samedi 23 septembre 2017

France molle et Europe malade de son avancée fédéraliste (3ème partie)

Les deux articles précédents ont montré qu’il fallait considérer trois groupes distincts de pays divisant l’UE en pays de l’Est, pays de l’Ouest, et pays en grande difficulté. Pour le groupe de l’Ouest, dont la France fait partie et dont il faut exclure le Royaume-Uni, le lien entre les variations des exportations et celles du PIB/habitant ne fournit pas de causalité forte. Le groupe de l’Est réunit des pays à fortes variations, soit des importations ou exportations, soit du PIB/habitant. Le lien est alors significatif et décroissant avec les exportations. On peut noter que ces pays sont récemment inclus dans l’UE avec un faible PIB/habitant de départ sauf pour le Royaume-Uni.

Avant de quitter l’étude des liens entre le commerce extérieur et le PIB/habitant, il est intéressant de regarder si le volume du commerce extérieur, importations et exportations, est un facteur de dynamisme de la croissance du PIB/habitant. Pour ce faire les variations des importations et des exportations ont été algébriquement sommées. Le résultat sur l’ensemble des pays de l’UE ne fait que confirmer les constats précédents, à savoir l’existence de deux groupes principaux Est-Ouest donnant des réactions au commerce extérieur sans tendance statistique, que ce soit sur l’effet séparé ou combiné des variations des importations et exportations, soit sur le volume global des transactions commerciales extérieures. 

Le graphique ci-contre, fait abstraction des trois groupes de pays. Il ne représente que les pays voisins de la France. Il est clair qu’aucune tendance ne se dégage, les pays réagissent différemment. On note que la France se signale par une faiblesse de la variation du volume du commerce extérieur et du PIB/habitant. Les résultats de l’UE et de la zone euro sont meilleurs. On note aussi que l’augmentation notable du PIB/habitant est obtenue par des variations à l’opposé sur le volume du commerce extérieur entre le Royaume-Uni et la Suisse par exemple. Une donnée économique rassemble ces deux pays, ils sont maîtres de leur monnaie…
  
Le deuxième indicateur qui intéresse les français est le chômage ou le taux d’emploi. L’examen de l’impact du commerce extérieur sur ce dernier indicateur amène à des conclusions totalement identiques avec les trois groupes de pays. Dans le groupe Ouest la variation du taux d’emploi n’a pas de lien statistique avec celle du commerce extérieur, même si le taux d’emploi moyen du groupe a crû avec l’augmentation des exportations. En fait d’autres facteurs ont une influence qui peut être prépondérante et brouille le résultat obtenu dans les différents pays. Comme pour le PIB/habitant, les réactions du groupe des pays de l’Est est très sensible à ce facteur même s’il n’explique pas tout. Les Pays Baltes par exemple ont un taux d’emploi et un PIB/habitant sans commune mesure avec les pays de l’Ouest malgré une croissance identique, voire moindre, des exportations.

Le graphique ci-contre sur des pays voisins illustre de façon claire la présence d’un ou plusieurs autres facteurs dont l’influence peut être prépondérante. Les cas de Malte, de l’Irlande, de la Suisse et du Royaume-Uni sont particulièrement significatifs quant aux différences d’impact sur le taux d’emploi que peuvent avoir les variations des exportations. De toute façon la France affiche un dynamisme inférieur à celui des autres pays de son groupe durant cette période du quinquennat Hollande.

En conséquence baser une politique économique sur le seul facteur d’aide aux sociétés exportatrices n’assure en rien une progression à hauteur des pays de la zone euro et encore moins de ceux de l’UE pour le PIB/habitant et le taux d’emploi. Pour une même variation des exportations on a des résultats totalement différents d’un pays à l’autre. Ceci tient au fait que le produit des exportations ne revient sur le pays concerné que si les entreprises ne délocalisent pas ou ne se servent pas en plus des paradis fiscaux ou de sièges de holding à l’étranger. Or c’est vers les grandes entreprises qui exportent beaucoup que va l’essentiel de l’aide de L’État. La nouvelle loi travail va dans ce sens en ajoutant des facilités de flexibilité pour les petites entreprises et des miettes de sécurité pour les salariés. Si l’Irlande progresse autant sur son PIB/habitant et son taux d’emploi, c’est en grande partie parce qu’elle offre des conditions d’accueil favorables aux grandes entreprises, conditions qu’elle a réussi à extorquer à l’UE.

Quand je dis que les variations du PIB/habitant ne sont pas liées strictement aux exportations, cela n’implique pas que les grandes entreprises exportatrices n’y trouvent pas leur intérêt, mais que les retombées sur le peuple dans son niveau de vie et son emploi peuvent être très maigres. Ceci implique donc que d’autres facteurs peuvent avoir une influence prépondérante et être plus tournés vers le bien-être du peuple. Le peuple a droit au bonheur et il fait confiance à l’État pour le lui procurer, or son bonheur n’est pas dans l’enrichissement des lobbies qui sont chiches des retombées financières. L’incitation à produire et à vendre à l’extérieur se heurte au problème de compétitivité. Vouloir l’améliorer en jouant sur le coût du travail est une absurdité comme je l’ai précédemment montré. Le travailleur moins payé va moins consommer, cela se vérifie statistiquement dans tous les pays de l’UE. Baisser le coût du travail par une aide financière de l’État, qui prend l’argent par l’augmentation d’une taxe sur une partie de la population, est une autre absurdité car cette population spoliée consommera moins.

Si la consommation baisse, les petites et moyennes entreprises voient leurs commandes baisser et les commerçants ferment boutique, car ils sont tous liés à la consommation intérieure du pays. Ceci touche moins les grandes entreprises. Renault vendra moins de la marque mais plus d’une sous-marque fabriquée en Roumanie. Dans un pays où le PIB/habitant est en chute ou en chute relative par rapport aux autres pays avec lesquels il commerce, la politique de l’offre ne peut mener à la relève du pays. Il est de bon ton de critiquer le Royaume-Uni pour le Brexit, mais ce pays, sans faire réellement croître ses exportations a réalisé un bond « en avant marche » à son taux d’emploi de plus de 5% et de 22% de son PIB/habitant. En comparaison la France a fait respectivement 1% et moins de 6%, et l’Allemagne près de 3% et 13%. Ajoutons qu’en 2016 les taux d’emploi dans ces deux pays étaient plus élevés qu’en France et que le PIB/habitant en Allemagne était à 38.100 , 36.100 au Royaume-Uni, et 33.300 en France ! Cocorico !

Après ce tour d’horizon sur le mirage du commerce extérieur dans un pays en panne de compétitivité, enclavé dans une politique de l’offre et de l’austérité, il nous faut jeter un coup d’œil sur la consommation des ménages et la monnaie dans un prochain article. 

Les puissances financières et industrielles mènent la danse,

Récupèrent les aides financières diverses sur notre dos

Pendant que le bonheur du peuple reste

Le cadet de leurs soucis grâce à

Une loi travail à leur profit !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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