jeudi 20 octobre 2011

Il fut un jour funeste… la signature du traité de Maastricht

La zone euro ne tient plus qu’à un fil. La France ne sait pas boucler un budget 2012 qui le protège de la dégradation de sa note AAA, donc d’une hausse du taux de ses emprunts. L’UE n’est pas à son chevet, seule l’Allemagne s’inquiète de voir son plus gros client en difficulté. Elle regarde notre incapacité à réduire notablement notre dette et rechigne à investir plus dans le FESF et dans toute mesure solidaire, elle n’a plus confiance qu’en elle-même.

Grâce aux agences de notation la fumée mise sur l’état des finances de la nation se dissipe et la réalité vient brusquement d’obliger le gouvernement à faire part de son inquiétude, sous l’effet de panique engendrée par la perspective de la perte de la note AAA. Personne n’a de solutions dans le cadre actuel des traités et l’Allemagne ne veut pas y toucher sans admettre la fin de l’euro. Les solutions avancées ne sont que des vêtements destinés à réchauffer les pays en guenilles en priant que le froid ne tue pas ceux qui se sont dévêtus pour eux.

Dans ces instants périlleux les sentiments nationalistes reprennent le dessus car tous les pays ne sont pas au tapis mais la solidarité pourrait les y conduire. L’accord dans le cadre d’une réunion européenne ne peut qu’aboutir à une solution minimaliste qui ne rassurera pas les marchés bien longtemps. L’Italie et l’Espagne seront de nouveau attaquées et cette fois les vêtements manqueront. L’effacement des dettes des pays va mettre les banques en difficulté et ni les Etats, ni les banques ne pourront faire face.

La France a peur et il y a de quoi pour 2012. Les chiffres sont là, implacables. Les économies des administrations publiques ne sont que de 1 milliard et les ressources supplémentaires attendues sont de 11 milliards avec les dispositions actuelles d’allègement des aides et l’augmentation des taxes. A fin juin 2011 la dette est de 1692Mds€, avec une augmentation de 100,8Mds€ en un semestre. En supposant qu’elle n’augmente plus et en ajoutant les 15 milliards à verser pour la Grèce, elle serait donc de 1707Mds à fin 2011. Si notre dette n’augmente que de 85Mds€ en 2012, suite à 15Mds€ issu d’un plan d’austérité, la dette passera à 1792Mds€ à fin 2012.

Avec toutes ces suppositions minimalistes on peut prévoir que l’objectif d’une dette de 87,4% du PIB pour 2012 ne sera pas atteint. En effet si une croissance de 1,5% est atteinte, ce à quoi personne ne croit, le PIB devrait être de l’ordre de 2023Mds€ soit une dette de 1768Mds€ pour respecter nos engagements. Avec toutes ses prévisions minimalistes on voit qu’il manque une bonne vingtaine de milliards ! Ceci n’inclut ni les aides à la solidarité auxquelles nous nous engageons, ni la détérioration de notre balance des paiements, ni le probable fléchissement de la consommation, suite au plan d’austérité, qui jouera sur les rentrées de TVA. Ne parlons pas de ce qui se passera si notre note est dégradée.

C’est la triste réalité que nous livrent les différents traités depuis Maastricht. Pourtant le gouvernement actuel et le candidat socialiste à la présidence s’accrochent toujours à la pensée unique d’une monnaie unique et d’une Europe qui protège… Seuls les peuples dans la rue peuvent faire plier les dogmes à moins que le principal bénéficiaire, l’Allemagne, siffle la fin de la partie parce qu’il a peur de devenir le perdant.

Souvenez-vous :

Les partisans du "non"] sont des apprentis sorciers. […] Moi je leur ferai un seul conseil : Messieurs, ou vous changez d’attitude, ou vous abandonnez la politique. Il n’y a pas de place pour un tel discours, de tels comportements... (Jacques Delors à Quimper, 29.8.92)

« Si vous voulez que la Bourse se reprenne, votez “oui” à Maastricht ! » (Michel Sapin, université d’été du PS à Avignon, 31.8.92) 

« L’Europe, ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry à Béthune, 12.9.92)

Il est bon de se souvenir que Philippe De Villiers fut de ceux qui refusèrent de signer ce traité parce qu’il en percevait les dangers, c’est à cela que l’on reconnaît les grands hommes d’Etat. Nous menons actuellement une politique avec le nez dans le guidon, subissant les évènements sans nous y préparer et nous nous entêtons dans des directions qui s’avèrent désormais mauvaises ou inadaptées. On ne veut pas avouer nos erreurs, les grands financiers et les multinationales nous graissent la patte et font de l’obstruction, alors on fait payer le peuple… mais tout a une fin.


Il n’est point de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre

Seuls les indignés leur feront entendre raison !