mercredi 22 août 2012

Le bruit sourd d’un pays qu’on enchaîne… (Suite et fin)

Nous avons vu dans l’article précédent que la monnaie n’est plus convertible en or comme ce fut le cas pendant des siècles. L’histoire nous fait souvenir que les assignats n’ont laissé que d’amères désillusions et qu’avec notre monnaie nous ne pouvons qu’acheter de moins en moins d’or. Celui-ci voit même ses transactions taxées pour en limiter le nombre et enrichir l’Etat qui, lui, le thésaurise…

Alors à qui profite le crime et qui s’oppose à son retour ? Tout simplement les États et la Banque, soit dans le monde occidental, la gouvernance mondiale. Il y a eu pourtant plusieurs tentatives pour le remettre dans le circuit monétaire et qui se sont soldés par des évènements assez troublants. Le combat entre la Banque et l’Amérique citoyenne jalonne toute l’histoire politique des Etats-Unis depuis son combat pour l’indépendance. Les tentatives de déstabilisation ou d’assassinat se sont multipliées et on y trouve des liens troublants avec des décisions allant à l’encontre des intérêts de la Banque.

En dehors de Lincoln, connu pour son opposition aux privilèges bancaires, on peut citer le président Andrew Jackson qui a multiplié par sept le nombre d’électeurs pour conforter son assise politique face à la puissance bancaire. Il opposa par deux fois son veto, en 1832 et 1835, à la reconduction de la Banque centrale, ancêtre de la Fed. Il fut victime d’une tentative d’assassinat auquel il réchappa de justesse en 1835. Serait-ce par hasard qu’il fit graver sur sa tombe : « J’ai vaincu la banque ».

Depuis la création de la Fed en 1913, avec la complicité du Congrès, la résistance aux puissances de l’argent est devenue quasi impossible. Depuis, tous les présidents américains, sauf un, sont des « obligés » de la puissance bancaire. Le président de la Fed, Ben Bernancke, a été réélu par Obama malgré un bilan assez catastrophique de son action. Henry Ford, dans les années 1920-1922, tenta bien de s’opposer au capitalisme de pure spéculation par opposition au capitalisme entrepreneuriale anglo-saxon, mais il dut s’avouer vaincu et faire amende honorable.

De nombreux présidents américains étaient d’origine modeste et devaient leur élection au soutien financier de la Banque dont Woodrow Wilson qui en a exprimé ses regrets à la fin de sa vie d’avoir laissé les rênes du pouvoir à un petit nombre de banquiers dominants. Un seul a été suffisamment riche pour ne rien devoir à la Banque, c’est John-Fitzgerald Kennedy. Pour se débarrasser de la Fed, il impose par décret, en juin 1963, un nouveau système monétaire adossé à l’argent métal. Il fait imprimer 4 milliards en coupures de 2, 5, 10 et 20 dollars. Le 22 novembre de la même année il est assassiné, le décret est annulé et les billets retirés de la circulation par son successeur… Troublant non ?

Le dernier opposant du monde occidental fut le général De Gaulle dont on sait la méfiance envers la finance spéculative. Sa tentative de réintroduire l’étalon-or a fait grand bruit et rallié nombre d’adeptes non-alignés, trop sans doute. Il avait exigé de plus d’être remboursé en or par l’Amérique, comme le permettaient encore les accords internationaux. En 1969, il doit quitter le pouvoir sur un référendum de décentralisation dont se vantent les hommes politique d’aujourd’hui dans leur programme… Exit le dernier opposant à la puissance américaine… à part Chirac sur l’Irak mais mal lui en a pris.

L’opposition, hors du monde occidental, est venue du communisme. Karl Marx fit une étude critique du Capital au sommet duquel trône la puissance bancaire. Selon lui la socialisation des moyens de production, mais sous le contrôle de l’Etat, permettait d’échapper à la domination oligarchique et privée de l’argent. L’idéal communiste devint une religion face à l’égoïsme bourgeois. Son idéal de société de partage désintéressé avait des racines dans les valeurs chrétiennes, normal dans un pays de religion orthodoxe. On sait ce qu’il en est advenu. La dernière opposition est celle de la finance islamique qui pose d’autres problèmes au monde occidental.

Dans un monde où la puissance américaine se voit confrontée à la montée de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de la Russie entre autres, tout peut se passer même la guerre. Le dollar joue aussi sa survie comme l’euro. La Chine hésite encore entre le besoin de commercer avec les Etats-Unis et se défaire du joug du dollar. Elle est en compétition sur toutes les parties du globe avec son client pour s’accaparer les richesses du sol et assurer sa croissance et son alimentation.

La Chine milite pour un panier de monnaies incluant l’or… Les idées évoluent mais l’Occident, c’est-à-dire la gouvernance mondiale, résistera jusqu’au bout, guerres et assassinats compris. Alors que reste-t-il au citoyen continuellement trompé et spolié ? Le servage ou la révolution.
Il faut sans doute se souvenir que la France a déjà fait la Révolution et écrit, le 26 août 1789, la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Dans la Constitution du 24 juin 1793 qui reprend cette déclaration, l’article 35 dit ceci :


"Quand le gouvernement viole les droits du peuple,

l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple,

le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon