jeudi 9 août 2012

La désinformation sur la Syrie continue…

Au moment où la bataille d’Alep est en train de basculer en faveur des troupes loyalistes syriennes, on continue de parler de leurs massacres sur les civils. De toute évidence désormais on est devant une guerre civile fomentée et (ou) accompagnée par des puissances extérieures, Arabie Saoudite, Qatar et OTAN sous obédience américaine.

Les preuves de cette désinformation s’accumulent. Il faut savoir que les nouvelles relatées par les médias proviennent d’une seule source, dite officielle, située à Londres et visiblement pro-insurgés. Les quelques personnes qui y œuvrent ne prennent d’ailleurs pratiquement leurs informations que du côté des forces de libération. L’information télévisée de reportage est prise du côté des rebelles. Nous sommes donc nourris d’une information partiale quand elle n’est pas volontairement déformée.

J’ai relaté qu’un décor de théâtre va être créé dans la péninsule arabique pour permettre d’y tourner des scènes de guerre syrienne factices. Cette désinformation, relayée par les médias, peut paraître invraisemblable. Pourtant la BBC (modèle de rigueur journalistique, dit-on) a mis à la une de son site la photo d’un massacre syrien... prise quelques années plus tôt en Irak !

On a frémi de désapprobation à la tuerie de Houla commise par les troupes loyalistes.  Ce massacre de familles entières, achevées à l’arme blanche, a été présenté comme un «tournant dans l’horreur», pourtant l’identité des tueurs devient nettement moins sûre.. Ses auteurs ne semblent pas être les affidés du président, mais bien ses adversaires armés. C’est que l’on apprend d’indices et témoignages recueillis par un reporter chevronné, et publiés dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui ne passe pas pour être un suppôt du président Assad.

Il ne semble pas que la majorité du peuple syrien soit hostile à Bachar Al-Assad sinon celui-ci serait déjà tombé. En réalité, les souffrances du peuple syrien sont bien la dernière des préoccupations des chancelleries : celles-ci tentent de déstabiliser la Syrie afin d’affaiblir l’Iran, contre qui l’étranglement économique vient de monter d’un cran.

Cette guerre civile, qui se déchaîne en Syrie, est alimentée par la participation de forces extérieures. En effet, l’Arabie Saoudite et le Qatar financent les mercenaires de tout acabit venus d’autres pays. Ils bénéficient également d’un soutien actif de la Turquie, membre de l’OTAN comme nous. Le président Barack Obama a ouvertement donné à la CIA la directive de soutenir l’opposition syrienne. Il s’agit là d’une ingérence grossière dans les affaires intérieures de la Syrie souveraine qui ne menace ni les États-Unis, ni personne d’autre.

L’opposition syrienne est soutenue par une partie considérable des membres de la Ligue Arabe. Ils ne veulent pas de victoire de Bachar al-Assad dans ce conflit parce qu’ils craignent la création d’une ceinture chiite : Irak, Iran, Syrie, Liban. Les pays arabes sont majoritairement et ouvertement pro-sunnites ainsi que Al-Qaïda qui est une organisation sunnite.

Si Bachar Al-Assad disparait mort ou vif de la scène syrienne, Damas voudra mettre en place un régime sunnite, ce qui signifie automatiquement le déclenchement des persécutions contre les alaouites, les chrétiens et les militants du parti au pouvoir Baas, c’est-à-dire contre tous ceux qui ne partagent pas les convictions religieuses des « oppositionnaires ».

Selon un responsable russe de l’Institut des Relations internationales, le gouvernement est soutenu par au moins la moitié des Syriens. Un tiers de population est constitué de minorités de toute nature. Il y a 12 % d’alaouites et autant de chrétiens de rites différents. Il y a aussi les kurdes, les druzes et d’autres couches de population qui représentent globalement 30 %.

Tous les propos faisant croire qu’en soutenant l’opposition, l’Occident recherche la stabilité et la démocratie en Syrie, sont absolument inconsistants. Les enjeux sont ailleurs. La collusion des sunnites et de la politique étrangère américaine vise évidemment la ceinture chiite Irak, Iran, Syrie, Liban pour les premiers et la main mise sur la sécurité des ressources pétrolières face à la Chine pour les seconds.

Au passage on pourrait empêcher la Russie de disposer d’un port ouvert directement sur la Méditerranée à Tartous en Syrie. Le tout fait le bonheur d’Israël qui affaiblit un pays voisin arabe et voit l’Iran stigmatisé par l’opinion internationale et empêché de se doter de l’arme nucléaire.

La guerre civile est d’autant plus horrible et meurtrière

Qu’elle est attisée par des puissances étrangères

Qui s’octroient un droit d’ingérence et tuent

Au nom de la liberté des peuples.

Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon