mercredi 23 janvier 2013

Le couple franco-allemand ou je t’aime moi non plus.

Le 22 janvier 1963, le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer signaient un traité de coopération destiné à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d’Allemagne. Mais l’histoire retiendra que c’est à Reims, en 1945, que la dernière des trois guerres qui ont opposé en moins d’un siècle la France et l’Allemagne s’est terminée par la capitulation sans condition des généraux nazis. C’est donc Reims que le général de Gaulle a symboliquement choisie, dix-sept ans après, pour servir de cadre à la réconciliation franco-allemande scellée avec le chancelier allemand Konrad Adenauer au cours d’une «messe pour la paix» célébrée à la cathédrale le dimanche 8 juillet 1962. L'Europe n'était pas faite mais le spectre de la guerre était derrière nous... Les poilus pleuraient, leurs frères d'arme n'étaient pas morts pour rien.
La répétition à Reims en juillet 2012 de ce cérémonial, cinquante ans après, entre Angela Merkel et François Hollande, a plus de sens que la morne cérémonie officielle suivante du 22 janvier 2013. Cette dernière marque le cinquantenaire d’un traité de l’Elysée qui s’inscrit dans la durée. La concomitance de la célébration de l’investiture de Barak Obama et du cinquantenaire franco-allemand montre toute la différence d’enthousiasme qu’ont suscité ces deux évènements. D’un côté une foule joyeuse et un Président des Etats-Unis offrant le visage de la force d’un pays qui croit toujours en lui et en sa capacité d’influer sur le cours du monde. De l’autre on a eu le spectacle de politiciens français et allemands songeurs ou assoupis dans une cérémonie lénifiante.
Le couple franco-allemand est fatigué d’affirmer au monde entier son entente cordiale et de se retrouver dans des négociations interminables, de compromis douloureux d'en l'urgence et d’obligation d’affirmer à chacun des deux peuples que son leader est sorti vainqueur dans une Europe en crise. Le couple fait désormais chambre à part, leurs regards ne se croisent plus, ils se toisent. Ils ne regardent plus que leur porte-monnaie comme les couples que des intérêts patrimoniaux dissuadent de divorcer. Le nationalisme reprend le dessus. Mais peut-il en être autrement ?

Les deux pays se sont beaucoup éloignés sur le plan de la réussite économique qui reste finalement le lien fort de l’Europe. Ceci est tellement vrai que les Britanniques ne veulent que d’une Europe zone de libre-échange. Ils rejettent globalement l’emprise d’une Europe technocratique et fédéraliste en vertu de leur position géographique et financière très particulière. L’Allemagne a ses yeux et son porte-monnaie tournés vers l’Europe centrale et de l’Est, la France vers le bassin méditerranéen.

Nous sommes devenus les va-t-en guerre, l’Allemagne a toujours gardé des stigmates de la deuxième guerre mondiale. L’Allemagne veut l’euro qui assure la prospérité de son économie et la propulse au-dessus de la plupart des autres pays. La France s’abrite derrière la réussite de son partenaire allemand qui lui garantit la bienveillance des investisseurs et croit encore idéologiquement à une Europe de la fraternité. Même s’il lui en coûte, la France reste accrochée à l’Allemagne, mais tient à affirmer des positions différentes, ne serait-ce que pour exister.

Elle est prête à sacrifier l’austérité sur l’autel de la croissance, pas l’Allemagne. Elle veut un contrôle bancaire général par la BCE, l’Allemagne en exclut la majeure partie des ses propres banques, etc. Le citoyen français est réconcilié avec l’allemand et réciproquement, mais la France et l’Allemagne sont dos à dos et ne regardent pas vraiment dans la même direction. C’est pourquoi l’Europe reste un nain politique, incapable par ailleurs de se défendre sans l’appui américain. Le citoyen européen n’existe pas et les dizaines de langues différentes séparent toujours ce qui reste des Etats-nations en voie de disparition.

Le jour où la France et l’Allemagne regarderont dans la même direction

Comme deux états américains et dans le même enthousiasme

L’Europe coalisée ou fédéralisée existera…

C’est pourquoi ce rêve est impossible !

Claude Trouvé
Coordinateur MPF du Languedoc-Roussillon

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