lundi 7 octobre 2013

La Syrie, un échec cuisant de la France

On parle beaucoup moins de la Syrie et notre Président ne va pas y parader comme au Mali. En effet les négociations de Genève se sont terminées par un camouflet pour notre politique étrangère et se sont déroulées entre russes et américains. Dans la nuit du 27 au 28 septembre le Conseil de sécurité a finalement voté une résolution qui signe la victoire des propositions russes. Trois points sont particulièrement importants sur lesquels notre ministre des affaires étrangères ne s’y est pas étendu et pour cause. Tous les belligérants engagés dans le conflit en Syrie doivent abandonner, la production, le stockage et l’emploi des armes chimiques. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie est réaffirmée. Toute intervention armée de sanction devra faire l’objet d’un nouveau vote du Conseil de Sécurité.

La France avait la position la plus avancée sur la punition immédiate de Bachar el Assad. Elle avait mis son armée le doigt sur la gâchette et n’avait pas compté ses efforts pour rallier les européens à sa volonté d’intervention. L’Europe s’est montrée très divisée et aucun accord de l’UE n’a pu être trouvé. L’Allemagne s’est bornée à condamner l’emploi des armes chimiques et, au Royaume-Uni, Cameron n’a pas convaincu les parlementaires. François Hollande avait alors joué la mouche du coche auprès d’Obama, voulant passer pour le partenaire privilégié des USA. Pourtant la France n’a pas été conviée aux discussions russo-américaines de Genève. 

Pire la France a essayé de rallier à son engagement les pays influents et émergents, les BRICS, sans succès et le vote final est un camouflet pour notre pays. Non seulement il n’est plus question de punition immédiate de Bachar el Assad, mais son gouvernement est bien confirmé comme le gouvernement légal alors que la France avait reconnu celui de l’Armée Libre dont les représentants ont été reçus officiellement à Paris. De plus les « rebelles » se voient traités comme lui pour les armes chimiques, ce qui montre que leur emploi était dans les deux camps, comme l’avait déjà signalé un rapport parvenu précédemment à l’ONU. 

La Russie apparaît désormais comme le pays qui offre au monde la solution raisonnable respectant le Droit international et reprend une place de choix dans la politique internationale. A contrario la France a perdu de son crédit à l’ONU, en Europe et en Syrie. Elle avait une occasion unique d’être le négociateur privilégié de l’OTAN et de l’Europe en face de la Russie, compte-tenu des liens historiques et des bonnes relations antérieures avec la Syrie. Les Syriens eux-mêmes n’ont pas oublié que la France a été partie prenante de la construction de leur pays. Au lieu de cela nous nous retrouvons dans le camp de leurs adversaires, en difficulté pour intervenir en soutien d’un mouvement rebelle qui n’est plus légal. 

Si l’on ajoute à cela que la plus grosse partie des forces rebelles est désormais celle des djihadistes qui sont alimentés en argent et en armes par le Qatar et l’Arabie Saoudite, on conçoit que notre politique étrangère est paralysée et incohérente. Nous devons désormais faire les yeux doux aux pays sunnites pour des raisons économiques, les suivre dans leur conflit religieux en Syrie, être dans l’obligation de reconnaître le gouvernement de Bachar el Assad que l’on voulait dissoudre et tisser des relations amicales avec la Russie, qui nous a prêté des avions-cargos pour aller au Mali. Ceci relève d’un exercice d’équilibristes sans filet ou d’une politique étrangère de gribouille, indigne de notre pays. Le peu de cas que les Etats-Unis ont fait du seul pays qui se prétendait prêt à intervenir avec eux et les poussait à le faire montre que nous avons perdu sur toute la ligne ! 

Pour une fois il faut se réjouir de la position prise par le Conseil de Sécurité qui met un frein au droit d’ingérence à tout propos. On a pu voir également que la démocratie a joué son rôle au Royaume-Uni mais qu’en France les sondages défavorables dans l’opinion publique n’ont pas empêché notre Président d’engager celle-ci dans ce conflit. On aimerait voir le Président prendre des décisions aussi tranchées dans les domaines qui nous concernent tous à défaut de respect de la démocratie. Ce n’est malheureusement pas le cas et sur le plan intérieur on alterne entre les « mesurettes » qui repoussent les difficultés à plus tard et l’aspersion de poudre aux yeux. 

Nous voilà engagés pour longtemps au Mali et nous serons nation suspecte si nous continuons à aider les rebelles syriens. Pendant ce temps nous faisons des coupes sombres dans les crédits et les effectifs de notre armée dont la mission première est la défense de l’intégrité de notre territoire métropolitain et des DOM-TOM ainsi que du très grand domaine maritime qui y est associé. Or cette mission n’est plus assurée que par l’OTAN et nous n’avons plus ni la volonté ni la capacité d'une politique militaire indépendante. La force de dissuasion encore existante, qui se réduit à trois sous-marins et quelques avions, ne peut cacher l’affaiblissement de notre Défense et l’incohérence de notre politique étrangère.

« Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, 

Ils se révolteraient vite.  » 

Talleyrand 

Claude Trouvé 
 Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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