vendredi 4 novembre 2011

Une Europe à deux vitesses ?


Voilà un G20 terminé avec un résultat on ne peut plus maigre et assorti à un vote grec, celui d’une nation qui ne représente que 2% du PIB de la zone euro. Le couple Merkozy a œuvré pour que la Grèce ne quitte pas la zone euro. Les messages largement adressés aux politiques grecs « si vous sortez de l’euro, on vous coupe les vivres », ont remis le référendum… aux calendes grecques. On note le grand élan de solidarité du style « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».


Le mot d’ordre était : « Peu importe la santé de la Grèce, l’important est de garder la Grèce et éviter la contagion ».  La Grèce va se mouvoir dans une calamiteuse odyssée car nul ne peut penser qu’elle est capable de s’en sortir même avec un apport de 100 milliards d’euros. Sa flotte, ses ports et son tourisme ne peuvent même pas lui permettre d’équilibrer sa balance commerciale. Avec une croissance intérieure plombée par la rigueur imposée au peuple, la dette ne peut que s’accroître. Quel peuple pourrait supporter d’être mis sous tutelle et affamé jusqu’en 2020 ?


 Le peuple a été privé de la possibilité de s’exprimer et la question était piégeuse.  « Voulez-vous oui ou non rester dans la zone euro ? », question piège puisque la seule à laquelle peuvent répondre les grecs, c’est « Acceptez-vous oui ou non les mesures d’austérité imposées ? ». On a fait savoir en même temps que la sortie de la zone euro impliquait la sortie de l’euro. Pauvre Papandréou surnommé « napa d’euro »… Les urnes seront dans la rue !


Tous les autres se sont défilés. Les Etats-Unis nous font confiance (cela nous fait une belle jambe) et font de vagues promesses sur les paradis fiscaux (on croyait que c’était déjà fait !), les Chinois attendent de voir pour s’engager, la BCE a un message alambiqué (les caisses sont vides), le FMI va servir de test-crash pour Berlusconi (la confiance règne).


On note beaucoup de discrétion sur l’Espagne qui va être la nouvelle cible des marchés et sur le Portugal qui s’enfonce dans la paupérisation (des enfants s’évanouissent à l’école et doivent être alimentés). Pas un mot non plus sur la croissance comme si la récession était devenue un fait acquis.


L’Europe a étalé la faiblesse des fondations de son édifice et du toit de son euro qu’elles ne supportent plus. De toute évidence l’Europe est à reconstruire. Même si la sortie de l’euro pour la Grèce est sans doute, une option finalement préférable, elle est politiquement difficile à faire accepter. C’est la même chose en France. Alors une question se pose : « l’euro existe, peut-il encore être sauvé ? ».


Une idée fait son chemin et pourrait être une façon pragmatique de le sauver en tenant compte du chemin parcouru. Un certain nombre de pays, soit ne pourront répondre aux critères imposés sur la dette, soit ne le peuvent que par une aide permanente. D’autres pays frappent à la porte mais sont des pays faibles économiquement. Il peut cette fois être viable de permettre à des pays comme la Grèce de sortir dans une zone « sas », zone qui serait aussi une zone d’entrée dans l’UE avant la zone euro. L’euro n’y serait plus imposé et on pourrait y établir un SME (le serpent monétaire européen qui a très bien fonctionné en 1998).


L’Europe aurait sans aucun doute dû commencer par là. L’Allemagne l’a déjà compris en délocalisant une partie importante de sa production dans les pays à bas coût, comme nous avons-nous fait venir les immigrés il y a trente ans. Même si la présence d’un pays dans la zone « sas » n’est destinée qu’à être provisoire, ils peuvent servir actuellement l’Europe à mieux résister dans la concurrence mondiale.


Le risque des pays de la zone euro ne serait pas définitivement écarté mais la charge serait moins lourde. Toutefois « la rigueur à l’allemande », s’imposerait dans la gouvernance économique (à la merci de l’Allemagne). Elle est réclamée comme une assurance tout-risque par la France. Dans ce cas elle ne doit imposer à la France qu’une cure d’austérité progressive et programmée sur ses dépenses publiques et non une ponction supplémentaire sur les sociétés et les classes moyennes, les seules vraies pourvoyeuses de l’impôt. Il y a 100 milliards à gagner sur les dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales pour se rapprocher de celles de l’Allemagne.


Sortons de ce Vaudeville frénétique où la presse n’a même plus le temps


de faire imprimer les gros titres de la prochaine édition !


Claude Trouvé