jeudi 1 novembre 2012

Couac ! Couac ! Quoi que c’est peu dire !

Chaque jour, ce gouvernement nous fait son petit couac et nous prouve qu’il n’est encore qu’une équipe d’amateurs qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’est la direction d’un pays. — (Thierry Desjardins, Couac de plus ou ballon d’essai ? 30.10.2012).

Pierre Moscovici s’énerve et se demande quelle est la véritable signification du mot. L’attitude du gouvernement devient ubuesque. Doit-on expliquer à un membre du gouvernement ce qu’il peut lui-même trouver dans un dictionnaire s’il ne joue pas la comédie de l’ignorance. Cette onomatopée est utilisée depuis le XVIème siècle pour mimer un bruit sec et retentissant. Mais le mot est utilisé de façon courante en musique et chacun sait ce que cela signifie. De là on tire l’expression figurée d’une faute et d’une maladresse.

Font-ils l’âne pour avoir du son, s’agit-il d’un ballon d’essai mûrement réfléchi, est-ce la preuve du doute de certains socialistes sur les bienfaits des 35 heures ? Il est impossible d’y répondre, mais de toute façon cela sent l’amateurisme et le désarroi. Ce gouvernement s’est fermé toutes les portes dès la campagne présidentielle en rejetant l’utilisation de la TVA et de la CSG, l’augmentation de l’assiette de la pression fiscale, en promettant des fonctionnaires supplémentaires, en stigmatisant les banquiers, les riches, le capital et le monde économique. Il a continué à se fermer les portes en ratifiant le TSCG qui inclue la règle d’or. Il a promis un avenir meilleur aux jeunes dans un paradis retrouvé de justice sociale pour découvrir la nécessité de la compétitivité et de la croissance, et la plongée vers le chômage.

La pseudo victoire de l’inclusion d’une clause de croissance dans le traité au prix d’une reculade consentie sur le calendrier du contrôle bancaire, ne débouche que sur un outil de croissance d'un poids insuffisant pour avoir un impact significatif. Encore faudra-t-il l’alimenter et les adversaires se feront de plus en plus nombreux au fur et à mesure que la date de paiement approchera, vu l’état des finances de nombreux pays qui voient la récession se profiler.

Sur le plan intérieur, la nouvelle banque d’investissement n’est que la réunion des outils existants et la somme disponible, peut-être plus accessible, n’en est pas plus élevée. Son utilisation est liée à la volonté d’investir du monde économique, lequel ne se trouve pas dans un climat de confiance dans l’absence de cap tracé et dans le ralentissement ou la régression de la croissance européenne et mondiale. L’augmentation de la pression fiscale sur les sociétés ne les incitera pas dans ce sens, d’autant plus que son augmentation sur le capital et sur les consommateurs va diminuer la croissance.

Le gouvernement fait voter un budget qui ne diminue pas les dépenses de l’Etat et l’hypothèse de croissance prise pour 2013 devient de jour en jour plus intenable et par là-même l’objectif des 3% de déficit par rapport au PIB. François Hollande se veut optimiste et croit en sa bonne étoile. Un évènement heureux va certainement se produire, pense-t-il, qui va « rebooster » la croissance et les objectifs de déficit 2013 ne seront pas atteints au moins par les pays du sud. On pourra donc facilement renégocier le calendrier du retour à l’équilibre budgétaire. Voilà deux paris on ne peut plus risqués et qui s’en remettent…la Providence !

La solution n’existe pas dans le carcan qu’a enfilé le gouvernement. Le retour aux trente-neuf heures ne se décide pas dans l’urgence, auquel cas il serait très nuisible à court terme et on ne peut se le permettre. C’est possible mais doucement et en remettant à plat tous les dégrèvements qui étaient associés aux trente-cinq heures. Il serait efficace d’imposer que la première heure supplémentaire ne soit pas payée double mais au prix normal ou un peu mieux. On pourrait graduellement revenir aux trente-neuf heures payées trente-neuf tout en gardant les trente-cinq heures légales. Personne n’a osé le faire de peur de mouvements sociaux. Au moins le couac serait un premier pas de prise de conscience de l’effort national qui va s’imposer à toutes les classes de la société bien au-delà de ce qui est prévu pour 2013.

En refusant une coupe importante dans la dépense publique, en alourdissant la charge salariale pour les années à venir par l'augmentation du nombre de fonctionnaires, en taxant lourdement le capital, en incitant à la fuite fiscale vers l’étranger, en augmentant la pression fiscale, en partant sur une hypothèse irréaliste de croissance, François Hollande ne peut ainsi redresser le pays. La seule bouée de sauvetage n’est plus que la dévaluation de l’euro sous la pression des pays en difficulté mais il y a très peu de chances que l’Allemagne y consente. Alors la dévaluation monétaire ne peut être que nationale ou sur un groupe de pays consentant à créer une monnaie commune dévaluée.

On se heurte alors au dogme de l’euro et de l’avancée radieuse vers une Europe plus unitaire et technocrate que fédérale, soutenu par l’UMP, le Centre et le PS. Autant dire qu’il faut que le ciel nous tombe sur la tête pour que cette idéologie soit ébranlée ! Un gros couac, sec et retentissant, dans le monde économique européen est pourtant l’avenir qui se prépare malgré les efforts des idéologues qui ne font que ralentir la descente aux enfers.

Vous avez dit Couac ! Quoi que c’est peu dire !

La réalité s’annonce bien pire !

Le maître n’est qu’un apprenti sorcier

Il faudra peut-être le remercier !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon