mardi 6 novembre 2012

Confiance et compétitivité ? Mais comment ?

Ces deux mots ont été lâchés par Louis Gallois. Ils résument bien le climat de concurrence dans lequel doivent œuvrer les sociétés commerciales et industrielles ainsi que celui de la confiance dans laquelle doit se trouver le consommateur pour apporter sa contribution au développement économique. Les tergiversations du gouvernement, le manque de cap clair et l’utilisation de la méthode Coué ne peuvent qu’entretenir un climat de défiance, comme le montrent les sondages. Ils engendrent une peur de l’avenir qui se traduit par une restriction des dépenses, laquelle va s’accentuer avec la hausse des taxes et des impôts, et une tendance à l’épargne de précaution qui retire de la monnaie du marché.
L’Etat a une tâche prioritaire, qui est vraiment la sienne, c’est de faire des économies sur les dépenses de fonctionnement en se gardant de toucher aux investissements rentables qui sont des moteurs de l’économie. Tout ce qui peut faciliter l’implantation des entreprises, la facilité de communication, de transport des marchandises et des hommes, la recherche, la créativité et l’innovation, l’efficacité des relations administratives Etat-entreprises, fait partie des investissements à promouvoir.
Mais il y a de larges coupes sombres à faire dans les dépenses de fonctionnement puisque la France se distingue par le plus fort pourcentage de son PIB, soit 56%, consacré aux dépenses publiques, soit encore plus de 17.000 par habitant. Il faut s’attaquer à la multiplication des strates administratives, la complexité des règlementations, des normes et contraintes diverses. La feuille de paie française est une des plus complexes de l’Europe… cotisations accident du travail, sécurité sociale, Pôle emploi, retraite, C.S.G., mutuelle et autres… Ceci représente une trentaine de lignes pour trois lignes de charges et taxes en Angleterre.

L’apparition de strates, comme les communautés urbaines et les contrats de pays, qui ont remplacé les organisations légères et les ententes entre communes pour minimiser les dépenses et offrir un meilleur service, mérite d’être audité sérieusement en termes d’efficacité services rendus/dépenses. On a multiplié ainsi le nombre de fonctionnaires et développé des tâches nouvelles qui ne sont financées que par des augmentations d’impôts.

L’administration est pléthorique et le nombre de fonctionnaires croît avec la complexité des réglementations et des organisations. On ne peut expliquer autrement notre différence avec les pays voisins. Nombre de dossiers doivent par exemple transiter de la commune, au département, à la Région et parfois à l’Etat avant de voir le jour.

Parlons de toutes ces organismes et commissions où se recasent les politiques rejetés de la vie publique. La plupart du temps leurs travaux ne voient jamais le jour. Il pourrait bien en être ainsi du rapport Gallois qui risque d’accoucher d’une souris. Leur multiplication entraîne des dépenses importantes pour une rentabilité quasi nulle.

Rigueur bien ordonnée ayant commencé par les administrations publiques, on peut s’appesantir sur les mesures étatiques favorisant le développement des entreprises. Il est symptomatique de constater la réaction du gouvernement à l’idée d’améliorer la compétitivité. La solution serait le « hors coût du travail », ce qui revient à se défausser sur les entreprises, coupables d’un mauvais management, d’une pauvreté de créativité… La faute est toujours chez l’autre !

En effet les entreprises sont victimes des réglementations, qui protègent le chômeur, le salarié et qui figent le fonctionnement de l’entreprise dans un carcan paralysant. On n’ose plus embaucher en CDI, de peur de ne pouvoir assurer un travail à vie et de ne pouvoir débaucher. On n’ose plus franchir le cap des 20 puis des 50 salariés devant la lourdeur des nouvelles contraintes imposées. Il ne faut pas s’étonner que les entreprises privilégient l’embauche de bas salaires et de CDD, minimisent les risques et ne grandissent pas. 

Les marges des entreprises françaises sont deux fois inférieures à celles des allemandes. Elles sont à leur plus bas niveau depuis 25 ans. La pression sur la productivité, qui en résulte, finit par nourrir l’absentéisme et devient contre-productive. Il ne faut pas passer sous silence les coûts salariaux. D’après la Cour des Comptes, l’employeur rajoute en moyenne 39% du salaire de son employé pour les charges patronales, alors que son homologue allemand n’en rajoute que 19%. Toutes charges comprises, pour un salaire de 100, le salarié va toucher 80 et le patron va débourser 140.

Le poids des charges sociales devient prohibitif et ces dépenses doivent être revues sérieusement comme en Suède, pourvu d’un système social équivalent au nôtre. Le gouvernement ne peut éluder le problème du coût du travail en repoussant celui-ci sur le management des entreprises. Le choix d'un crédit d’im pôt de 20 milliards pour aider les entreprises va dans le bon sens mais son effet ne se fera sentir qu’en 2014 et s’étalera sur plusieurs années, or les entreprises vont supporter en 2013 une nouvelle augmentation des impôts. C’est 20 milliards supplémentaires que Sarkozy et Hollande ont fait peser sur les entreprises depuis 2007. On ne fera que revenir, sur la durée du quinquennat, à la situation antérieure avec une dette publique, déjà passée de 1200Mds à 1800Mds€ en 5 ans. Celle-ci nous demande de payer cette année 45 milliards d’intérêt d’emprunt. De plus l’augmentation de la TVA ne peut que diminuer le pouvoir d’achat alors que l’inflation réellement vécue, hors de statistiques officielles, diminue déjà celui-ci depuis plusieurs années.

Il nous faut regagner de la compétitivité sur le marché européen mais il ne faut pas se faire d’illusions, on ne pourra concurrencer le marché asiatique qu’en délocalisant dans des pays à faible coût de main-d’œuvre. La solution, à laquelle nous n’échapperons pas tôt au tard, c’est la dévaluation de l’euro ou celle d’une monnaie commune ou nationale. L’écart est pour l’instant trop grand avec les pays émergents. Mais ceci est une autre affaire, il faut tordre le cou à la « pensée unique » et personne n’osera le faire avant que la banqueroute nous menace ou menace l’ensemble des pays du sud.

Un « Pacte de confiance » peut endormir le peuple

Mais c’est comme les « délices de Capoue »

Il finit par la défaite et non par le « Pactole » !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire