mardi 4 octobre 2011

La Grèce est mise sur la planche de sa sortie de l’euro !

Comme l’on pouvait s’y attendre les marchés prennent de vitesse une zone euro engluée et désorientée. Les banques sont à recapitaliser, les états sont soit en période de fragilité, les PIIGS, soit peu enclins à se mettre en danger en sauvant banques et états cigales. On repousse à novembre la décision des 8 milliards qu’attend la Grèce pour le 14 octobre et plusieurs pays rechignent à augmenter les fonds propres du FESF et un nouveau plan d'aide à la Grèce.

La lourdeur de la machine européenne et le sentiment de nationalité, qui se fait de plus en plus pesant dans les moments historiques que la crise a engendrés, font apparaître en pleine lumière les défauts de naissance de l’Europe de Maastricht. Ce n’est pas aux peuples, qui seront les victimes et les payeurs, que les états pensent aujourd’hui mais aux banques et au sauvetage de leur enfant mort-né, l’Europe de Delors, de Mitterrand et de Sarkozy.

La Grèce ne sera pas sauvée par eux, elle sera étranglée, dépouillée, livrée aux humanitaires. Sa situation est pitoyable. Aux yeux des bailleurs de fonds elle n’en fait jamais assez pour mériter l’aide qui la remettrait à flot. D’autres pays attendent de toutes façons que l’aide arrive aussi, que la Grèce soit sauvée ou non ! La zone euro bascule, les américains donnent des leçons qui n’ont pas marché chez eux par crainte de voir l’Europe sombrer, les chinois attendent leur heure pour le festin.

 Plusieurs solutions ont été évoquées, la première étant de passer de 50 milliards d’euros de cessions d’actifs publics grecs à 125 milliards. C’est le dépeçage de l’état grec par l’acquisition de leurs sociétés publiques (téléphonie, ports, immobiliers…), tout cela mis dans une structure multinationale… qui les revendra ensuite pour récupérer son investissement. A qui ? Aux plus offrants… Chine et pétrodollars probablement.

La deuxième est une manipulation financière à haut risque que l’on nomme l’effet de levier. Les 400 milliards du FESF s’avèrent insuffisants pour pallier au défaut de paiement de pays comme l’Espagne et l’Italie. Qu’à cela ne tienne, le FESF va garantir les rachats de dettes faites par la BCE jusqu’à un montant de 1600 milliards et le tour est joué… tour de passe-passe à haut risque !

La troisième remet en œuvre le dogme de la croissance stimulée par de l’argent à taux d’intérêt encore plus faible… comme on le fait de l’autre côté de l’atlantique, avec le succès que l’on constate. Quand on sait que le successeur en novembre de Jean-Claude Trichet sera l’italien Mario Draghi, ancien vice-président de la branche européenne de Goldman Sachs qui a maquillé les comptes de la Grèce pour faciliter son entrée dans l’euro, on a des raisons d’être inquiets.

Tout cela est voué à l’échec. Il ne s’agit que d’élucubrations financières qui ne vont qu’augmenter la dette de toute la zone euro et rendre la sortie du carcan de la monnaie unique encore plus difficile.

Quelles qu’en soient les conséquences la seule issue possible, n'aliénant pas leur souveraineté, est la sortie de l’euro pour la Grèce. La zone euro n’y résistera probablement pas mais des idées font leur chemin et paraissent de jour en jour plus réalistes. Le défaut majeur de la zone euro et de l’Union européenne par extension est son hétérogénéité socio-économique. Le fait de revenir aux pays fondateurs ou à une zone d’une dizaine de pays rendrait la zone monétaire plus optimale et viable.

Cette idée est sans aucun doute celle que nous aurions dû adopter dès le départ. Le tissu actuel de l’Europe est des plus hétérogènes. Certains pays sont dans ou hors Schengen, d’autres dans et hors euro, avec toutes les combinaisons de ces deux caractéristiques. De plus des clauses spéciales existent pour le maintien des monnaies nationales, Royaume-Uni, Danemark, alors que les nouveaux pays entrants sont sommés de remplir rapidement les conditions d’adoption de l’euro.

Tout est compliqué, hétérogène et ne peut aboutir à des assises solides pour affronter des temps difficiles. Il est temps que la France fasse entendre une voix forte et claire pour une remise à plat de l’Europe. Elle en a encore le pouvoir avant qu’américains et chinois ne décident pour elle comme ils vont finir par le faire pour la Grèce !

L’argent des états n’est pas celui des banquiers

C’est celui des peuples

Dans une Europe des peuples

Seuls à décider de leur avenir !


Claude Trouvé