vendredi 21 juin 2013

Le Cor(ps) d’Etat sonne la Retraite… du chômage (1ère partie)


Le COR (Comité d’organisation des retraites) a sonné en écho dans le rapport Moreau. Mais François Hollande a parlé devant les syndicats donc devant la nation. « Si je ne devais retenir qu'un seul enjeu, c'est celui de l'emploi, c'est un défi qui nous concerne tous. Plus de 10 % de la population active privée d'emploi... c'est un gâchis pour l'économie ». L’urgence n’est plus les retraites mais l’emploi. Le rapprochement des régimes de retraite public et privé n’est pas une mesure de justice… car les fonctionnaires seraient défavorisés. Trop dangereux politiquement !

Il n’est pas non plus envisagé de réforme en profondeur du système de retraite comme cela avait été prévu en 2010 pour le premier semestre 2013. On va hypocritement passer la durée de cotisation de 42 à 44 ans. Ce qui mathématiquement doit augmenter le nombre de chômeurs si le nombre d’arrivées de jeunes dans la vie active dépasse le nombre des départs à la retraite ! Est-ce la première mesure pour diminuer le chômage ? Alors c’est raté ! D’ailleurs l’INSEE, après le FMI, l’OCDE et l’UE prévoit que le chômage ne baissera pas fin 2013.

Mais revenons au système de retraites et sur le sacro-saint départ à 62 ans. Cette limite ne tiendra qu’un temps, celui de digérer la réforme 2013 et sera de nouveau remise en cause en raison de l’allongement de la durée de vie. Et si l’on reprenait le problème à l’envers ? La croissance pour les années qui viennent ne serait plus celle des 4 ou 5% qu’ont connues les belles années d’avant l’euro. On supposant qu’elle soit proche de zéro on sait que le chômage peut atteindre les 12%, ce qui est le cas dans l’eurozone.

Si l’on veut le plein emploi ou presque (4% de chômage pour tenir compte du temps moyen de recherche d’emploi), il faut des départs à la retraite plus nombreux. La durée de cotisation doit donc être diminuée et non augmentée ! Le surcoût de ce surplus de départs serait compensé en partie par la diminution des allocations chômage et par une augmentation du taux des cotisations retraite. Avouez que pour un jeune, payer plus pour sa retraite c’est mieux que de se trouver au chômage.

On peut ajouter à cela la possibilité de prendre sa retraite quand on veut avec un calcul de la retraite au prorata de la durée de cotisation. Au-delà de l’âge légal de la retraite, on peut imaginer que le taux de la cotisation retraite augmente de façon progressive pour inciter ceux qui continuent au-delà de l’âge légal à finalement prendre leur retraite, leur salaire diminuant au fil du temps. Utopie ? Non les systèmes les plus souples sont toujours les meilleurs. Le départ à la retraite à une date décidée par le futur retraité est déjà opérationnel en Australie. En France l’Etat aime tellement décider de tout qu’il tue les solutions nouvelles.

Revenons sur terre et demandons-nous pourquoi on ne parle pas sérieusement de converger vers la justice qui voudrait qu’à revenu égal, on puisse avoir une retraite égale et que l’on élude la discussion sur le régime par annuités français et le régime par points ou régimes par comptes notionnels.

Dans le régime par annuités français, les trimestres cotisés donnent droit à un âge donné, à un certain niveau de pension (en théorie, 50% du salaire moyen des 25 meilleures années pour une carrière complète dans le régime de base du privé). Théoriquement, le taux de cotisation peut augmenter pour équilibrer les régimes.

Les régimes par points sont en vigueur en Suède, Italie et Allemagne. Les salariés acquièrent, via leurs contributions sociales et celles des employeurs, soit des points, soit un capital virtuel ("virtuel" parce qu'il finance, selon la logique de la répartition, les retraites en cours : il ne s'agit pas d'un plan d'épargne personnel). Le niveau de retraite dépend de la valeur du point qui peut varier en fonction de l'état des finances et de la démographie des régimes. C'est déjà le cas en France avec les caisses complémentaires Arrco et Agirc qui ont engagé une baisse du rendement de leurs points depuis plusieurs années.

On recule parce que cela demande une étude approfondie et une volonté politique que n’a pas ou n’a plus le gouvernement actuel pourtant en début de mandat. Toutes réformes en profondeur, surtout celles qui simplifient les choses, se heurtent à toutes les exceptions et modulations ajoutées en strates successives au cours du temps. Il soulève la désapprobation des catégories concernées. Mais sans réforme en profondeur, alliant justice et équilibre financier pour l’avenir, il n’y a aucune chance de parvenir à une solution durable et commencer, pour l’Etat, à faire des économies sur le long terme soit 10 ans. Les plans à 20 ans n’ont aucun intérêt, leurs hypothèses ne tiennent pas plus de deux ans avant de tout remettre en cause.
   
Courage dans l’action, simplicité et justice dans le raisonnement,
 Bon sens et participation constructive de tous, 
Objectifs clairs et atteignables, 
Avez-vous fui nos élites ? 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon