dimanche 19 août 2012

Le bruit sourd d’un pays qu’on enchaîne… (4ème partie)

Le monde économique et particulièrement l’Europe ralentit sa croissance. Les inégalités de croissance entre pays européens augmentent. L’euro était censé nous protéger de ces deux malheurs. Force est de constater qu’il n’en est rien, l’euro a failli à la mission que lui avaient dévolu ses géniteurs. Il a enchaîné les pays les uns aux autres pour leur malheur et l’Europe, voulue puissance mondiale, n’est que le vassal des Etats-Unis. Elle n’existe économiquement que par la volonté de l’Allemagne qui y puise une grande partie de sa richesse.

La France est donc doublement enchaînée, économiquement et diplomatiquement. Comme guerre et diplomatie marchent de pair, elle n’est pas à l’abri des conflits et peut être entraînée dans certains qui ne la concernent pas directement. Ces conflits ou croisades qui n’ont pas de relation avec la sécurité de son territoire et de ses habitants sont autant de dépenses et surtout porteurs de risques graves et inutiles. Ils peuvent même déboucher sur des situations incontrôlables et éminemment dangereuses.

La Grande Guerre n’a pas fini de laisser des séquelles. Le déferlement d’argent qu’elle a nécessité, le nouveau découpage des nations européennes en sont les stigmates les plus visibles. Ils ne sont pas tous effacés. Le dérèglement de la monnaie est toujours présent et met en première ligne la survie de l’euro et l’utilité du dollar comme monnaie de référence.

Les soubresauts des dévaluations et du chômage des années 30, dont la France avait commencé à sortir en 1938, ont amené les alliés et en particulier les États-Unis à repenser les règles monétaires. Tout s’est finalement joué en deux temps. Tout d’abord les accords de Breton Woods. Sous le couvert d’une réorganisation indispensable du système monétaire, la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International sont créés. La dépendance au dollar, institué comme seule monnaie convertible en or à 35$ l’once, est affirmée et le règne de la finance américaine est ainsi conforté. Le FMI s’inscrit comme le premier fonds de solidarité des Etats membres qui doivent par ailleurs limiter la dévaluation de leur monnaie à 10%. Il est aussi le premier acte de dirigisme de politique internationale.

Malheureusement le résultat fut des dévaluations successives des monnaies les plus faibles et finalement du dollar. Les pays et les banques centrales étrangères avaient engrangé des réserves en dollar. Les États-Unis, au lieu de faire transiter des dollars pour leurs achats, demandaient à leurs fournisseurs de simplement geler les dollars correspondants dans leurs réserves à titre de paiement. Ces dollars gelés étaient souvent convertis en bons du Trésor américain pour toucher des intérêts sur les sommes « prêtées ». Ce nouveau système a permis un endettement croissant des États-Unis sans déficit affiché. 

Certains néanmoins demandèrent la convertibilité en or de leurs dollars et les stocks d’or diminuèrent rapidement. Le Général De Gaulle lui-même, réélu en 1958, réclama et obtint le remboursement en or de ses dollars. En 1971 le décrochage entre les stocks d’or américain et la masse monétaire est devenu tel que la parité-or de Roosevelt est intenable. Le président Nixon décrète le 15 août 1971 la non-convertibilité du dollar en or.

Le dollar est dématérialisé et toutes les monnaies qui y sont liées. Dès 1973 il s’instaure un système de changes flottants qui perdure aujourd’hui. La liaison avec l’étalon-or est rompue, l’ensemble des monnaies flotte autour du dollar. On entre dans l’ère d’une monnaie « déréalisée », produite à discrétion en particulier par les États-Unis. Le lien entre la monnaie et les richesses n’existe plus. Les politiques monétaires n’ont plus de garde-fou et sont livrées à la pure « rationalité » de Banques Centrales à l’abri des contraintes de la convertibilité en or.

Si l’on ajoute le paiement exigé en dollar pour les achats pétroliers, on voit que la dominance de la finance américaine fait que tout tourne encore autour du dollar. Si les États-Unis éternuent, le monde s’enrhume. Par ailleurs la dépendance ou la collusion entre le pouvoir politique et les banques centrales est évidente. L’exemple de la BCE où Trichet et surtout Draghi sortent des règles de ses statuts sous la pression des États en est une illustration récente. Ce sont toutes les conséquences pour l’Europe et la France dont nous reparlerons dans un prochain article.

Le citoyen est devenu le serf de l’Etat.

Son magot n’est que du papier chiffon.

Il n’a que la valeur que l’Etat veut bien lui donner.

Son or lui a été ravi.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon