samedi 27 août 2011

L’État n’est pas bonne ménagère

Nous ne sommes pas dans la rigueur paraît-il. De l’austérité nous glissons doucement dans une inconscience que nous facilite le discours gouvernemental. Nous allons être maintenus dans cet état jusqu’en avril, où il faudra néanmoins « se découvrir de plus d’un fil ». Les politiciens ont ce grand avantage sur la ménagère, c’est que quand les choses vont mal ils ont plusieurs raisons de ne pas s’inquiéter.

Ils peuvent recourir à l’impôt (au nom de la solidarité nationale), à l’emprunt ou encore à la création monétaire comme la BCE est en train de le faire sous les sollicitations des Etats. L’Etat peut se permettre ce que la ménagère ne peut pas faire, il peut de manière autoritaire avoir recours à l’impôt. Il ne risque rien car ce n’est jamais de sa faute, il y a toujours une justification possible, la crise, l’incapacité des prédécesseurs, les marchés, etc. Ceci induit d’ailleurs, chez nos politiques dirigeants ou opposants, une tendance à la déresponsabilisation génératrice des pires erreurs.

Le dernier exemple de la TVA remontée de 5,5% à 19,5% pour les parcs d’attraction à thèmes en est l’illustration frappante ! L’Etat, sans concertation et d’une manière autoritaire décide brusquement de rompre le contrat qu’il avait avec les dirigeants de cette activité. Il menace ainsi de la détruire. Toute entreprise a besoin d’un environnement stable pour prévoir l’avenir de son activité et elle a des « contrats » à respecter avec ses clients et ses fournisseurs. Une intervention de l’Etat de ce type, arbitraire, sans concertation et brutale est la pire des choses. Philippe De Villiers est fondé d’être atterré devant tant de désinvolture et de méconnaissance de l’activité économique.

La ménagère qui se trouve en difficulté lorsque moins d’argent rentre à la maison, commence par « éplucher » les dépenses qui ne sont pas liées aux besoins vitaux, à la santé, à l’outil de travail, et se pose la question de ceux qui pourraient être supprimés par ordre d’importance ou d’intérêt. L’Etat ne procède pas ainsi. Il se persuade rapidement que les dépenses qu’il fait pour lui-même sont des besoins vitaux incompressibles et analyse avec la plus grande minutie toutes les ressources qu’il pourrait encore obtenir sur le dos du contribuable et des entreprises. Il entre de ce fait dans le royaume des actions inutiles voire nuisibles.

Par exemple supprimer la réduction d’impôts de 10% sur les retraites, mesure proposée par les fouineurs de ressources du ministère, est une aberration. Elle va diminuer le pouvoir de consommer ou d’épargner des retraités. Par ailleurs on va relancer de l’argent dans l’économie pour booster la croissance. Il n’est que d’écouter Xavier Bertrand pour percevoir qu’il n’a aucune notion de ce qu’il faut faire. Il affirme tout de go que l’augmentation du chômage est induite par le zéro de croissance et que celui-ci va se réduire par les actions que va mener le gouvernement.

Mais de quels moyens dispose-t-il ? D’argent à réinjecter dans le circuit. D’où vient-il ? Des trois sources citées plus haut et qui nous concernent directement ou indirectement. Autrement dit, c’est prendre dans notre poche de l’argent pour inciter à consommer plus tout en nous enlevant l’argent pour le faire ! La seule différence c’est que c’est l’Etat qui décide où et comment nous devons dépenser ! Belle leçon d’économie !

Un autre bel exemple est les subventions importantes versées pour la construction des éoliennes. En dehors du fait qu’elles n’embellissent pas forcément le paysage, que les off-shore prennent sur les zones de pêche (Cf. Philippe De Villiers pour la Vendée) et qu’elles ont aussi des nuisances comme les infrasons, nous versons de l’argent dans une industrie non rentable sans se demander si nous en avons réellement les moyens au détriment d’autres utilisations qui peuvent être beaucoup plus productives.

La recherche, qui est le parent pauvre comparée à beaucoup d’autres pays, peut par contre permettre de rendre le solaire rentable pour plus tard. Pour ce dernier nous payons collectivement, et d’une façon totalement imposée, pour des installations non rentables dont une bonne partie d’entre elles est fabriquée ailleurs qu’en France, un comble… nous enrichissons l’étranger.

Quand nos dirigeants auront compris que la vraie rigueur commence d’abord par diminuer fortement les dépenses de l’Etat dans son fonctionnement propre et non par l’impôt, l’emprunt ou la planche à billets, la France pourra peut-être envisager de sortir naturellement de l’impasse dans laquelle elle s’est volontairement engagée depuis plus de trente ans.

Ronald Reagan l’avait compris et ce fut une belle période économique des Etats-Unis. La Chine aujourd’hui, avec son taux d’épargne à 40%, a compris également ce que la ménagère sait instinctivement.

La croissance ne naît que de la diminution des coûts de production d’un bien donné. Elle ne nait pas par enchantement ou par des manipulations monétaires virtuelles. La croissance réelle ne peut naître de la dépense d’argent que l’on crée artificiellement. Un jour ou l’autre la bulle éclate, ce qu’elle a déjà fait, et qu’elle s’apprête à faire encore.

Si cela coûte moins, j’achèterai plus et j’épargnerai pour investir chez ceux qui feront que cela coûte encore moins demain. Grâce à Keynes, on nous entraîne à faire l’inverse. La consommation doit être soutenue à tout prix, consommez, consommez, empruntez, empruntez, l’argent coule à flot aujourd’hui, profitez-en ! Je sais, mais je vois aussi où cela nous mène. Je vois que la politique du court terme, de la satisfaction immédiate, si facile pour trouver des électeurs, creuse les difficultés de demain.

Le dirigisme illusionniste et l’interventionnisme permanent sur l’appareil productif

L’incompétence économique de nos dirigeants irresponsables

Notre passivité dans notre rôle de vache à lait

Le déni démocratique permanent

Sont les moteurs de crise !

Claude Trouvé