mercredi 26 octobre 2011

La croissance… mais pourquoi ? Pour qui ? Et comment ?

Nos politiques de gauche et de droite n’ont qu’un mot à la bouche… la croissance. La croissance est la panacée universelle, le monde ne peut tourner sans elle. Sans croissance, pas de diminution du chômage ou encore sans croissance, pas de réduction de la dette entend-t-on. Pourtant elle semble fuir les USA et l’Europe, alors qu’elle est revenue en Argentine qui était en récession et endettée.

La croissance est un dogme que plus personne ne songe à remettre en cause comme si elle avait définitivement prouvé que nul état ne peut s’en passer. On nous l’a fait admettre sans que nous ayons eu la moindre démonstration du pourquoi. On ne se pose plus de questions. C’est sans doute pourquoi la croissance peut provoquer beaucoup de dégâts, c’est que l’on ne s’en méfie plus. Et si nous nous posions la question du pourquoi faut-il de la croissance ?

Certains vont répondre, c’est pour faire marcher la machine économique et s’enrichir. Mais pour enrichir qui ? Si c’est pour enrichir les lobbies, les multinationales, les puissances financières privées, les banques a-t-on vraiment besoin de la croissance ? La réponse de l’humble citoyen est non, c’est pourquoi il manifeste devant Wall Street et est enfumé au gaz lacrymogène. Si la croissance nourrit l’emploi et augmente les salaires et les prestations sociales, elle sera mieux comprise par l’ensemble de la population. C’est donc bien le mieux vivre qui doit être l’objectif de la croissance.

Supposons que tous les prix de nos achats baissent, nous vivrions mieux. Mais si tous ces achats étaient faits sur des produits fabriqués dans notre pays, notre PIB serait en baisse. Nous serions en récession, c’est-à-dire en décroissance, tout en vivant mieux. Comment faire baisser les prix alors que tout augmente autour de nous me direz-vous ? La réponse est par des gains de productivité. Grâce à elle le réfrigérateur que l’on peut acheter en 2011 coûte une part beaucoup moins importante du salaire de l’ouvrier qu’en 1960. Il n’est donc pas si sûr que la croissance soit nécessaire au mieux vivre.

Il est évident que nous ne vivons pas dans une économie fermée et que le jeu des échanges commerciaux entre pays favorise certains pays plus que d’autres. Notre balance commerciale est en déficit de 75Mds€ pendant que celle de l’Allemagne doit atteindre 125Mds€. Mais il est évident que tous les pays ne peuvent être simultanément en excédent commercial. Dans un monde idéal, dont l’Europe est considérablement éloignée ce qui crée la crise actuelle, une balance commerciale équilibrée pour tous devrait être l’objectif de chacun.

Il apparaît que dans ce monde idéal la croissance n’existerait que si la productivité augmente. Notre mieux vivre viendrait de ce que nous pourrions acheter un bien à coût moindre ou acheter plus de biens pour le même coût. Malheureusement dans ce monde fou, l’augmentation de la productivité ne suit pas au doigt et à l’œil les désirs des politiques et l’appétit d’argent de ceux qui tirent le meilleur parti de la croissance. On a pris l’habitude de forcer l’allure avec des résultats parfois contraires.

C’est ainsi que pour payer ses dépenses militaires, les USA ont délié l’or et la monnaie, autrement dit se sont octroyés la possibilité d’émettre de la monnaie à leur guise. L’économie finit par s’emballer et l’on a des « bulles » qui finissent par éclater parce que ni la consommation intérieure ni la balance commerciale ne peuvent suivre. Alors l’état pousse à la consommation en prêtant à taux d’intérêt très faible et sans soucier des capacités de remboursement des prêts, ce qui finit par aboutir à la crise des « subprime ».

Pour relancer la croissance les Etats-Unis ont dépensé 1700Mds$ en deux plans successifs, lesquels ont produit 541Mds$ de croissance, soit 1$ de relance = 3,14$ de dette. Grâce à cela la dette des Etats-Unis atteint 14.000Mds$. Mais cette politique de création de la monnaie pour alimenter la croissance a envahi les pays du G20 dont le ratio d’endettement est supérieur à 100% du PIB !

La croissance ne se décrète donc pas d’un coup de baguette magique et pour qu’elle soit durable et efficace elle ne peut s’appuyer sur la création d’une monnaie virtuelle. Plus la masse monétaire augmente, plus la valeur de l’argent diminue. Les allemands en savent quelque chose et c’est ceci qui explique leur attitude actuelle. L’histoire de l’Etat-providence, sauveur des banques et des citoyens, a toujours une fin tragique qui met le poppolo minuto en route vers les barricades.

La véritable croissance qui peut nous assurer un mieux vivre durable et stable vient des gains de productivité. C’est donc par nos entreprises, notre agriculture que peut venir la croissance. La vraie croissance fait appel à notre génie créatif, à notre sens de la saine gestion des entreprises et notre capacité d’innovation et de recherche. L’injonction d’argent dans ce circuit peut diminuer le sens du risque calculé qui est l’apanage du chef d’entreprise. La masse monétaire dont ont bénéficié Renault et Peugeot se traduit finalement par un déséquilibre de l’offre et de la demande qui conduit inexorablement aux licenciements à terme.

Aucune avancée dans la crise ne sera possible tant que nos politiques n’auront pas compris que, pour relancer la consommation intérieure, l’augmentation dirigiste des salaires, du secteur privé et du secteur public forcément liés, n’est pas une solution, puisque l’Allemagne a suivi avec succès le chemin inverse. Il en sera de même tant qu’ils n’auront pas compris que la croissance n’est ni une panacée ni à leur disposition par l’injection aveugle d’argent dans le circuit économique. Des grands projets sur les infrastructures sont possibles, encore faut-il avant juger des retombées qu’ils auront pour l’économie.

L’Etat-providence est fini. L’Etat doit bien gérer dans une saine rigueur ce pourquoi il est irremplaçable et arrêter de vouloir gérer le potentiel économique du pays pour lequel les industries, PME, PMI sont les acteurs responsables car pour eux la faillite change leur avenir professionnel !

A chacun son métier

Dirigisme et capitalisme ne vont pas ensemble

Nos politiques ont failli depuis trente ans

Rendons à la France le goût d’entreprendre

Claude Trouvé