jeudi 13 septembre 2012

Ce n’est pas l’euro qu’il faut sauver mais la France !

On entend les marchés financiers se féliciter de l’accord de la Cour de Justice de Karlsruhe sur le Mécanisme Européen de Stabilité et de la décision de Mario Draghi de racheter des obligations pourries sans limite de montant. C’est en effet de bonnes nouvelles pour les marchés mais cela ne change rien au manque de compétitivité et à l’endettement de la zone euro et plus particulièrement de la France. Que l’Allemagne qui est le pays qui tire le plus de profit de la zone euro soit satisfaite, on peut le comprendre même si elle doit être le principal contributeur au sauvetage des pays en difficulté. Elle pense donc globalement être bénéficiaire.


Ce n’est pas le cas de la France qui sera le deuxième contributeur derrière l’Allemagne et qui est lui-même en déficit chronique de son commerce extérieur dans la zone euro et dans le monde d’ailleurs. Elle s’est donc engagée en faisant le pari que l’euro est une nécessité vitale et l’a institué en véritable dogme. Les ravages que celui-ci a fait dans les pays du sud et en Irlande ne la fait pas changer d’avis. Ce qui arrive aux autres n’impliquerait pas que cela se produise chez nous. Pourtant, au-delà des années 2002-2003, la zone euro n’a apporté aucune amélioration de croissance par rapport aux autres poids lourds du mondialisme. Cela se traduit au contraire, depuis la crise de 2007, par l’arrivée des plus faibles pays européens dans le cycle infernal, austérité-récession.

Le monde des grands affairistes, banquiers et multinationales, veut l’euro et, à sa botte, la gouvernance économique de l’UE. Il veut ponctionner les richesses de ses habitants et la pression sur les milieux politiques est devenue une paralysie de toute velléité politique nationale d’y échapper. La plupart des relais médiatiques, aux mains de la grande finance, font chorus et influent l’opinion publique en agitant le drapeau rouge de la sortie de l’euro et en publiant des communiqués de victoire sur le sauvetage de l’euro.

Pour sauver l’euro, la France est tout simplement en train de se saborder. Nous avions 1800Mds€ de dettes à fin 2011. Si nous tenons seulement nos engagements, nous aurons 90 milliards de plus à fin 2012. A fin juillet, nous avions déjà augmenté la dette de 85 milliards. Malgré les impôts votés en juillet pour 7,4Mds€ et en tenant compte des largesses nouvelles du nouveau gouvernement, le respect des 4,5% du PIB n’est pas encore tenu. Il est prévu de trouver 10Mds€ en réduisant les dépenses publiques et 20Mds€ payés finalement par le consommateur, soit 1/3 État et 2/3 consommateurs. L’expérience des pays du nord dans l’austérité montre que le ratio sur les consommateurs ne doit pas dépasser ¼ ! On est très loin du compte.

Ceci veut dire que nous allons entrer plus avant dans le cycle infernal austérité-récession dont l’issue est un krach ou une faillite implicite. Nous allons dépasser les 90% du PIB pour la dette publique, seuil considéré comme celui au-delà duquel la situation est irréversible. C’est déjà le cas pour la Grèce et l’Italie. L’Espagne, moins endettée, va devoir néanmoins demander une aide à Bruxelles. La prévision de croissance de notre gouvernement à 0,8% est supérieure aux estimations de Bruxelles et du FMI, des milieux bancaires, de la plupart des économistes et sans doute proche de zéro. C’est certainement plus de 30Mds€ qu’il faut trouver pour le budget 2013.

La dévaluation unilatérale de la monnaie unique étant impossible, le seul vrai remède encore à disposition du gouvernement est la diminution des dépenses publiques. Il y a beaucoup à faire mais à deux conditions, d’en avoir une volonté inébranlable et de le faire intelligemment sans précipitation. Nous avons 500.000 fonctionnaires de plus qu’en Allemagne avec 17 millions d’habitants en moins. Parmi eux les collectivités territoriales ont recruté au-delà des besoins dus aux transferts de responsabilité de l’Etat et l’Education Nationale a un secteur administratif surdimensionné. Il y a bien d’autres possibilités, ne serait-ce que définir clairement les responsabilités déléguées entre région-département-communautés de communes-communes, et même contrats de pays, en évitant le morcellement et l'interpénétration, causes de lourdeurs administratives et d'emplois inutiles.

Les premières dépenses à rogner ne sont pas les investissements, à condition de vérifier soit leur utilité soit leur rentabilité, mais les dépenses de fonctionnement. Or on voit déjà que l’on s’apprête à rogner d’abord les investissements, parce qu’un trait de plume suffit, en oubliant qu’ils sont générateurs d’activité économique et d’emplois. Il faut que le montant des diminutions de dépenses soit réaffecté au secteur productif des entreprises par une diminution des charges dans le but d’améliorer leur compétitivité.

L’Etat-Providence est à repenser. La Sécu doit retrouver l'équilibre financier, alors qu'avec 14,7 milliards prévus aujourd'hui, le déficit prévu de 13,8 pour l'année est encore dépassé. Il faut redéfinir ce qui doit être financé par l’Etat, les entreprises et les particuliers. Il faut admettre que l’égalité stricte entre les citoyens est un leurre même si la solidarité pour les plus pauvres reste un devoir. Parmi les redéfinitions à préciser citons par exemple, les prestations familiales, qui sont un devoir de l’Etat car le soutien à la natalité est vital, et par contre les dépenses de santé pour les maladies professionnelles qui sont à imputer aux entreprises, etc.

Avec 600Mds€ à emprunter en 2013, la France est à la merci des agences de notation. Le nouveau traité européen peut seulement faire gagner du temps sur leur décision de dégrader la note des pays de l’euro, mais rien n’est moins sûr. Le carcan monétaire de l’euro, le carcan sans nuance de l’austérité à l’allemande et la propension du gouvernement à faire monter la pression fiscale sur le secteur productif et in fine sur le consommateur, va encore dégrader la compétitivité. La conséquence est la baisse d’activité des entreprises, la récession, le chômage, la baisse du pouvoir d’achat, l’accroissement du déficit du commerce extérieur et l’augmentation du déficit du budget public, la dégradation de notre note par les agences de notation, et un véritable suicide du pays qui ne vit déjà plus qu'à crédit.

Cessons de vivre à crédit

Cessons d’attendre tout de l’euro

Refusons d’être les dindons de l’austérité

Gagnons moins oui mais pour gagner plus demain

Luttons contre un Etat distributeur égalitaire de la pauvreté

Luttons pour que le peuple retrouve la démocratie et sa souveraineté.

Claude Trouvé
Coordonateur MPF du Languedoc-Roussillon

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