mercredi 11 janvier 2012

2011 mieux que 2001 ?

A l’heure où les deux principaux candidats ont manié les critiques de l’adversaire plus que les propositions capables de redresser véritablement la situation de la France, il est temps de se pencher sur la situation réelle de l’Etat d’une part et des français eux-mêmes d’autre part. Cette dernière situation est évidemment celle qui préoccupe le citoyen car elle le touche personnellement mais il ne peut se désintéresser de celle de l’Etat car c’est celle-ci qui détermine sa situation future.

Pour ce qui est de l’Etat la situation est plus que grise :

•    la dette publique approche les 1700Mds€ pour 853Mds€ en 2001, soit une dette doublée en 10 ans au rythme de plus de 7%/an
•   le poste budgétaire de remboursement des intérêts d’emprunt est devenu le premier poste budgétaire de l’Etat avec un montant de 45Mds€,
•    le remboursement des dettes arrivées à terme en 2012 représente environ 100Mds€  et nous allons emprunter 200Milliards au total
•    nous empruntons à un taux plus élevé que l’Allemagne et même que le Royaume-Uni
•    nous sommes menacés d’un abaissement de deux crans de notre note actuelle AAA
•    notre commerce extérieur est déficitaire de 75Mds$ 
•   notre sécurité sociale enregistre toujours un déficit chronique 5 fois plus élevé qu’en 2001, soit plus de 145Mds€ cumulés depuis 10 ans dont probablement 25Mds€ en 2011 ! 
•   nous prévoyons d’augmenter encore notre dette en 2012, dette qui est déjà de 85,2%/PIB 
•   la croissance de 1% prévue pour 2012 ne pourra être tenue avec l’entrée en récession, elle est ramenée à 0,6% pour 1,8% en 2001.
•   le chômage va atteindre les 10%, soit la moyenne des pays de l’UE, pour 8,1% en 2001. 
•  le taux d’emploi, de 1% supérieur à celui de 2001 et de 0,7% par rapport à la zone euro, baisse depuis 2008 et est inférieur de 0,4% aux pays de la zone euro, de 1,2% à celui du Royaume-Uni, de 7,3% à celui de l’Allemagne
•  Notre PIB/habitant qui était supérieur de 15% par rapport aux 27 pays de l’UE ne l’est plus que de 7% et nous nous retrouvons à peine dans la moyenne des pays de la zone euro. 

A cela il faut ajouter une perspective de défaut de paiement de plusieurs pays d’Europe, la première étant la Grèce qui est en cours de négociation avec le FMI. Ceci entraînera une dépense supplémentaire des pays de l’euro. On peut donc en conclure que la situation de 2011 est beaucoup moins bonne qu’en 2001 et que les perspectives de 2012 sont pires. De plus nous ne faisons pas mieux que la moyenne des pays de l’UE ! Ni les cocoricos ni les opprobres ne sont donc justifiés mais nous nous enfonçons aux dépens de l’Allemagne et de ses pays satellites du nord et de l’est.

Alors quelle idée peut-on se faire de notre pouvoir d’achat en dehors des comparaisons de prix sur la baguette de pain ou de la pizza comme le lance Marine Le Pen ? Chacun comprend que cela ne veut rien dire, si les prix ont doublé et les revenus aussi, le pouvoir d’achat est inchangé. L’analyse est d’autant plus difficile que nous ne consommons pas tous la même chose et que notre ressenti peut donc en plus être différent. 

La baguette de pain a augmenté de 26,9% et le lait de 12,5% alors que l’inflation a été de 22,6% depuis 2001 selon l’INSEE soit 2,05%/an en moyenne. On voit que la baguette coûte plus cher et le lait moins cher compte-tenu de l’inflation.

Qu’en est-il des prix à la consommation ? Selon les informations comparatives d’Eurostat, les prix à la consommation ont augmenté de 1,87% par an depuis 2001 soit de 20,4% en 10ans, des chiffres assez comparables à l’inflation selon l’INSEE.

Mais les revenus ont-ils augmenté dans les mêmes proportions ? Le revenu net/habitant a augmenté en moyenne de 2,93%/an soit de 33,4% depuis 2001, soit beaucoup plus que l’inflation et les prix à la consommation précédents. 

Ces derniers chiffres sur les revenus, montrant une augmentation d’une dizaine de pourcent du pouvoir d’achat en dix ans, ne cachent-ils pas des grandes disparités dans les catégories sociales ? Le minimum garanti net hors CSG et CRDS a augmenté de 37% selon l’INSEE soit 3,2%/an en moyenne, c’est donc plus que le revenu net/habitant. S'il y a des gagnants, il y a donc des perdants et ailleurs que les bas salaires qui ont été revalorisés.

Qu’en est-il des retraites ? Si l’on prend les retraites des cadres AGIRC et ARRCO comme exemple, on trouve respectivement une revalorisation de 15,1% et de 17,1% soit 1,4%/an et 1,6%/an. Ces chiffres montrent que la baisse du pouvoir d’achat des retraités cadres est entre 4,3% et 6,5% en 10 ans si l’on se réfère soit à l’inflation soit aux prix à la consommation. Voilà bien une catégorie de citoyens qui souffre de la politique menée depuis 10 ans, période qui correspond d’ailleurs à la mise dans notre portefeuille de la monnaie euro ! 

De toutes évidences nous avons vécu au-dessus de nos moyens depuis 10 ans, c’est-à-dire au-dessus du fruit de notre travail. Les actifs vivent globalement mieux mais l’Etat s’est appauvri et la situation s’aggrave d’année en année.

L’Etat-providence c’est fini ! 

Les inutiles paieront sans doute plus que les autres ! 

Claude Trouvé