mercredi 25 janvier 2012

La gauche regarde-t-elle parfois dans son rétroviseur ?

Souvenez-vous de 1999, c’était l’année qui précédait la mise en circulation de l’euro dans les transactions commerciales. Elle est donc particulièrement importante pour juger de l’effet de l’euro et de la politique des gouvernants depuis cette date. Quel parti gouvernait ? La gauche. Avec qui ? Lionel Jospin et D.S.K.  Quels chiffres intéressants peut-on retenir sur le plan économique ? Le taux de chômage à 11% et le taux de croissance du PIB à 2,7%.

Alors que nous terminons l’année 2011 avec 9,8% de chômeurs et 1,6% de croissance on peut en tirer deux enseignements :

•    L’année 1999, considérée comme une année de forte croissance par les économistes de l’époque, n’a permis qu’un taux de chômage supérieur à aujourd’hui sous un gouvernement de gauche qui affiche toujours la baisse du chômage comme un objectif prioritaire

•    Le constat que la réduction du taux de chômage n’est pas strictement lié au taux de croissance et que d’autres facteurs interviennent. On peut facilement concevoir par exemple que, dans le cas où des pays sont très liés par des échanges commerciaux, les deux fassent des efforts sur la compétitivité mais que l’un agisse plus sur la réduction des emplois productifs que l’autre et empoche ainsi une croissance plus forte.

Il en ressort que les critiques réciproques gauche-droite sont sans intérêt car d’une part ni les uns ni les autres n’ont résolu le problème de l’emploi et d’autre part le seul dogme de la recherche obligatoire de la croissance ne peut seul résorber le chômage.

Par ailleurs le montant de la dette augmentait continuellement chaque année de 1974 à 2010 mais son rapport au montant du PIB montre que bon an, mal an l’augmentation de la dette est de 7% par an. On peut donc renvoyer tout le monde dos à dos. La France n’a pas trouvé le chemin, comme l’Allemagne, qui mène à un meilleur taux d’emploi, à une croissance plus forte et à une réduction annuelle du pourcentage de la dette par rapport au PIB.

Mais on peut aussi constater que le passage à l’euro n’a pas amélioré les choses contrairement à ce que ses défenseurs en attendaient. Comment croire que trois des principaux prétendants à la présidence du pays ont tout-à-coup trouvé la solution miracle alors qu’ils ont eu l’occasion de le faire sur plus d’une dizaine d’années.
 

Les chiffres sont malheureusement pour eux impitoyables mais la mémoire du peuple est volatile et ils peuvent encore le bercer de douces illusions en presque toute impunité. Si en 1999 nous disposions encore de la maîtrise de notre monnaie, même s’il n’était plus envisageable de jouer sur elle juste avant notre entrée dans l’euro, ceci n’est plus possible aujourd’hui.

Là encore il faut regarder les choses en face. Notre commerce extérieur ne peut sensiblement évoluer sans des variations très importantes de nos coûts de production, seul repère ayant un sens. La diminution des charges sociales peut par exemple être facilement annulée dans un certain nombre de secteurs industriels où le coût des matières premières, des fluides, de l’énergie, de la protection environnementale augmente.

Par ailleurs l’augmentation de la TVA pèsera obligatoirement sur les produits importés mais aussi sur des produits fabriqués en France. Ces derniers peuvent être terminés et mis sur le marché en France mais avoir intégré des sous-ensembles produits ailleurs sans parler du besoin de certains établissements industriels de refaire de la trésorerie ou d’investir aux dépens de la baisse des coûts si la concurrence le permet.

Dans le triple carcan de l’euro, du libre-échangisme des marchandises et de la libre circulation des capitaux, la France ne peut évoluer autrement que comme ses voisins du sud même si elle part d’un peu plus haut. Il n’y a pas de chances d’éviter les récifs lorsque le bateau a son hélice prise dans les filets. Inexorablement nous serons drossés sur la côte et les S.O.S n’éviteront pas le naufrage.

Le principal handicap de la France

C’est son illusion qu’elle reste indestructible.

Une France tétanisée ne peut que livrer son sang aux vampires de la finance.

Claude Trouvé