vendredi 25 octobre 2013

De la France cigale et de l’Allemagne hégémonique peut naître l’Europe de demain

Au moment où ne cessent les ajouts de prélèvements et de taxes, en pleine pause fiscale, personne ne sait et en particulier les entreprises de quoi demain sera fait. La courbe du chômage s’infléchit, non pas vers une diminution mais vers une baisse de l’augmentation. Ce n’est que le fruit de l’effort social avec les emplois aidés mais il nous reste un chômage structurel endémique de 8 à 9% que nous sommes loin de pouvoir diminuer avec un taux de croissance de 0,8% ou 0,9% en 2014 au mieux. Pendant ce temps la dette augmente et avec lui le poids du remboursement des intérêts d’emprunt, devenu le premier poste de dépense de l’État. On ne parle pas comme en Allemagne du remboursement de la dette elle-même qui commence pour elle en 2014.

Championne de la pression fiscale avec 46% du PIB, championne du poids de la dépense publique et du nombre de fonctionnaires par habitant, un chômage au maximum de son histoire d’après-guerre, en déficit d’une soixantaine de milliards sur son commerce extérieur, endettée à près de 100% de son PIB, la France est l’image même de la cigale ayant chanté tout l’été et qui commence à déchanter quand la bise de la crise la refroidit. Son titre de gloire qu’elle chante à tous vents, c’est sa démographie grâce à une politique familiale avantageuse, que l’on s’apprête à détruire compte-tenu de la fécondité de la population immigrée qui fait plus que compenser le non-remplacement de la population de souche. 

Son avenir est lié à trois facteurs prépondérants. D’abord sa capacité à engager de profondes réformes structurelles pour diminuer la dépense publique et le déficit de la Sécurité Sociale, ensuite l’augmentation de sa compétitivité et enfin la mise en place d’une véritable politique de l’immigration contrôlée. Le premier point dépend de la bonne gestion de nos dirigeants, et bonne ne veut pas dire ne demander que des efforts aux citoyens en diminuant l’aspect social et en augmentant les impôts par ailleurs. Pour les deux autres points, nous ne sommes plus seuls maîtres de la situation, Maastricht et Lisbonne sont passés par là. 

Une sortie de l’euro apparaît de plus en plus la seule solution pour pouvoir gagner 20% grâce à une monnaie dévaluée de 20% soit une parité avec le dollar de 1,10, proche du 1,15 lors de la création de l’euro, et non de 1,38 comme actuellement. L’indépendance de la France dans la maîtrise de ses frontières sur les mouvements de population n’existe plus et la politique de l’UE est celle de l’intégration et non de l’assimilation. Nous sommes donc réduits à enfreindre nos engagements pour chasser les Roms mais nous sommes désarmés sur le frein à l’immigration des déshérités de l’Est de l’Europe et surtout de ceux venant d’Afrique. Une seule solution pour ces deux aspects de la politique intérieure, la rupture ou la renégociation des traités… Cela demande du courage politique et la confiance des citoyens ou un sursaut du peuple à l’islandaise, or le courage on le cherche encore et la confiance s’envole chaque jour un peu plus ! 

En face de nous le partenaire ou adversaire historique, l’Allemagne. Notre principal fournisseur qui a une balance commerciale excédentaire de 150 à 200 milliards d’euros, un taux d’emploi de 10% supérieur au nôtre. L’Allemagne s’appuie sur son glacis de nations de l’Est de l’Europe où elle trouve de la main-d’œuvre bon marché et sur une immigration turque. Sa compétitivité tient en grande partie à ses salaires qui sont tenus à un niveau faible par rapport à nous et aux charges patronales nettement plus faibles. L’Allemagne est compétitive dans les créneaux qu’elle a choisis et même hors UE mais elle s’engraisse encore aux dépens des autres pays européens, en particulier du sud. 

La différence entre l’Allemagne, d’une part et les pays du sud, dont la France, ne cesse de grandir au détriment de ces derniers. L’Allemagne est actuellement non seulement le moteur de l’Europe mais elle supporte l’euro à elle seule comme si elle nous imposait le mark. L’Allemagne n’entend pas changer de politique et se fait de plus en plus tirer l’oreille pour aider les pays en difficulté comme la Grèce. Elle se comporte comme un pays hégémonique même s’il faut bien reconnaître que c’est la plus grande contributrice dans les aides aux pays en difficulté. C’est d’ailleurs la grande question qui est posée dans l’avenir proche. Quel intérêt a encore l’Allemagne à garder l’euro avec les contraintes d’aide aux autres pays alors qu’elle rééquilibre ses exportations de l’Europe vers les pays hors UE ? 

Son talon d’Achille c’est la démographie et une politique énergétique mal emmanchée pour des raisons politiques. Elle va donc diriger ses efforts vers l’accueil de main-d’œuvre en provenance des autres pays européens ou d’Occident en priorité et relever le niveau de vie de ses concitoyens. Une politique plus favorable à l’agrandissement des familles et un apport de main-d’œuvre extérieur peut ainsi retarder ou résoudre le problème démographique. Pour la politique énergétique, la dépendance au gaz et à la lignite et l’allergie au nucléaire sont un handicap certain que les énergies renouvelables ne peuvent résoudre. Pour le gaz le lien avec la Russie est donc un axe privilégié de la politique extérieure allemande. 

Il est important que la France dirige ses efforts vers une nouvelle union avec l’Allemagne dans un axe Paris-Berlin-Moscou par une renégociation des traités et une nouvelle union monétaire où la différence de compétitivité entre ces deux pays soit totalement ou partiellement comblée. Il en va de la survie de la France mais aussi de l’Europe qui prend globalement du retard dans la compétition mondiale alors que les États-Unis se détournent de celle-ci, confiée à l’Allemagne et au Royaume-Uni, pour juguler ses prochains adversaires en Asie, la Chine d’abord et l’Inde ensuite. 

La France avec son grand domaine maritime, l’Allemagne avec sa puissance industrielle 

Ont les cartes nécessaires pour faire une Europe puissante du XXIème siècle 

A condition que la France appuie de tout son poids démocratique 

Pour rebâtir une Europe viable des peuples. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon

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