lundi 10 septembre 2012

Hollande à la botte de Merkel et des banquiers !

La fête est finie, les vacances aussi. La dure réalité a rattrapé le président. Comme je l’avais prévu, il ne plastronne plus dans une souriante euphorie de croissance décrétée dans le texte du futur traité et une perspective d’amélioration du pouvoir d’achat. Plus un mot de ceux euphoriques d’un candidat qui a séduit les français par sa normalité devant les évènements et la situation laissée par ses prédécesseurs. On allait voir ce qu’on allait voir.


Sa visite à la City, ses échanges avec Angela Merkel, la BCE et le FMI tous deux aux mains des banquiers, ont contraint le chef de l’État à suivre les injonctions d’une austérité à l’allemande. Celle-ci a déjà été imposée à la Grèce, à l’Espagne et à l’Italie. On en mesure déjà le résultat avec une récession, et un chômage et une dette qui s’aggravent. Nous allons donc suivre le même chemin.

Visiblement le président fait semblant de ne pas comprendre que l’Allemagne se nourrit auprès des pays de l’Europe du Sud et en particulier la France. Rien n’est donc changé même si l’ensemble européen recule globalement et que l’économie allemande risque finalement la récession au fur et à mesure de notre descente aux enfers. La recette allemande ne s’applique pas aux pays du sud. La France a avant tout un problème de compétitivité. Si nous ne le résolvons pas, une issue favorable est impossible.

La situation économique pour 2012 se révèle plus mauvaise que prévu. La Banque de France confirme ses prévisions de -0,1% de croissance au troisième trimestre, donc une décroissance. On ne voit pas ce qui peut encore nous éviter d’entrer en récession à la fin de l’année. Le président François Hollande a estimé dimanche sur TF1 que la croissance serait "à peine supérieure à zéro" en 2012. Le gouvernement tablait jusqu'ici sur une croissance de 0,3% cette année, pour un déficit public de 4,5% du PIB. Il est de plus en plus probable que le déficit public sera plus élevé que prévu et le PIB inférieur. En effet la stagnation de l'économie, qui grève les recettes fiscales, et les largesses accordées durant les cent premiers jours du gouvernement, rend plus difficile encore la tâche du gouvernement pour respecter les engagements de la France en matière de maîtrise de son déficit public.

Aujourd’hui l’AFP fait les commentaires suivants : « François Hollande a à ce sujet indiqué dimanche soir sur TF1 avoir demandé au gouvernement d'établir le projet de loi de finances 2013 qui sera présenté à la fin du mois, en fonction d'une prévision de croissance "réaliste", à savoir "sans doute 0,8%". "Je ne veux pas que l'on puisse imaginer que l'Etat prépare son budget avec des hypothèses qui se révéleraient fausses", a-t-il souligné. L'exécutif n'avait pas encore jusque-là corrigé sa prévision de croissance de 1,2% pour 2013, jugée intenable par de nombreux économistes. "J'espère que nous ferons plus que 0,8% mais, en toute hypothèse, nous travaillons sur cette estimation", a ajouté François Hollande. »

La prévision de 0,8% est supérieure aux estimations de Bruxelles et du FMI qui sont de 0,5 à 0,6% pour 2013. Pour une croissance de 1,2% il fallait trouver 30 milliards selon la Cour des Comptes, il faut en rajouter 3 pour une croissance de 0,8% et plus de 2 complémentaires si elle est de 0,5%. Ce n’est donc pas 30 milliards, comme annoncé, mais 33 milliards sur les nouvelles prévisions budgétaires et probablement 35 si Bruxelles et le FMI ont raison.

S’il manque déjà 3 milliards, voire 5, on ne voit pas comment l’engagement de déficit de 3%/PIB sera tenu à moins qu’un miracle se produise. Or la politique annoncée de rentrées fiscales à hauteur de 20 milliards va à contre-courant de la croissance et de la compétitivité. L’augmentation de la fiscalité sur les consommateurs de la classe, moyenne et riche, et sur les entreprises va faire diminuer leur consommation car tout se répercute sur le consommateur. C’est toujours lui qui paye en définitive. De plus la fiscalité plus lourde sur les entreprises va diminuer leur compétitivité, en particulier à l’exportation, mais aussi dans la concurrence internationale sur le marché interne. La suppression des niches fiscales accentue la diminution du pouvoir d'achat. Ce sera donc moins de recettes fiscales, sur la TVA et le bénéfice des entreprise, que les augmentations d'impôts et taxes laissent entrevoir..

En définitive les recettes fiscales ne seront pas celles attendues de 20 milliards, le commerce extérieur va encore se dégrader. Il faut en plus ajouter les 6 milliards prévus au rectificatif budgétaire de 2012. C'est 26 milliards en plus que les français vont payer d'une façon ou d'une autre. Augmenter brutalement la pression fiscale, dans l’un des pays européens où elle est déjà la plus forte, risque enfin de le pousser vers la révolution sociale et la paralysie économique.  Mais on peut douter aussi des 10 milliards d’économies sur les dépenses publiques lorsque l’on maintient le nombre de fonctionnaires dont les salaires représentent la plus grande charge de l’Etat et des collectivités territoriales. En si peu de temps c’est une commission de la hache qui va opérer, commission dont les dégâts peuvent alors s’avérer irréparables comme dans le domaine de la santé.

L’abaissement du chômage ne se décrète pas plus que la croissance à laquelle il est lié. Dans un climat aussi délétère, laisser les syndicats et les entreprises trouver un accord global ne mènera à rien. On peut espérer que des accords se fassent entreprise par entreprise mais la fermeture ou la délocalisation de celles-ci est de plus en plus à l’ordre du jour.

N’oublions pas les 600 milliards à emprunter en 2013 dont 429 pour payer les emprunts arrivés à terme. Nous sommes sous la menace des agences de notation et les taux d’intérêt à court terme ridiculement bas, voire négatifs, risquent fort de ne pas durer car l’ensemble de la zone euro est mis sous surveillance négative. Pour une telle somme d’emprunts, les surcoûts risquent d’être très élevés comme ils le sont pour les pays du sud.

La promesse de Hollande pour 2014 est une promesse de Gascon et son attitude celle du fil de l’eau. Le cap est mis droit sur les écueils et la barre ne semble plus bien fixée au gouvernail. Je soupçonne le président de se dire qu’il ne sera pas le seul à être en difficulté et que les engagements de la France sauteront d’eux-mêmes sous la pression des autres pays du sud. Le tout est de ne pas être le premier à sauter dans la barque de sauvetage mise à l'eau par la BCE. C’est probablement le même raisonnement que fait Angela Merkel pour sa sortie de l’euro…

Personne ne sait si la catastrophe attendra 2013 mais tout homme sensé peut prévoir qu’elle est proche…à moins que la monnaie unique meure avant... on peut toujours rêver même éveillé. La France entre dans le cercle vicieux de la récession et de la rigueur sans vision d'avenir !

Après trente ans d’Etat-Providence, d’Etat cigale,

Et de moins en moins d’Etat-Nation,

La punition... c'est maintenant !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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