samedi 8 octobre 2011

Bingo pour l’Europe ! Belgique sans gouvernement, Grèce sans le sou…

Sarkozy et Merkel ne se quittent plus dans cette fraîcheur revenue. A deux sans doute on a moins froid, car les agences de notation soufflent un véritable blizzard sur l’Europe. La marche des Etats et des banques ressemble de plus en plus à une retraite de Russie d’aveugles et de paralytiques. Les Etats sont dans un épais brouillard et les banques en mal de recapitalisation donc en manque de fonds.

Ce week-end s’annonce particulièrement frais après la dégradation de la note de l’Italie d’un cran et de celle de l’Espagne de deux crans par l’agence Fitch complétée par une surveillance négative du Portugal. A cela s’ajoute l’éventualité de la dégradation de la note de la Belgique par l’agence Moody’s. Le rachat de Dexia par la Belgique ne peut en effet qu’augmenter sa dette.

Mais nous n’échappons pas aux mauvaises nouvelles. Un bruit court que la France ne pourrait pas tenir le déficit prévu et sa note AAA risque de ne pas résister. Pour nos deux duettistes franco-allemands l’urgence c’est les banques dans ce curieux mécanisme où celles-ci se recapitalisent en larguant des obligations pourries à la BCE financée elle-même par les Etats, banques qui sont alors en mesure de prêter aux Etats défaillants en prenant leur dîme au passage. Simple non à comprendre… ? Oui que l’on sera encore cocus ! Au final les banques survivent grâce à ce bonus et les Etats manient la rigueur et les impôts et taxes… sur qui ?

Mais ce serait trop simple. Il faut ajouter le FESF qui est le relais des Etats pour les aides financières mais qui n’est pas assez doté pour prendre en charge l’Italie et l’Espagne en cas de malheur. Il pourrait être sollicité pour prêter indirectement aux banques par le biais d’une garantie donnée à la BCE afin de dépenser plus que ces fonds propres de 440Mds€ soit jusqu’à 1600Mds€.

On comprend que ces manipulations financières sont des jeux à haut risque qui misent sur un nouveau départ de l’Europe économique alors que nous entrons dans une période de non-croissance voire de récession. Cet argent virtuel créé par un effet de levier mise sur des gains futurs et la situation risque donc de devenir catastrophique si la croissance n’est pas là. Le Fonds monétaire international (FMI), de son côté, estime que les besoins de capitaux des banques pourraient atteindre 200 milliards d'euros, l'équivalent de la moitié des ressources du FESF.

L’utilisation des fonds du FMI pour la recapitalisation des banques oppose Sarkozy et Merkel… un dimanche de discussion suffira-t-il ? Cette manière de décider à deux en permanence sans consultation préalable des autres européens ne va-t-il pas amener à des blocages psychologiques des petits pays ? Rien n’est moins sûr car ils font sentir de plus en plus leur désaccord de principe à ces quasi-décisions à deux.

Par ailleurs les patronats français, italien et allemand s’inquiètent et veulent un nouveau traité allant vers une gouvernance économique efficace, ce qui revient à priver les nations de leur pouvoir sans qu’une Europe politique soit mise en place. Dans le climat actuel on voit mal cette éventualité se réaliser. Mais c’est un signe fort sur la prise de conscience que l’Union européenne et particulièrement la zone euro ni protège les Etats ni lui permet un développement économique supérieur à celui de la Chine et des pays émergents, Brésil, Inde et Russie sans parler des Etats-Unis dont le dollar et la puissance militaire garantissent encore le leadership.

La petite Belgique, qui survit sans gouvernement dans une bataille linguistique interminable, est l’illustration de l’incapacité de l’Europe de se mettre d’accord dans le cadre des traités actuels. Elle devrait être avec Bruxelles l’image de la concorde des états européens, elle est celle de leur division. La crise met en lumière les principes viciés de construction de l’UE et la Grèce est l’illustration des ravages de l’euro sur un pays où il a été une assistance incitant à une politique cigale dans un pays qui n’était pas en état de soutenir une monnaie aussi forte.

Le MPF, avec son président Philippe De Villiers, voit malheureusement ses prédictions se réaliser. L’heure d’une remise à plat des traités s’avance à grands pas et les candidats à l’élection présidentielle feraient bien de sortir de leurs discours électoralistes en n’utilisant non plus une lorgnette mais une longue vue pour prévoir et gérer l’avenir !

Le rassemblement des peuples est un bel idéal mais

« Les pires choses en général sont faites

des meilleures qui ont mal tourné » (Victor Hugo)
Claude Trouvé