samedi 14 janvier 2012

Plus dure sera la chute !

Ce qui devait arriver arrive, on remet notre triple A à AA+ tard et on n’échappe pas au creusement de la dette. Valérie Pécresse dit que « la France est solide et peut rembourser sa dette », mais alors que ne l’a-t-on fait avant. Le nœud coulant se resserre autour de Nicolas Sarkozy, car il s’agit bien pour lui d’un nœud coulant. Plus il bouge, plus la situation s’aggrave.

Un plan drastique de rigueur n’est pas envisageable pour rassurer provisoirement les marchés et les agences de notation, car il entraîne une croissance négative mais surtout, à court terme, des mouvements sociaux incontrôlables et une réélection fortement plombée. L’autre alternative de la relance de la croissance suppose un endettement plus important et des taux d’emprunt en hausse inévitablement, donc une impasse vu notre incapacité à diminuer rapidement le solde négatif de notre commerce extérieur.

Le principal parti d’opposition en profite pour stigmatiser la politique sarkozyste en oubliant qu’elle a participé à l’aggravation de la dette, elle aussi, puisque celle-ci croît depuis 1974. "S&P a entièrement raison, la France paye le résultat de 30 ans d'irresponsabilité dans la gestion des finances publiques", a déclaré Fabrice Seiman, président du fonds Lutetia Capital. "Les responsables politiques français de droite comme de gauche n'ont pas été à la hauteur en ne prenant pas les mesures qui imposaient de réduire les dépenses."

Mais la dégradation de la note de 9 pays, tous de la zone euro, soit plus de 50% d’entre eux, par S&P marque surtout la faillite de l’euro. De plus les Pays-Bas et la Finlande sont aussi sous la pression. La zone euro affiche une dette publique de 85,4% du PIB alors qu’il n’est que de 80,2% pour l’ensemble de l’UE. L'Allemagne est la seule valeur refuge de la zone euro. Ses taux flirtent avec leurs plus bas niveaux et certains titres de court terme ont même des rendements négatifs (l'investisseur perd de l'argent pour les détenir). « Mais on peut se demander si l'Allemagne ne sera pas à son tour rattrapée si jamais l'Italie et l'Espagne n'avaient plus accès aux marchés et que la France restait sous pression ».

Nous sommes engagés dans une course à la gouvernance économique supposée pour tenter d’éponger les dettes des pays en difficulté et dans une renégociation des traités pour permettre aux états d’emprunter directement à la Banque centrale. Cette évolution se fait sans consultation des peuples, or elle est fondamentale dans la création d’une Europe fédérale. Elle n’a de sens que dans ce cadre où tous les pouvoirs régaliens sont redonnés à un organisme supranational. Cette remise antidémocratique des clés du pouvoir à une organisation technocratique, qui est en cours, ne peut avoir l’aval des peuples que par le référendum ou sous la contrainte totalitaire.

La mise en commun des dettes ne fait que reculer le problème de la dette des pays de l’UE. L’Allemagne, devenue le point d’accrochage de la zone euro, ne peut envisager de soutenir tous les pays en difficulté sans en évincer certains. Le Royaume-Uni ne peut souscrire à un élargissement d’une gouvernance économique qui, par nature, demande une monnaie unique. Par ailleurs, restreindre la gouvernance économique à un nombre limité de pays de la zone euro vide le traité de Maastricht de tout son sens. Il faut alors tout rebâtir.

Aucune solution, permettant d’avoir l’assentiment rapide de l’ensemble de l’UE, ni même de la zone euro ne parait possible à court terme sans des évolutions détruisant les traités et remettant en cause la construction de l’Europe. En ce qui concerne la France, le spectre d’une sortie de la zone euro affole une grande partie de la population après un matraquage médiatique et politique sur les bienfaits de l’euro et de l’UE. Les économistes, qui ont poussé à cette solution, s’accrochent évidemment aussi à cette monnaie unique.

Pourtant le constat est de plus en plus évident, l’euro ne protège plus aucun pays, même pas l’Allemagne qui s’inquiète des décès prévisibles de ses partenaires, indispensables à son économie. A contrario il devient nécessaire de ne pas copier l’Allemagne, pays qui est devenu notre guide, car ses caractéristiques économiques sont trop différentes des nôtres.

Le pays qui doit retenir notre attention c’est la Suède qui nous dépasse pratiquement sur tous les plans économiques et sociaux. Pourquoi n’en parle-ton plus ? Parce qu’elle a un secret, elle a une couronne suédoise indépendante de l’euro comme monnaie !

Par rapport à la France, la Suède c’est un PIB/habitant supérieur de 24% en 2010 avec une dette publique/habitant plus de 2 fois inférieure, un taux de croissance en 2011 près de 4 fois supérieur avec une inflation 40% inférieure et un taux d’emploi de 14% supérieur.  Tout cela est obtenu avec des dépenses des administrations publiques par rapport au PIB de 14% supérieures et avec des dépenses sociales par habitant de 11% supérieures et redistribuées en prestations sociales à 98,2% au lieu de 95,7% chez nous !

La Suède démontre d’une part que le succès n’est pas dans la rigueur appliquée à tout prix mais qu’il est lié au taux de croissance. Alors quelle est notre différence par rapport à la Suède ? La monnaie, dont elle joue à sa guise ! Elle a très fortement dévalué la couronne pendant la crise de 2008-2009 mais cette monnaie est revenue à son taux de change de 2004 avec l’euro, date de refus de l’euro par le vote du peuple. Cette dépréciation passagère lui a permis de garder ses usines et ses emplois !

Les décisions qui vont probablement être prises seront un ultime essai de mutualiser les dettes et de forcer la BCE à utiliser la planche à billets. La gouvernance économique sera la gouvernance sous l’autorité de l’Allemagne mais tout ceci ne fera que retarder l’échéance et pire sera la chute !

N’offrons pas la France à l’Allemagne et ne la vendons pas au Qatar.

La dégradation des notes des pays de la zone euro signe sa mort.

Sortons de l’euro pour le franc ou une monnaie commune.

Retrouvons notre courage et notre fierté

Sinon plus dure sera la chute !

Claude Trouvé