jeudi 27 juin 2013

Une nouvelle épine pour l’Europe : la Croatie

Le 1er juillet 2013 la Croatie entrera dans l’Union Européenne, portant son nombre de pays à 28. Son entrée s’est cependant faite à reculons avec 56% d’abstention dans le référendum du 22 janvier 2012. Sur une superficie de 56.542 km2, ce pays, dont de nombreux français connaissent la côte Dalmate, augmente la population européenne de près de 4,3 millions d’habitants. En tant qu’ancienne région de l’empire austro-hongrois, la Croatie garde des liens historiques avec l’Allemagne. Ancien territoire yougoslave, elle est indépendante depuis le 25 juin 1991.

L’intégration boulimique de pays européens continue à accumuler les difficultés d’une Union européenne disparate qui cherche à créer des liens indéfectibles entre ses différents pays alors que les nationalismes se font de plus en plus entendre. La Croatie, dont l‘économie est essentiellement tournée vers le tourisme et les services, est un pays où le chômage est endémique et le pouvoir d’achat n’est que de l’ordre de 60% de la moyenne de celui des pays européens. L’entrée de la Croatie dans l'UE relance la peur d’une invasion d’ouvriers croates, notamment en Allemagne et en Autriche.

Alors que le chômage atteint 12% dans l’UE et que le chômage des jeunes atteint des sommets (60 % des jeunes entre 14 et 24 ans sont sans emploi en Grèce, 56% en Espagne, 38% en Italie, 25% en France), la Croatie va déverser ses chômeurs sur une Europe qui entre en récession ! Pendant ce temps les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles pour parler de l’union bancaire pour faire barrage au risque systémique d’effondrement des banques où tout au moins aux 150 à 200 plus grosses d’entre elles. La vraie peur du système économique et financier reste le lien entre les Etats et le secteur bancaire.

Ils vont aussi parler de la peur du chômage, car c’est la peur des mouvements sociaux qui viennent perturber la machine économique. Alors les dirigeants européens se penchent sur la question du chômage des jeunes : “S'ils ne travaillent pas, les jeunes vont perdre foi dans l'opportunité que représente l'UE ainsi que dans l'importance de l'unité européenne. Sans jeunesse heureuse, il n'y a pas d'avenir européen", estiment-ils. Les grands défenseurs de l'Union européenne clament que la mobilité est la condition essentielle à un renouveau du marché du travail ; il faut selon eux améliorer cette mobilité, mettre un terme aux préjugés et aux peurs, l'Europe est un grand marché qu'il faut ventiler et débarrasser des obstacles juridiques et mentaux.

Alors on va même en arriver à inclure les « putes » dans les statistiques de l’emploi ! Ce n’est pas une blague ! Ce marché demande trois conditions, une main-d’œuvre, un lieu d’implantation conforme aux lois du pays, un marché. Ces conditions sont réunies en Autriche où la prostitution est légalisée, avec une Italie toute proche où elle ne l’est pas et une main-d’œuvre facilement « recrutable » venant des pays de l’Europe de l’est. C’est ainsi qu’une gigantesque maison close va bientôt voir le jour à Hohenthurn, petite ville de 800 habitants en Carinthie (Autriche). Les investisseurs ont annoncé que 140 prostituées y travailleront !

Même si ce « bassin » d’emploi, si vous me pardonnez l’expression, n’est pas le seul possible, et si lorsqu'une jeune fille de 24 ans émigre, cela ne signifie pas qu'elle le fait pour se prostituer, la transhumance de l’Italie vers l’Allemagne reste massive. Entre 2011 et 2012, le nombre d'italiens en Allemagne a augmenté de 40 % ; l'année dernière, environ 12 000 travailleurs italiens qui sont partis pour l'Allemagne. Ceci peut être expliqué en partie par la démographie faible de l’Allemagne et le fait que l'Allemagne offre des aides aux familles avec des nouveaux nés, tandis qu'en Italie les aides sociales sont inexistantes.

L'année dernière, l'Allemagne, seule locomotive européenne, a connu une immigration de plus d'1 million d'ouvriers, pour la plupart venus d'autres pays d'UE, de la Grèce à la Pologne. Les disparités économiques et sociales sont telles dans l’UE que les principes de libre circulation des capitaux, des hommes et des marchandises, signés dans les traités sont violés sans vergogne. Ceux de la libre circulation des capitaux sont violés à Chypre. Ceux de libre circulation des hommes incitent l’Allemagne et l’Autriche à les violer en évoquant l’utilisation de leur droit "moratoire" afin de limiter l'entrée des Croates sur leur marché du travail et par la France à propos des Roms. Ceux de la libre circulation des marchandises de l’OMC sont violés par la menace de protectionnisme de l’UE vis-à-vis de la Chine !

Disparité vis-vis du traité de Schengen, disparité des monnaies, disparité des lois sociales, disparités grandissantes des niveaux économiques, disparités des impôts et taxes, disparité des politiques étrangères, violation des principes fondateurs, etc. montrent que l’Europe fédérale est un horizon lointain, un mirage qui recule au fur et à mesure que l’on avance. L’Europe est mal bâtie et fait des millions de malheureux dans toute l’Europe du Sud, mais elle perdure… alors à qui profite le crime ? Aux banques, à la grande finance, aux multinationales et à la géostratégie américaine.

Une Europe, qui s’assoit sur ses principes fondateurs,

Avoue son impuissance à les faire respecter

Et à faire le bonheur des européens !

Changeons-là !


Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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