mercredi 7 décembre 2011

A l’heure des solutions alternatives

L’Euro agonise. Deux grandes éminences se penchent sur son cas. Le diagnostic est incertain mais l’opération de la dernière chance est décidée. On pratique d’abord l’anesthésie du peuple puis on réunit tous les intervenants pour les convaincre de la nécessité d’adhérer et de participer activement.

Reprenons le diagnostic basé sur la dégradation possible des six pays européens notés AAA. Les modèles mathématiques utilisés par ces agences sont complexes mais on peut se faire une idée assez précise des raisons qui poussent à cette éventualité. On peut donc représenter sur un même graphique l’augmentation annuelle de la dette  sur l’axe vertical et l’importance de la dette prévue en 2012 sur l’axe horizontal.

Les six pays de l’UE, notés AAA, sont représentés en rouge. Parmi eux La France apparaît bien comme le mauvais élève de cette note. L’Italie moins bien notée apparaît mieux maîtriser que nous l’augmentation de la dette. A l’inverse on peut se poser la question sur les raisons de la mise à l’index du Luxembourg qui part d’une dette très faible. L’Allemagne est le pays des six qui maîtrise le mieux l’augmentation de sa dette qui n’est pas négligeable.

On remarque que la Suisse qui a agi sur sa monnaie en la liant au dollar pour rester compétitive est le meilleur pays européen. Le Royaume-Uni est dans une situation proche de la nôtre mais ce sont les Etats-Unis qui augmentent le plus leur dette, bien qu’elle soit inférieure à celle de la France en pourcentage de PIB.

Deux choses sont certaines. D’une part la dette s’aggrave et la seule solution proposée est l’austérité imposée principalement aux citoyens et aux entreprises. D’autre part la croissance ne viendra pas au secours de la dette, elle est en recul partout dans le monde. La rigueur, si elle paraît à priori devoir diminuer les dépenses de l’état, va agir négativement sur la croissance, ce qui va également diminuer les ressources. La Grèce en est l’exemple le plus significatif.

Il y a pourtant pour la France des solutions de sortie de l’impasse dans laquelle elle est. En effet on constate que, de fin 1979 à fin 2009 soit 30 ans, la dette publique s’est augmentée de 1250 milliards. Dans le même temps les intérêts cumulés des emprunts ont atteint 1340 milliards ! Notre dette ne s’accroît que des intérêts d’emprunt, donc si nous empruntions à taux zéro nous aurions diminué notre dette de 1979. 
  
Or les traités obligent les états à emprunter aux banques, à des taux d’intérêts supérieurs aux banques centrales, et non à la BCE qui ne joue que le rôle de régulateur de l’inflation. C’est pourquoi Il faut sortir des traités pour retrouver une Banque de France qui peut prêter à l'Etat à des taux proches de zéro. On pourrait penser qu’il suffirait de demander à la BCE de jouer ce rôle mais l’Allemagne ne veut pas modifier les traités interdisant à la BCE de le faire.

La peur de l’inflation paralyse l’Allemagne. C’est la raison de la loi de 1973 interdisant d’emprunter à la banque centrale.  Pourtant,  les chiffres de l’inflation montrent que l’inflation fut très largement supérieure les 10 ans de 1973 à 1982, par rapport aux 10 ans qui précédèrent cette date, de 1962 à 1972 : 11,2% en moyenne au lieu de 4,4% comme l’a constaté André Jacques Holbecq. Cet argument n’a donc pas de relation évidente de cause à effet.

L’amortissement annuel de la dette française en 2011 se monte à 94,8Mds€. C’est donc 4,8% du PIB, une augmentation de la dette de 6% et 37,4% des recettes fiscales !. Il est évident que le simple paiement des intérêts devient une charge qui pèse trop lourdement sur un budget général de 290Mds€ et double notre besoin de financement, donc d'emprunt qui se monte au total à 190Milliards pour 2011. La recherche d’un financement par une banque centrale est sans doute le point de départ d’une possibilité de relance du pays quelque soit le moyen pour y parvenir, dans ou hors des traités.

D'ici le 09/01/2012 il nous faut emprunter 42 milliards. Entre des intérêts à 3,5% et 5% c'est un écart de 600millions soit 8 jours de recettes fiscales en jeu et une dette qui continue à s'aggraver. Il est prévu une augmentation de la dette de 172 milliards en 2012. La zone euro ne protège plus personne et ne peut qu'imposer une camisole de force jusqu'à l'explosion des traités et de l'Union Européenne toute entière.

Forte d'une épargne supérieure à sa dette, débarrassée des emprunts aux taux suicidaires  aux banques, débarrassée d'un contrôle budgétaire par Bruxelles, la France peut retrouver une marge de manœuvre permettant une politique orientée vers ses activités industrielles et les investissements dans ses infrastructures. 

Dans ou hors l’Euro la France doit avoir la maîtrise de ses emprunts

C’est plus qu’une volonté de souveraineté

C’est un impératif de survie.
Claude Trouvé