mardi 10 juillet 2012

Le malheur des uns ne profitera pas longtemps au bonheur des autres

Pour la première fois de son histoire la France emprunte à des taux négatifs, c’est-à-dire les investisseurs payent pour prêter de l’argent à la France, comme à l’Allemagne, aux Pays-Bas, là a Finlande, à l’Autriche, au Danemark et à la Suisse. Super me direz-vous ! Pas si sûr !

Cela prouve qu'en ces temps de turbulences financières, la France fait figure de pays sûr. Toutefois il faut ajouter : « de pays sûr relativement ». Dans ce contexte l’investisseur recherche la sécurité. La France n’est pas encore en récession comme le prévoient la Grèce, le Portugal, l’Espagne (-1,7%) et l’Italie (-2%). Elle compte sur 0,3% de croissance et dit tenir ses engagements sur le déficit public à 4,5% du PIB en 2012 et à 3% en 2013. Il n’y a plus grand-chose à acheter dans les pays dits sûrs, l’investisseur traditionnel surenchérit pour pouvoir placer son argent.

Mais attention tout ceci ne tient que sur les promesses du gouvernement sur un avenir incertain. SI la récession prévue dans l’Europe du Sud est accompagnée d’une augmentation des mesures d’austérité comme cela se dessine en Espagne et en Italie, cela impactera directement les économies des pays voisins. Globalement l’Europe de 2012 va moins bien que celle de 2011.

Dans l’autre sens en ramenant son taux de dépôts à zéro, la BCE a accéléré la baisse du rendement des actifs monétaires. Trois grands gestionnaires d'actifs, JPMorgan, Goldman Sachs et BlackRock ont annoncé qu'ils gelaient certains de leurs fonds monétaires européens. Ces mesures des Banques centrales,  BCE et FED, montrent aussi les limites de l'intervention des banques centrales. « Des taux d'intérêt bas ou nuls contribuent à stabiliser l'économie dans les périodes de crise mais s'ils se prolongent, ils créent des distorsions, ils favorisent la formation de bulles et créent des risques pour les investisseurs à long terme » (les Echos), a ainsi souligné vendredi Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.

On nage en pleine approximation et cela tourne à la valse hésitation. La globalisation financière n’a plus ni gouvernail ni cap. On note par ailleurs que la Bourse repart à la baisse en France et aux Etats-Unis, que les retards s’accumulent pour le sauvetage de l’euro, que l’Eurogroupe s’ouvre sur un regain de tension autour de l’Espagne (ses taux d’emprunt repassent au-dessus des 7%) avant que l’on reparle de l’Italie, que la reprise se fait attendre aux Etats-Unis et que son chômage augmente. Dans tout cela la France résiste à la pression fédéraliste de l’Allemagne, on n’est donc pas en vue d’une véritable solution consensuelle.

La comparaison de nos coûts de main-d’œuvre avec les pays européens montre que nous ne sommes pas « compétitifs ». Nous avons de moins en moins à vendre mais nous sommes mieux lotis que le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce. L’Etat-Providence va payer pour ses 35 heures, sa protection sociale et ses retraites basées sur de moins en moins d’actifs. C’est ainsi que sa production industrielle baisse depuis 2000 alors qu’elle a augmenté en Allemagne.

La France est sur un volcan qui peut se réveiller d’un jour à l’autre sous la pression des marchés. Sa parole est encore crédible car le gouvernement maintient les objectifs prévus précédemment. En effet l’équation qu’il a à résoudre risque de n’avoir pas de solution dans le domaine d’application qui lui est imparti, c’est-à-dire dans le cadre de la monnaie unique. Dans un pays de moins en moins industrialisé et de moins en moins compétitif, la demande intérieure ne peut que diminuer quand on augmente la pression fiscale et la demande extérieure reste bridée par un euro fort non manipulable. Il y a donc fort à parier que les engagements ne pourront pas être tenus et le fragile esquif peut rapidement chavirer.

Une hirondelle ne fait pas le printemps

L’été sera chaud dans les réunions européennes

Les feuilles d’augmentation d’impôt tomberont en automne

L’hiver ne sera pas qu’un fait divers.

Bonnes vacances
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon.