lundi 12 décembre 2011

Un AA qu’il va falloir supporter !

Sarkozy déclare qu’ « une perte du triple A ne serait pas insupportable » ! Autrement dit, il va bien falloir le supporter ou plutôt que nous le supportions car qui paye en fin de compte les bévues de nos gouvernants imprévoyants ? Il leur a fallu 37 ans pour s’apercevoir qu’un budget en déséquilibre vous conduisait devant votre banquier et que celui-ci n’admettait pas qu’on lui fasse un chèque pour annuler la dette ! Il leur a fallu quatre ans pour constater que la croissance était insuffisante et que le déficit budgétaire s’aggravait !

Bravo messieurs les dirigeants ! Vous osez encore nous dire que vous maîtrisez les évènements ! Vous reportez la faute sur la crise, les banquiers ou Bruxelles mais c’est vous que nous avons élus et c’est vous qui avez prévu les budgets de la France ! Vous les dirigeants de gauche et de droite qui se sont succédés et qui vous accusez mutuellement ! Diriger c’est prévoir ! Qu’avez-vous prévu ? Faire moins bien que la Finlande ? La faillite ?

Que signifie la perte de deux crans sur la notation de la France ? C’est tout simplement ramener la confiance des investisseurs dans notre capacité à rembourser notre dette au niveau encore actuel de l’Espagne, de l’Irlande et de la Slovénie. Ceci se passe de commentaires, quand on pense que nous nous vantions de ne pas être dans leur triste situation. Pas grave ? Non, sauf que l’augmentation de 1% du taux d’emprunt représente environ 16Mds€ pour la France.

Comparatif des notes et des dettes des pays de la zone euro, ainsi que le montant de leur dette en Mds€.

AAA : Allemagne (1.446), Autriche (242), Finlande (89), France (1.571), Luxembourg (3), Pays-Bas (300)
Total : 3651Mds€

AA+ : Belgique (403)

AA : Espagne (657), Irlande (383), Slovénie (non disponible)
Total : >1.040Mds€

A+ : Chypre (non disponible), Italie (1.988), Slovaquie (non disponible)

A : Malte (5 )

A- : Portugal (159)

BB+ : Grèce (383)

Total général de la dette de la zone euro : >7.629Mds€

Ce dernier chiffre relativise les perspectives d’action du Mécanisme Européen de Stabilité qui, selon Angela Merkel, serait doté de 500Mds€ en juillet 2012 au mieux. La Bourse réagit finalement négativement après un moment d’euphorie suite aux déclarations de principe du sommet européen du 10/12/11. On constate que si les états s’engagent sur le long terme, rien n’est réglé sur le court terme, or l’urgence est là et la croissance économique mondiale de 2012 est revue périodiquement à la baisse.

« Les Bourses européennes accentuent leur baisse lundi en milieu d'après-midi, Fitch estimant que les perspectives économiques mondiales restent faibles en raison d'une montée de l'incertitude. Fitch estime que la croissance économique des principales économies avancées devrait ralentir à 1,3% cette année et à 1,2% en 2012 avant de s'accélérer à 1,9% en 2013. »

L'euro est tombé lundi au plus bas rapport depuis plus de deux mois contre le dollar, témoignant du scepticisme des investisseurs quant à la capacité de l'accord européen, négocié la semaine dernière, à contenir efficacement la crise de la dette. La monnaie unique s'échangeait autour de 1,31855 dollar vers 18h00 GMT aujourd’hui 12/11/12, en baisse de 1,42% face au billet vert.

La baisse de l’Euro serait à priori favorable aux exportations mais elle se fait dans un climat de suspicion des investisseurs qui tend à augmenter les taux d’intérêt des emprunts. Elle augmente notre dette conclue hors monnaie européenne. Ce n’est plus une bonne nouvelle tant que nous ne prouvons pas notre capacité à remonter la pente.

L’agence de notation Moody’s maintient la France sous surveillance l’ensemble des pays de la zone européenne avec menace de dégradation de la note. S&P a estimé que la probabilité de dégradation à plus de 50%. Le 10/12/11 reste un jour sombre pour la France. L’Europe a montré son incapacité à réagir efficacement aux dangers immédiats. Elle cède à une rigueur imposée par l’Allemagne et perd la Grande-Bretagne. L’Union Européenne s’est fragilisée sans répondre aux urgences économiques, financières et monétaires. Elle a simplement essayé de faire plaisir aux marchés. Pour ces derniers, seule une véritable gouvernance économique et fédérale misant sur un plan ambitieux de croissance n’a crédit à leurs yeux.

Jusqu’à quand le peuple croira-t-il les discours de nos deux grands partis ?

Les français devront-t-ils faire la révolution pour échapper aux marchés ?

Seule l’Europe des peuples peut ouvrir une espérance !

Claude Trouvé