vendredi 3 août 2012

Le bruit sourd des préparatifs de guerre économique et religieuse

Malraux avait dit : « Le XXIème siècle sera religieux ou il ne sera pas ». 

Affirmation prémonitoire qui trouve déjà sa démonstration dans ce que naïvement nous avons appelé le « printemps arabe ». Nous assistons désormais à une guerre des puissances militaires et économiques sur fond de guerres religieuses. Comme nous l’avons fait à Munich nous nous cachons la réalité peut-être parce qu’au fond nous la craignons. Nombreuses sont les voix qui encouragent nos croisades guerrières (pour la paix ?) et l’immigration maghrébine donc musulmane. Nombreux sont ceux qui saluent notre perte d’indépendance en rentrant dans l’OTAN. Nombreux sont ces incultes qui trouvent une explication dans les excès du capitalisme et du colonialisme pour justifier les pressions, les exactions et les massacres sur des chrétiens dans de nombreux pays musulmans.

Pourtant quelques-uns voient qu'un combat planétaire est en train de se diriger vers sa phase guerrière généralisée et que deux grandes stratégies se déploient pour dominer le monde.

Celle tout d’abord des États-Unis, concoctée depuis 1974, qui a eu sa première phase en mettant à genoux l’URSS. Après la création d’Al-Qaïda au Pakistan par les EU, comme l’a avoué Hilary Clinton, les russes sont partis d’Afghanistan, psychologiquement et financièrement très atteints. L’encouragement aux mouvements séparatistes des républiques musulmanes a suffi à désagréger l’URSS. Al-Qaïda et talibans ont alors justifié l’arrivée des EU en Afghanistan avec une volte-face aidée par les attentats du 11 septembre sur New-York. L’épisode tragi-comique de la mort de Ben Laden n’est, à mon avis et de celui de personnes très bien informées, qu’un montage de la CIA. Ben Laden était mort de sa maladie dans la péninsule arabique et ce depuis longtemps. L’immersion immédiate du prétendu Ben Laden en est l’épilogue.

La deuxième stratégie est directement liée à la guerre économique. Ce fut d’abord la main mise sur l’Irak et son pétrole avec l’élimination de Saddam Hussein. La Russie redevient une puissance qui compte et la Chine est en passe de disputer la première place mondiale aux États-Unis. On ne peut donc s’étonner de voir en Syrie le duo Russie-Chine s’opposer au duo EU-Royaume Uni et son bras armé, l’OTAN.

La maîtrise des richesses minières et pétrolières passe désormais par le refoulement de la Chine qui s’implante un peu partout en Afrique et est largement alimentée en pétrole par l’Iran. La maîtrise de l’Iran est indispensable aux yeux des EU, non seulement pour ses richesses pétrolières mais pour sa faculté à bloquer le détroit d’Ormuz le plus important lieu de passage des pétroliers. Il est facile de trouver des alliés directement concernés sur la péninsule arabique d’autant plus que des rivalités religieuses existent. C’est chose faite avec l’Arabie Saoudite et le Qatar.

C’est là que l’utilisation des rivalités religieuses et tribales devient indispensable. Elle va trouver sa première utilisation en Tunisie, où l’ « occidentalité » de ce pays donnait des aspirations de démocratie mais où surtout la crise mondiale frappait durement. L’aide des religieux musulmans plus ou moins intégristes a suffi pour renverser Ben Ali. Pour la Libye, historiquement en guerre permanente, le dictateur avait maintenu un couvercle autoritaire sur les tribus séparatistes. Il avait créé une armée forte, aidé par la France, et une puissance économique grâce au pétrole. Au nom d’Allah il a suffi d’aider les volontés séparatistes et les rancœurs des tribus de l’est pour enflammer le pays avec la complicité de Sarkozy, humilié lors du passage de Kadhafi à Paris. Après une tentative américaine de meurtre ratée, la France l'a exécuté en sauvant les apparences.

C’est là que deux stratégies émergent et se complètent provisoirement. Un grand mouvement djihadiste se développe dans le monde, plus ou moins discrètement manipulé par les Frères musulmans toujours présents pour ramasser les fruits politiques et implanter la religion coranique. Ce mouvement rêve de réaliser d’une part l’unification du monde musulman, avec un califat à Jérusalem ou à Rome, et d’autre part son extension mondiale. Il trouve dans la stratégie américaine une véritable occasion de progresser vers ses objectifs. La guerre demande beaucoup d’argent, les pétrodollars inondent le Qatar, qui cherche à devenir le leader sunnite, et l’Arabie Saoudite, berceau de l’Islam. De plus au nom d’Allah les mercenaires peuvent se recruter dans tous les pays islamiques non chiites.

Cette lecture des évènements qui se déroule sous nos yeux montre que le piège se referme sur la France en particulier, simple vassal des EU et qui ne peut plus ou n’ose plus jouer de sa voix au Conseil de Sécurité. Mais les préparatifs d’une guerre de niveau mondial se mettent en place. Il ne s’agit plus de pays africains, faibles militairement. Il s’agit d’une part des pays les plus puissants militairement et d’un affrontement religieux de prédominance mondiale.

La Russie, n’abandonnera pas Tartous, son port syrien sur la méditerranée et la Chine n’abandonnera pas l’Iran à une domination américaine, comme les EU l’ont fait en Irak. L’Iran se prépare à un affrontement militaire. Le 27 juillet, juste avant les prières du vendredi, le Guide Suprême d’Iran, l’Ayatollah Ali Khamenei a convoqué les chefs militaires du sommet de la hiérarchie en Iran à ce qu’il a appelé « leur dernier Conseil de Guerre ».  “Nous entrerons en guerre dans les semaines à venir”, a-t-il dit déclaré d’emblée à l’assemblée, selon ce que dévoilent les sources exclusives du renseignement à Debkafile. Elle renforce la protection de son site d’enrichissement de l’uranium et en pousse les performances vers une utilisation militaire.

Obama de son côté autorise, officiellement, la CIA à intervenir en Syrie. Ce n’est qu’un simple signal aux médias car la CIA y opère depuis longtemps pour fomenter le mouvement de révolte des insurgés et mettre à leur disposition son réseau de renseignement. Abrutis par les politiques, puissamment relayés par les médias, les occidentaux commencent néanmoins à découvrir que cette guerre civile en Syrie est une sale guerre où les tueries, les meurtres sont loin d’être d’un seul côté. Ils peuvent aussi constater que le gouvernement syrien, qui avait instauré une laïcité bassiste, dans laquelle les communautés religieuses, les chrétiens en particulier, vivaient en paix, doit affronter une guerre à relent religieux. Il affronte une coalition occidentale qui arme, instruit, aide à opérer sur le terrain de véritables troupes de mercenaires étrangers et aguerris.

La démocratie ne peut plus être la motivation de cette guerre qui est en passe de dégénérer. Des stratégies mondiales s’affrontent ou se coalisent. Nous pactisons même avec notre ennemi, le mouvement djihadiste qui veut dominer le monde, pour le compte d’une stratégie américaine qui ne devrait plus être la nôtre. Il serait plutôt temps de penser à notre association, économique ou plus, avec la Russie que de risquer d’être empêtré dans le conflit mondial qui se prépare.
Il est des erreurs qui se payent dans le sang

Après Munich, Churchill avait dit :

« Ils ont préféré le déshonneur à la guerre

et ils auront les deux. »
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon