mardi 2 août 2011

Le trio incontournable de la réussite : emploi, rigueur budgétaire, intégration (2)

L’économie et le pouvoir d’achat

Pour des raisons autant sociales que de niveau de vie, la possibilité du salarié de travailler autant qu’il en manifeste le désir ou le besoin est un objectif essentiel. Comme nous l’avons vu dans l’article précédent cet objectif n’est pas atteint en France depuis longtemps et nous sommes à la traîne de la majorité des pays de l’OCDE. On ne peut évoquer la crise puisque des pays du centre et du nord de l’Europe ont réussi à progresser de façon significative sur l’emploi et le plein emploi. Or l’emploi et le pouvoir d’achat sont liés à la santé économique du pays.


 Un des indicateurs économiques les plus utilisés est le produit intérieur brut par habitant. Il mesure la valeur de l’ensemble des biens et services produits dans l’année par rapport à la population. Pourtant on ne nous parle que du PIB/hab. en monnaie courante et généralement pour en montrer sa croissance. C’est masquer l’effet de l’inflation. Le graphique ci-contre situe l’évolution de celui-ci en dollars constants pour les quatre pays retenus dans l’analyse sur l’emploi de 2006 à 2010. Il est tiré des informations de l’OCDE en milliards de dollars constants donc inflation déduite. Les chiffres n’ont donc qu’une valeur comparative. 

L’Allemagne et l’Autriche avec respectivement une croissance de 3 ,1% et 2,6% ont bien surmonté la crise. Par contre la France et plus encore l’Italie sont en récession avec respectivement -1,4% et -6,3% selon cette évaluation par rapport au dollar, monnaie de référence. Notons de plus que le PIB/hab. de la France en 2010  est inférieur de 6,9% à celui de l’Allemagne et de 17,5% à celui de l’Autriche. Le retard de ces deux pays, France et Italie, s’est aggravé en quatre ans et ceci rejoint les conclusions sur l’emploi développées dans le précédent article.

Selon la Banque mondiale cet indicateur pour la France en 2009 est d'ailleurs, dans l’ordre, derrière les pays suivants : Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Suisse, Irlande, Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède, Islande, Allemagne, Belgique, Finlande, Royaume-Uni. Elle devance l’Italie mais est en-dessous de la moyenne des pays de la zone euro. Les évaluations peuvent être différentes entre l’OCDE, le FMI, et d'autres, en raison en particulier des divergences d’évaluation des résidents dans le pays. Toutefois les conclusions restent sensiblement les mêmes.

C’est malheureusement un constat, la France a mal traversé la crise depuis 2006 et était en période de récession jusqu’en 2010 alors que tous les pays de l’Europe du Nord la devance sur cet indicateur économique.

L'indicateur que les médias nous transmette le plus souvent est le Produit Intérieur brut. Ce PIB permet de classer les nations par leur puissance économique et place la France au 9ème rang mondial. Mais, au contraire du PIB/hab., la publication de la croissance en termes de PIB ne veut pas dire grand-chose en dehors d’une utilisation politique. En effet il faut tenir compte de l’inflation et de la variation de la population.

En 2010 l’Allemagne a eu une inflation annuelle de 1,1%, une décroissance de la population de l’ordre de 0,15% et une croissance du PIB de 4,2% et de 3,4% du PIB/hab. Il faut lui retirer 1,1% sur sa croissance de PIB et 1,0% sur le PIB/hab. Ceci ramène sa croissance réelle à 3,1% sur le PIB et 2,4% sur le PIB/hab. Le même calcul pour la France ramène la croissance du PIB de 2,3% à 0,8% pour une inflation de 1,5% et celle du PIB/hab. de +1,4% à -0,7% !

En conclusion il est important de regarder les chiffres de plus près et de ne pas se limiter aux chiffres toujours publiés dans un but politique. La France voit sa puissance économique croître réellement de 0,8% au lieu de 2,3% en 2010 mais les ressources disponibles par habitant ont diminué de près de 0,7%. Avec une croissance aussi molle et un laxisme budgétaire le PIB/hab. diminue.

La France n’était pas sortie de la crise en 2010 !


Il est important d’aller plus au fond des comparaisons entre pays pour mieux comprendre la politique économique de nos quatre pays. Il nous faut regarder comment se répartissent les dépenses du PIB en 2010 dans ces quatre pays. Le graphique ci-joint montre la répartition en 2010 entre les différents postes de dépense du PIB. Sur la consommation des ménages l’Autriche et l’Italie divergent nettement, 53,8% pour L’Autriche et 60,4 % pour l’Italie. L’Allemagne et la France se tiennent de près avec respectivement 57,8% et 58,2%. A première vue il semblerait que l’habitant vive mieux en Italie qu’en Autriche et de la même façon en Allemagne et en France. Nous approfondirons cette contradiction apparente.

Ce qui différencie la France des trois autres pays c’est la consommation publique de 24,8% donnant une différence de +3% en moyenne et de +5,4% par rapport à l’Allemagne ! L’Etat français est trop dépensier. En ce qui concerne le capital (logements, équipements de génie civil, transports, etc.) la France se situe dans la moyenne et devant l’Allemagne. Au total la France reste globalement le pays le plus dépensier avec 44,2% de ses ressources soit 7,3% de plus que l’Allemagne. 

La France se signale négativement également par la plus petite part des dépenses de l’état pour les investissements avec 43,9%, Allemagne (47,4%), Italie (48,8%), Autriche (53,4%).

Enfin nous constatons les soldes positifs du commerce extérieur en Allemagne et en Autriche et négatifs en France et en Italie. Avec -2,4%, la France fait le plus mauvais score. La situation s’aggrave d’ailleurs en 2011. Au passage on peut remarquer qu’à solde extérieur nul la part de consommation des ménages serait de 61% pour l’Allemagne, 56,6% pour l’Autriche, 59,3% pour l’Italie et de 56,8% pour la France. C’est bien l’apport du commerce extérieur qui permet de diminuer le poids de la consommation des ménages allemande.

Nous avons vu que la France n’avait pas traversé la crise sans dommage contrairement à l’Autriche et l’Allemagne entre 2006 et 2010. Qu’en est-il des salariés de ces pays quand à leur pouvoir d’achat ?

Le graphique ci-joint montre le pourcentage de l’évolution de la consommation des ménages en prix constants (inflation non incluse), des salaires et du PIB/hab. entre ces deux dates. Autriche et Allemagne se différencie nettement de la France et de l’Italie. L’augmentation des salaires dépasse nettement celle de la consommation des ménages chez les deux premiers au contraire des deux autres. Pour l’Italie il s’agit d’une régression franche salaires-consommation.

On voit nettement que l’augmentation des salaires entraîne l’augmentation de la consommation des ménages et la diminution des salaires, pour l’Italie, une diminution corrélative de la consommation.

Là encore la France se signale par une augmentation importante de la consommation des ménages de 45% supérieure à celle des salaires. Il y a donc fort à parier que les ménages ont puisé dans le bas de laine ou se sont endettés, ce que semble confirmer le PIB/hab.

En conclusion de ce chapitre il est évident que la France et les français vivent au-dessus de leurs moyens et que l’incitation à la consommation des ménages ne correspond pas à l’augmentation des salaires. Les ressources par habitant sont en diminution à monnaie constante depuis 2006 et le pays n’était pas sorti de la crise en 2010.

Le déficit du commerce extérieur de 2010 représente plus de 5% des dépenses administratives et d’investissements de l’Etat. La comparaison entre les quatre pays étudiés montre clairement des orientations politiques différentes. L'Autriche et l'Allemagne où la compétitivité entraîne des soldes positifs du commerce extérieur et où la consommation publique représente environ 20% du PIB et la France avec un solde négatif du commerce extérieur et une  consommation publique avoisinant les 25% du PIB.

La rigueur budgétaire s’impose, l'Etat français dépense trop mais l’aggravation du solde du commerce extérieur et le déficit budgétaire nécessitent également de remettre la France dans la compétitivité au niveau mondial. Nous aborderons ces deux points dans un prochain article.

L'exemple de l'Autriche et de l'Allemagne montre qu'une autre politique est possible et que même en période de crise on peut disposer d'une croissance positive du PIB/hab. Non la France n'est pas le pays qui s'est sorti le mieux de la crise mondiale, crise d'ailleurs toujours en cours. La solution existe, elle demande volonté et courage politique avec un message clair aux français. Le MPF a donné les voies audacieuses qu'il faut suivre, nous y reviendrons.


France il te faut sortir réellement de la récession !
Tes dépenses administratives sont excessives !