jeudi 12 juillet 2012

Une zone Euro surtout productrice de chômage

L’euro devait nous conduire vers un avenir meilleur et nous protéger des grandes turbulences du monde économique et financier. Il est évident désormais qu’il n’en a rien été. Nous avons subi la crise de 2008-2009 dans d’aussi dures conditions qu’ailleurs, hors de la zone euro ou hors de l’UE. Notre pays a cru sauver l’industrie automobile par des aides financières, il était clair que cela ne faisait que retarder le moment où cette industrie devait repenser sa stratégie et s’adapter au marché. 

Le gouvernement précédent et l’opposition d’alors ont stigmatisé les délocalisations de Renault et loué son concurrent PSA. On voit ce qu’il en est résulté… Renault résiste désormais mieux que PSA qui annonce un plan drastique de réduction des effectifs. Il y a certes une responsabilité d’une industrie donnée mais cela montre que ce n’est pas l’euro qui protège, c’est l’entreprise elle-même qui gagne ou qui protège des parts de marché. L’intervention de l’Etat ne peut qu’être là pour amortir le choc de l’arrivée des chômeurs mais c’est la collectivité nationale qui l’assume finalement.

Si les gouvernements ne prennent pas des mesures rapidement, le nombre de demandeurs d'emploi pourrait bondir de 4,5 millions dans la zone euro au cours des 4 prochaines années, pour atteindre 22 millions, prévient l'Organisation internationale du travail (OIT). L’OCDE prévoit un taux de chômage moyen de 7,7% dans les 34 pays qui la composent, la zone euro prévoit au moins 11%. C’est le taux le plus élevé depuis la création de l’euro ! La zone euro faisant partie de l’OCDE on voit que le décalage doit dépasser les 5% entre elle et les autres pays. Qui dira encore que l’euro protège ?
Et le pire est à venir si la dégradation de l'économie se poursuit. De nombreuses entreprises ont, en effet, limité pour le moment les réductions d'effectifs, dans l'espoir d'une amélioration prochaine de la conjoncture. "Si leurs attentes ne sont pas suivies d’effet, elles pourraient ne plus être capables de conserver leur personnel", prévient l'Organisation Internationale du Travail. Le pire pour la zone euro sera alors le pire du pire. On sait qu’en France les mises à pied ont été retardées avant l’élection présidentielle.
L'emploi précaire a considérablement augmenté en raison de la réticence des entreprises à embaucher dans un climat d'incertitudes économiques. Les chômeurs de longue durée, qui comptaient pour 27% des demandeurs d'emploi avant la crise, sont désormais 35%, ce qui accroît le risque d'un chômage davantage structurel que conjoncturel en raison de l'érosion des compétences.

"Il est impératif que les gouvernements utilisent tous les moyens à leur disposition pour aider les demandeurs d'emploi, en particulier les jeunes, en supprimant les obstacles à la création d'emplois et en investissant dans l'éducation et la formation professionnelle", a insisté Angel Gurria lors de la présentation du rapport au siège de l'OCDE, à Paris. Ceci vaut pour la zone euro.
Il est néanmoins inquiétant quand on voit d’une part que Hollande milite pour la mise à disposition de fonds européens pour des dépenses d’infrastructures et que dans le même temps il remet en cause la construction de lignes TGV génératrice d’emplois, fournissant des conditions meilleures au développement des industries et à la mobilité des travailleurs, et donnant un coup de pouce à la décentralisation.
On se demande où est la cohérence si ce n’est dans le fait que nous espérons que ce soit l’UE qui nous sauve, nous évitant de faire nous-mêmes les efforts nécessaires. Il est primordial pour recréer des conditions de développement du pays que les dépenses d’investissement soient privilégiées par rapport à celles de fonctionnement. Ce simple principe de bon sens ne se heurte qu’au courage politique de tailler dans des dépenses de l’Etat, mal utilisées ou réparties, inutiles ou de confort. C’est plus difficile et plus long à mettre en place mais les mesures clientélistes qui se profilent n’iront pas toutes dans la bonne direction, et les impôts et taxes non plus.
Le président est devant la réalité économique.
Il n’a fait que des promesses clientélistes pour se faire élire.
Il risque désormais de décevoir… au mieux.
Car c’est au pied du mur que l’on voit le maçon !
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon