Le
gouvernement a fait preuve d’un manque de vision de la marche de l’économie et
n’a pas tenu compte de la fin du déversement de liquidités par la BCE, les
fameux QE, qui boostaient artificiellement la croissance, la croissance naturelle
réelle étant plus proche de 0,5% sans ceux-ci. Le manque de compétitivité, due
pour la plus grande part à un euro trop cher pour notre économie, et notre
politique économique à rebours de celle des Etats-Unis nous conduisent à la
catastrophe. La politique d’austérité paralyse le pays et finit par agir sur la
consommation. Les prestations sociales deviennent la cible facile puisque les
dépenses sociales représentent 56,4% des dépenses publiques. Edouard Philippe
s’attaque à trois prestations sociales - "l'aide personnalisée au logement, les allocations familiales, les
pensions de retraite" - "progresseront
de façon plus modérée, de 0,3 % par an en 2019 et en 2020 ". Avec une
inflation à 2%, ceci représente une recette non négligeable, mais autant de
pouvoir d’achat en moins.
Il a
en outre assuré que "la prime
d'activité, le minimum vieillesse, l'allocation pour les adultes handicapés"
augmenteraient, quant à eux, "très
significativement", conformément aux promesses de campagne du
président Emmanuel Macron. En somme la politique socio-économique se résume à
quelques aides non chiffrées, donc probablement misérables, pour les plus
démunis, une pression fiscale accrue en particulier pour les retraités, les
familles et les classes moyennes, et des cadeaux substantiels aux plus riches
et aux grandes entreprises. La suppression des cotisations salariales sur les
heures supplémentaires va encourager les entreprises à y pousser les salariés grâce
à un gain moyen de 17 euros/mois
pour un smicard ! Cette mesure va coûter 2 milliards pour un coup de pouce
aux entreprises bien en-dessous du gain de compétitivité à réaliser pour
relancer l’économie. Toutefois le premier impact sera sur un chômage accru par
la baisse des embauches.
Les
dépenses sociales publiques sont dans le collimateur et représentent
l’essentiel des dépenses publiques avec 31,55%/PIB alors que les dépenses
publiques totales émargent à 56,4% du PIB. Les deux graphiques montrent que la
France est en tête des pays occidentaux en pourcentage de dépenses/PIB mais pas
en dépenses par habitant comme pour l’ensemble des dépenses publiques où elle
est au huitième rang. Elle y est dépassée par les pays nordiques, Norvège,
Danemark, Finlande et Suède, mais aussi par l’Autriche et la Belgique, le
Luxembourg étant un cas particulier de pays à très fort PIB/habitant. Elle
devance pourtant la Suisse et l’Allemagne.
Non
la France n’a pas à rougir de ses dépenses sociales/habitant et celles-ci n’ont
aucune raison d’être la cible de coupes sombres de la part du gouvernement dans
l’optique de rejoindre l’Allemagne sur ce point au détriment de la qualité du
système social de notre pays. On peut même dire qu’elle pourrait faire mieux
comme les pays nordiques. S’il y a des économies à faire, en dehors de l’amélioration
de la gestion des prestations sociales, ce n’est pas ce secteur qui doit être
visé. D’ailleurs on peut faire la même remarque pour les dépenses publiques par
habitant comme nous l’avons vu dans le précédent article sur ce sujet. La raison
est que la France manque de croissance de son PIB par rapport à son nombre
d’habitants, c’est là son véritable handicap. Ceci veut dire que
l’austérité, appliquée sur les dépenses publiques en général et sociales en
particulier, ne peut avoir que des effets pervers sur la santé des citoyens,
leur pouvoir d’achat donc la consommation, le chômage, la qualité des services
rendus tant dans la sécurité, que dans la justice, l’Education, la culture, le
sport, les infrastructures, etc.
C’est exactement ce
vers quoi Macron et l’UE nous mènent et on a vu que le transfert de l’argent du
peuple vers les entreprises, comme les 40 milliards qui devaient produire 1
million d’emplois et qui se sont évaporés dans la nature… des paradis fiscaux,
n’a servi à rien. La France continue à reculer par rapport à la moyenne des
pays de l’UE. En fait nous sommes engagés dans un processus de dévaluation
interne mortifère d’une efficacité trop faible et destructrice de nos richesses
incapable de redonner à notre pays la compétitivité qui lui fait défaut. Donc
seule la récupération de notre monnaie et une dévaluation, comme vient de le
faire la Suisse, peuvent nous redonner une balance du commerce extérieur
excédentaire ou équilibrée, grâce à une efficace relance de notre économie.
Comme l’a compris Trump, la libre circulation des capitaux doit cesser et la
maîtrise douanière s’appliquer intelligemment produit par produit. Alors, ceci
acquit, l’impôt tue l’impôt et le creusement temporaire du déficit
budgétaire doit être accepté. L’homéopathie actuelle n’a aucune chance de
donner des résultats, c’est d’un acte chirurgical dont la France a besoin.
L’austérité
à la grecque sous ordonnance allemande profite à cette dernière mais pille
notre richesse et la France n’arrive même plus à enrayer le déficit sans pour
autant relancer l’économie en dehors des facteurs exogènes fluctuants. En
dehors de la lutte au gaspillage, dans laquelle on pourrait mettre le plan
inutile des énergies renouvelables et ses aides financières afférentes, et de
la recherche de l’excellence de la gestion des deniers publics, la
contraction des dépenses publiques, et en particulier sociales, est une
aberration économique car l’urgence est ailleurs. Malheureusement notre
route est tracée par une UE germano-américaine qui décide pour des intérêts qui
ne sont pas les nôtres. Toutefois ceci n’empêche pas de gérer au mieux les
deniers publics et à ce propos le graphique ci-dessus montre que la France
pourrait faire des efforts dans la gestion des prestations sociales, au moins
au niveau de notre voisine la Belgique, qui est aussi un pays à prestations
sociales publiques élevées. Se remettre simplement au niveau de dépenses de
gestion de ce pays aurait gagné 1,1 milliards en 2016 sur les dépenses sociales
publiques. Voilà de saines économies possibles sans dégrader le service aux
citoyens. Un audit privé sous contrôle de la Cour des Comptes serait le
bienvenu au lieu de réduire les APL de 400 millions ou de baisser les
allocations familiales. Mais il reste à regarder la répartition des dépenses
publiques entre les administrations publiques et les dépenses sociales. Cela
fera l’objet de prochains articles.
L’austérité pratiquée à la grecque mène
à la Grèce.
La France n’a pas que le tourisme pour
revivre.
Elle a des atouts qui s’étiolent peu à
peu
Dans une politique socio-économique
Qui pille ses richesses au profit
Des puissances de l’argent
D’une seule hégémonie
Germano-américaine.
Claude Trouvé
22/09/18