jeudi 24 novembre 2011

Le fédéralisme budgétaire ou la camisole de force


Le couple Merkozy affublé du nouveau banquier italien, inspiré par le Baroso complice des puissances financières, vient de décider de préparer une mise sous tutelle de l’ensemble des pays de la zone euro. Le fédéralisme budgétaire était déjà en service sous forme de simple vérification de prévisions budgétaires conformes, à court terme, aux exigences de non aggravation de la dette. On va passer au stade supérieur des normes de ressources et de dépenses à respecter, aux amendes et aux sanctions, autrement dit à un fédéralisme disciplinaire où chaque pays devra endosser la même camisole de force.

C’est une camisole de force à taille unique et parfaitement adaptée à l’étroite rigueur budgétaire de l’Allemagne. Comment peut-on penser qu’un tel habit permette de redresser un Portugal qui est soumis aujourd’hui à émettre des obligations à plus de 12% et même qu’une Italie à plus de 7% ? Aucun pays autre que l’Allemagne ne peut envisager de sortir de la crise dans un tel fédéralisme coercitif !

Une nation qui ne peut plus maîtriser son budget, donc pouvoir accepter ou non l’endettement pour faire par exemple des investissements d’infrastructures, est une nation qui n’existe plus. C’est le problème de fond qui est posé. La France veut-elle encore exister en tant que nation ou estime-t-elle qu’elle n’est plus en mesure d’assurer son avenir ?

François Mitterrand avait déjà pensé que la France ne pourrait exister que fondue dans l’Europe et nous a emmenés vers Maastricht. Depuis ce traité nous perdons nos industries et des parts de marché, nous accumulons de la dette. Ce faisant on nous inculque que l’euro est donc très important pour espérer rebondir car il solidarise les nations devant l’adversité !

Hélas l’Allemand, premier de cordée, voit ses coéquipiers dévisser les uns après les autres. Il sait que s’il lâche la corde il a une chance de se sauver même s’il a perdu la majeure partie de ses denrées et équipements de survie. Le poids est de plus en plus lourd et, dans un grand geste de solidarité, il va demander à chacun de se défaire du maximum de poids, de se déshabiller et de remonter par ses propres moyens. Par le froid de plus en plus vif avec le coucher du « soleil levant » les chances de survie de ses coéquipiers nus ne tiennent plus qu’à la vitesse que ceux-ci vont mettre à le rejoindre sur la corniche donc à la distance qui les sépare de celle-ci.

C’est ainsi que se prépare notre avenir. Nous devrons enfiler la camisole de force taille unique et soumettre notre sort à Baroso, ses amis banquiers et les puissances financières. Est-ce ce que notre jeunesse espère pour son avenir, la soumission ? La France ne peut limiter son ambition à rechercher une protection et repousser les difficultés devant lui sans remettre en cause son action depuis Maastricht. Son peuple en a assez des belles promesses et des petites actions sans effet.

La science de gouverner est toute dans l'art de dorer les pilules.
(Adolphe Thiers)

Claude Trouvé