jeudi 15 novembre 2012

Des recettes à l’allemande pour sauver l’économie française ? (2ème partie)

Un précédent article du 11/11/12 a mis en lumière le déclin de notre pays et les principaux handicaps de celui-ci dus aux décisions gouvernementales, à savoir les dépenses publiques, les impôts et le droit social. On pourrait y ajouter l’interventionnisme étatique sur l’économie dont les effets sont toujours globalement négatifs à moyen terme. Les dirigeants politiques se croient investis des capacités de grands managers de l’économie française et leurs actions vont souvent à contrario des lois naturelles du libéralisme. Ils n’ont pas la modestie de penser que leur devoir se limite à n’être que des « faciliteurs » du développement des entreprises et non des gestionnaires de celles-ci.
L’article d’hier met le doigt sur l’un des mythes qui paralysent notre dynamisme économique, notre aversion pour ceux qui gagnent de l’argent, aversion sans doute issue de la Révolution. Ceci pousse le gouvernement actuel à rogner les gains au nom d’un égalitarisme, qui a un écho électoraliste. Ceci ne garantit pas la justice sociale mais c’est destructeur de la cohésion sociale et du dynamisme économique.
 Mais il y a d’autres mythes aussi pénalisants, on peut parler par exemple notre dévotion pour notre modèle social dont nous sommes persuadés qu’il protège les pauvres. Si tel était réellement le cas, Martin Hirsch, le père du RSA (Revenu de Solidarité Active), n’aurait pas écrit : « Depuis des années, les dépenses sociales augmentent sans cesse, sans que la pauvreté diminue ». Pourtant au nom de la protection des plus fragiles, nos politiques augmentent la pression fiscale sociale en jouant sur la corde sensible de leur électorat qui se situe principalement dans la classe moyenne. Peu leur importe finalement que ces augmentations profitent finalement peu aux plus démunis.
C’est ainsi le cas de la PPE (Prime Pour l’Emploi) qui, par définition, ne va à aucun chômeur et qui n’a donc aucun caractère social. D’après les chiffres de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, les 20% des adultes les plus pauvres ne reçoivent que 7% du total des transferts sociaux ! Alors où passe l’argent ponctionné principalement aux classes moyennes ?
Les scandales, révélés en permanence par les médias ou les réseaux sociaux, sur l’attribution des logements sociaux font partie de ce détournement de l’argent public. L’affaire Guérini, qui revient dans l’actualité, avec l’attribution des logements aux pistonnés n’en est qu’une parmi des milliers d’autres. On a même vu des ministres en bénéficier. Les préfets disposent d’un quota pour les fonctionnaires et le nombre de fonctionnaires dans les HLM est d’ailleurs un secret d’Etat.
En fait cette aide de l’Etat est une aide aux promoteurs privés, dispensés de taxe foncière pendant quinze ans, fournis en terrains à bas prix, voire gratuitement, et bénéficiaires de possibilités d’emprunts à taux privilégiés par la Caisse des dépôts. De plus l’Etat dépense cinq milliards par an pour la rénovation des « zones urbaines sensibles » et la destruction des HLM anciens.
Pourtant il y a un problème de logement en France. Serait-ce que nous ne dépensons pas assez ? D’après l’OCDE, la France dépense 2% de son PIB pour le logement, l’Allemagne 0,7% et la Belgique 0,2%. Or dans ces deux derniers pays les logements sont moins chers et plus accessibles bien que la part du logement social y est beaucoup plus faible. En France les logements sont acquis sur deux marchés, public et privé. Or le marché public des HLM demande un personnel pléthorique, de nombreux logements sont inoccupés où occupés par des gens n’y ayant plus droit. C’est la preuve d’un mauvais management de l’Etat. D’ailleurs en 10 ans les Allemands ont vendu la moitié de leurs HLM.
Deux autres raisons conduisent à des difficultés de mise à disposition des logements. La loi Gayssot qui limite les terrains constructibles en zone urbaine et la protection des squatters et des locataires qui ne payent pas leur loyer. Ce dernier point, qui agresse le droit de propriété, décourage la location des habitations. L’interventionnisme de l’Etat, très supérieur en France à celui de nos partenaires européens, se traduit par un double échec, des dépenses plus importantes et un résultat moindre puisque nous manquons de logements dans des prix de marché accessibles au plus grand nombre.
Le « logement social » n’est pas social !
Et le coût français en est socialement plus lourd qu’ailleurs.
Le mythe de l’Etat qui sait tout faire pour le bien commun... nous ruine !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon