samedi 29 septembre 2012

Budget 2013… un combat perdu d’avance

Le projet de budget 2013 est enfin prêt à être soumis aux Assemblées. C’est un budget dont les objectifs ont été masqués jusqu’au dernier moment après des tergiversations sans fin. Il en ressort que le « combat » est dirigé contre la France elle-même qui doit payer ses fautes de pays cigale depuis 1974, date à partir de laquelle elle a commencé son endettement. Gauche et droite y ont toutes deux participé mais le dernier gouvernement de droite a affronté la pire crise depuis 1929.

C’est à un gouvernement de gauche qu’il revient d’augmenter les impôts puisque c’est sa vision habituelle de l’économie mais il prend la précaution de prendre 1/3 des réductions de dépenses laissant aux particuliers et aux entreprises le soin de fournir les 2/3 des recettes supplémentaires. Il prend la précaution supplémentaire d’annoncer une croissance du chômage pour ne pas avoir à se justifier par la suite.

Chacun sait qu’il y a des économies importantes à faire dans les dépenses de l’Etat mais elles ne sont pas à faire dans la précipitation en coupant sur les investissements. Ce sont les dépenses de fonctionnement qui sont à diminuer et les investissements à maintenir ou à augmenter s’ils sont rentables pour l’économie du pays. Supprimer des investissements c’est se priver de profits futurs et d’emplois dans le présent. Par ailleurs l’augmentation de la pression fiscale dans un pays, où elle est déjà l’une des plus forte d’Europe, ne peut agir que négativement sur la consommation et sur la compétitivité des entreprises.

On voit donc mal comment un budget de combat pour juguler la dette peut redresser son économie et diminuer sensiblement les dépenses de fonctionnement de l’Etat, dépenses parmi les plus fortes de l’UE. Nous cédons à la pression du FMI, de la BCE et de l’Allemagne avec l’idée qu’annoncer un objectif de 3% de déficit par rapport au PIB suffira à nous garantir les taux d’emprunt actuels soit au plus de 2,9% à dix ans et 0,25% à 3 mois. Il nous faut en effet emprunter 180 milliards en 2013 dont 61,6 milliards provenant du déficit prévu en 2013.

Tout tient donc dans le pari de maintien de la trajectoire et dans la confiance qu’auront les marchés sur notre capacité à réaliser cet objectif de 3%. Or ce budget est bâti sur une croissance de 0,8%, chiffre qui n’est retenu par aucun organisme d’analyse économique public hors de France ou privé. Les estimations oscillent entre -0,1% et 0,5%. Il y a fort à parier que la crédibilité de notre budget 2013 ne soit pas suffisante pour nous garantir la note AAA que nous accorde encore deux agences de notation.

Se donner un objectif de croissance de l’économie alors que rien, ou presque, ne permet une relance dans les entreprises et par ailleurs augmenter la pression fiscale est un combat à reculons qui joue perdant. Le fait d’admettre une augmentation du chômage comme une fatalité est un signe qui ne trompe pas. On espère que le ciel sera clément, que l’Allemagne qui a besoin de nous sera toujours à nos côtés et que nos voisins du sud feront moins bien que nous. L’Espagne va demander une aide et le Portugal aussi, la Grèce est aux abois et l’Italie en forte récession. Les aider signifie une participation financière de notre part donc des emprunts nouveaux. On ne peut miser sur la misère des autres ou il faut oublier la solidarité.

C’est pourtant l’emploi qui devrait être le cheval de bataille de ce gouvernement qui veut ouvrir des perspectives aux jeunes. Ce ne peut être des emplois aidés dans le secteur public mais des emplois à temps plein dans le secteur privé productif. Cela signifie de mettre en œuvre tous les moyens d’aide aux entreprises et de diminuer la pression fiscale. C’est imposer aux dépenses de fonctionnement de l’Etat une coupe drastique pour dégager les fonds nécessaires. La crédibilité de la France sera alors mieux assurée qu’un objectif de 3% de déficit. Compétitivité et rigueur sur les dépenses de fonctionnement de l’Etat sont les seules voies possibles pour ne pas faire tomber la France en récession et sous le coup d’une tutelle budgétaire.

Par ailleurs le monde se tourne vers la guerre sous la pression impérialiste américaine. Nous sommes désormais vassalisés et ceci d’autant plus que notre armée est dans un état lamentable d’après les renseignements de première main dont je dispose auprès de l’Armée de terre. Le budget réellement disponible pour seulement entretenir l’existant, dont la fiabilité baisse chaque année, est en diminution. La France ne peut plus être seule sur un vrai théâtre d’opération. Si la dissuasion nucléaire ne suffit pas, elle ne pourra même plus défendre son territoire.

Enfin on peut se demander si les français vont accepter longtemps que le budget de la justice soit en augmentation pour voir de plus en plus de délinquants épargnés par la prison ou sortis de plus en plus tôt par rapport à la peine encourue. Ceci correspond à une augmentation mathématique de la délinquance à venir et à une diminution de l’encombrement des prisons. Si la France est au-dessus des normes fixées par l’UE sur l’encombrement carcéral, on peut penser que cette opération de vidange des prisons aurait pu suffire pour cette année. Non, dans un budget exceptionnel d’austérité, on investit dans la création de cellules supplémentaires aux frais du contribuable que la délinquance va « raquetter » et terroriser!

L’UE est au bord de la rupture

La récession n’épargnera pas la France

La rue n’épargnera pas son gouvernement

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon