte de l’impôt n’a qu’une efficacité très relative et où il est facile d’y échapper, pour les armateurs en particulier. Non la France est réputée pour l’efficacité de la collecte des impôts et taxes ainsi que pour l’imagination, créatrice d’impôts, des fonctionnaires de Bercy. C’est la raison pour laquelle, lorsque l’on dispose d’un outil si efficace, on n’hésite pas à s’en servir. La France est donc en tête des pays de l’UE pour le pourcentage de la pression fiscale par rapport au PIB. 

Les gouvernements y vont donc gaiement en oubliant d’une part qu’ils doivent d’abord réduire le train de vie de l’État, où le nombre de fonctionnaires par habitant est aussi en tête du palmarès, et qu’au-delà d’un certain seuil, l’impôt tue l’impôt, selon la célèbre courbe de Laffer. Les Bretons viennent de le lui annoncer manu militari. Le Français sait qu’à revenu égal, aucun d’entre eux ne paye le même montant. La provenance des revenus, les allègements, les crédits d’impôts, le nombre de parts, etc. fournissent un revenu imposable différent selon chaque contribuable. La France s’ingénie à compliquer le système, comme dans d’autres domaines, et cela explique le nombre élevé de fonctionnaires beaucoup plus que la faible productivité de chacun d’eux.

C’est ainsi que l’on invente l’écotaxe, puis que l’on en augmente le rendement, impôt qui vient s’ajouter à la panoplie d’impôts et taxes déjà prévues. Dans le même temps on dépense 30 milliards dans le CICE (Crédit d’Impôt Compétition Emploi) et le contrat de génération. La collecte de la pression fiscale est une usine à gaz alors que l’on dispose de moyens simples comme l’assiette et les pourcentages du barème de l’impôt sur le revenu et les sociétés, de la TVA et de la CSG. Les énergies renouvelables en sont un exemple parmi d’autres. On prélève une surtaxe sur la facture de l’électricité et on donne des crédits d’impôts pour l’implantation de ces énergies ainsi que des tarifs de revente de l’électricité 2 à 3 fois supérieurs au prix d’achat chez le producteur. On prend dans la poche de l’un pour redonner dans la poche de l’autre, en subventionnant au passage une industrie qui n’atteint pas la rentabilité au lieu de subventionner seulement la recherche dans ce domaine. 

L’écotaxe est un impôt tout simplement, qui va se perdre dans les recettes de l’État, car les utilisateurs des transports routiers ne se voient pas proposer des solutions qui leur permettent de payer moins cher le transport des marchandises en porte à porte. Sa régionalisation n’a pas de sens et aboutirait à des calculs compliqués pour arriver à une stricte égalité entre régions pour un résultat final équivalent. Ce serait infiniment plus compliqué que le bonus-malus dans l’industrie automobile. Cette mesure s’avère efficace et utile une fois que l’on a admis que la réduction de l’émission de gaz carbonique est plus dans l’atmosphère est plus importante que celle de l’oxyde d’azote pour notre santé par exemple, ce qui n'est pas gagné d'avance.

On avance, on recule, on a peur de Bruxelles et de la broncha populaire, on lorgne les sondages et on perd son temps et celui de la machine économique. La « suspension » de l’écotaxe n’a rien réglé. Ceux qui se réjouissent que le Premier ministre ait « éteint  l’incendie » déplorent aussi le manque à gagner que cet abandon va entraîner pour les collectivités locales et singulièrement pour les départements qui ont en charge l’entretien des routes. Hier, les députés ont dû voter le budget de la Sécu qui ne sera jamais appliqué en l’état puisque le gouvernement a reculé sur la fiscalisation des intérêts des PEA et des PEL. Les têtes d’œuf de Bercy vont devoir encore trouver des sous… et le Premier Ministre être à l’écoute des français pour savoir… quand reculer sur les nouvelles mesures qu’il faut prendre avant de plaider sa copie du budget à Bruxelles. 

Vous connaissez la valse à trois temps ? 

Premier temps je crée un impôt nouveau, 

Deuxième temps je le fais voter par les godillots, 

Troisième temps j’écoute le bruit de l’impôt qui tombe. 

Il n’y a pas de quatrième temps, en tombant il s’est cassé !

Selon la formule présidentielle "Casse-toi pauv' con" 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon