mercredi 21 mars 2012

Seul l'’humour n’est pas en crise

Dans ces heures dramatiques et historiques de l’actualité, certains nous font oublier nos misères parce que l’esprit français a de plus subtil lorsqu’il est manié avec délicatesse, je veux parler de l’humour. Dans les heures les plus sombres nos anciens ne s’en sont pas privés, alors laissons-nous aller, comme eux, à cette délectation souriante. Prenez autant de plaisir que nous à ce duel à fleuret moucheté et plein de sous-entendus : c'est tout le mal que nous vous souhaitons !

L'impromptu de Berlin, un régal en Alexandrins 

La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph Haydn.

Nicolas :
Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure
Entendez les Romains: ils appellent au secours !
Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
Attendent de vous, Madame, le geste généreux !
De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
Ce  D-mark des Allemands sur lesquels vous régnez.
Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...

Angela :
Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
Folle étais-je de croire à une douce surprise
En vous suivant ici seule et sans équipage
Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
De n'être courtisée que pour son seul argent !

Nicolas :
Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
Le monde nous regarde, craignons le ridicule ! 
Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !

Angela :
J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
Et vous me demandez, avec fougue et passion
De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
Ce serait trop facile et ma réponse est non !
Nicolas :
On ne se grandit pas en affamant la Grèce
En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
Helmut Kohl est furieux et Delors désespère.
Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !

Angela :
Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
Mais si je disais oui à toutes vos demandes
Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !
 
Et ils s'éloignent, chacun de son côté... 

Que ceci nous change agréablement du mauvais français, des fautes d'orthographe et de syntaxe qui fleurissent sur la toile ! Que cet auteur inconnu en soit remercié et je lui dédie le petit essai suivant.

Les affres du vote.

Mettons l’humour en vers avant d’aller voter
Car nous en reviendrons tous un peu plus crottés,
De discours mensongers, un peu plus taciturnes,
Inquiets de notre choix enfin posé dans l’urne.

Car nous le savons bien ce n’est que le printemps
D’une grêle d’impôts en giboulées d’antan,
De taxes dénichées, de promesses futures,
Par la TIPP d’haros sur nos voitures.

Nous aurons eu le choix d’un roi de l’illusion,
Maître dans le discours à l’obscure vision,
Qui croit qu’on s’enrichit en dépouillant les riches,
Fait du totalitarisme un tigre aux yeux de biche,
Oublie de la Hongrie la dure répression
Et pousse l’indigné à la révolution.

Il nous reste à penser vivre dans la croissance
Et pour le faire au mieux augmenter les dépenses.
Nos enfants auront donc beaucoup plus d’enseignants
Et ne reviendront plus de l’école en saignant,
Victimes d’un couteau ou soumis à la drogue,
Et sauront que l’arabe est notre langue en vogue.
Qui croira que le nombre est la vraie solution ?
Elle a déjà vécu en lente régression.

Remettre dans l’Europe un appel d’espérance,
Tout en criant à tous, achetez « made in France »,
Pourra nous obliger à maintes contorsions,
Et payer pour les grecs retraites et pensions.

Qui croira de nouveau aux promesses à faire
Quand il n’a pas tout fait en étant aux affaires
Qui croira de nouveau à ses référendums
Quand il nous a tous pris pour des bébés Cadum !
Devrons-nous continuer la nième croisade
Et voir pour résultat l’Islam à la parade ?


Devrais-je pour finir tenir mon caleçon
Pour ne pas sur mon cul recevoir la leçon ?
Le père, au passé trouble, a proposé sa fille
Et de bonnes idées même quand il les pille.
Mais il est des propos que l’on ne peut gommer
L’arc républicain ne peut que l’assommer.

Alors pour être franc, euro désespérance,
Il nous reste l’humour, celui du « made in France ».

Allez voter chers concitoyens

Vous n’êtes pas si cons, citoyens !

Claude Trouvé