vendredi 16 novembre 2018

France en plongée, Allemagne en alerte !

On parle beaucoup du Brexit qui se fera sans aucun doute mais on ne sait pas encore sous quelle forme d’accord. C’est le premier retrait de l’Union, mais l’Italie, la Hongrie, la Pologne, l’Autriche, montrent des signes de rebellion. Le cas de l’Italie est assez intéressant car le peuple italien dans son ensemble n’est pas favorable à l’euro et aux contraintes de Bruxelles sous la botte allemande. Le bras de fer de l’Italie contre la révision de budget risque le voir subir l’élévation du taux d’intérêt de la dette à des taux facilement mainpulables pour faire plier le gouvernement italien. La Grèce avec Tsipras a plié mais l’Italie, contrairement à ce pays, est un contributeur au budget de l’UE et elle possède un bras de levier, utilisé par le Royaume-Uni, mais qui fait défaut à la Grèce.

Mais la grande nouvelle du troisième trimestre 2018, nouvelle qui vient de tomber, est le pourcentage négatif à -0,20% de la croissance de l’Allemagne. Il faut remonter à la crise des subprime pour retrouver l’Allemagne dans cet état. Pour la première fois la croissance française de ce trimestre dépasse celle de l’Allemagne comme le montre le graphique ci-contre sur les données incomplètes publiées à ce jour par Eurostat. Le premier constat est que l’ensemble des pays de l’UE affichent une croissance moins forte que l’énnée précédente pour le même trimestre. La différence moyenne sur l’UE est de -0,27% et de -0,48% pour la zone euro. Si l’Espagne, le Royaume-Uni et la Roumanie sont peu affectés, il n’en est pas de même des Pays-Bas, de la zone euro, de l’Allemagne et de la Lituanie. Ces derniers pays passent dans la décroissance et la mauvaise performance de l’Allemagne explique celle de la zone euro. La France s’en tire mieux relativement mais la décroissance allemande est un mauvais signal. 

Il n’en reste pas moins que les prévisions pour l’année 2018 sont beaucoup moins favorables à la France qu’à l’Allemagne, comme on peut le constater ci-dessus. L’embellie générale des années 2016 et 2017 est terminée et l’UE rentre dans le dur. La situation peut encore s’aggraver si le moteur économique allemand s’essoufle. Avec son déficit du commerce extérieur qui ne cesse de s’accroître et sa dette, la France s’appauvrit tous les jours. Elle ne peut pas profiter, bien au contraire, d’un ralentissement allemand. On note que l’année 2018 se présente plus mal que 2016 et 2017 mais aussi 2015  dans l’UE et la zone euro sauf pour la France, les Pays-Bas, l’Autriche, la Lituanie et la Roumanie. La différence est très sensible pour l’Espagne et le Royaume-Uni. Mais pour cette dernière il faut tenir compte de la dévaluation de la livre par rapport à l’euro même si sa relance est en cours.
 
Avec une prévision annuelle officielle de 1,47% la France n’arrive néanmoins pas à la hauteur de la zone euro à 1,67% et de l’UE à 1,87%. Par contre la prévision à 1,16% de l’Allemagne est inquiétante. De plus ces prévisions sont optimistes et sont basées sur une année glissante qui englobe le dernier trimestre 2017, trimestre particulièrement performant. Si l’on tient compte de la baisse de performance entre les troisièmes trimestres 2017 et 2018 représentés sur le premier graphique et qu’elle est reportée sur la prévision du 4ème trimestre 2018, on obtient une vue encore plus pessimiste de la croissance. Avec 0,79% l’Allemagne est alors très loin de son objectif à 1,8% et la France risque de devoir corriger sa dernière prévision à 1,5% (intialement à 1,9%) pour un 1,3% plus probable. Si l’Allemagne affichait un budget excédentaire, ce n’était pas le cas de la France. Cela promet de nouvelles coupes sombres dans les prestations sociales, de nouvelles hausses ou créations de taxes. La France ne va pas ranger les gilets jaunes de sitôt. Mais c’est l’UE et particulièrement la zone euro qui sont en panne. La politique d’austérité de l’UE, imposée par l’Allemagne, arrive vraisemblablement à bout de souffle. L’Italie l’a compris, le Royaume-Uni sort de l’UE, il serait temps que la France réalise que l’UE l’entraîne vers le bas. 

Regardons les conséquences des variations de la croissance en gardant en tête que les économistes situent à 1,5% de croissance la barre au-delà de laquelle le chômage peut diminuer. Le graphique ci-contre montre le taux de chômage au sens du BIT. On note que la France se distingue par le taux de chômage à 9,3% au 3ème trimestre 2018 le plus élevé des pays pour lesquels les données sont collectées par Eurostat. Mais le plus grave est que c’est aussi l’un des 3 pays qui, avec la Suède et Malte, a le moins réduit le chômage en variation par rapport aux 12 derniers mois. Sur les 12 derniers mois l’Allemagne a surfé sur sa réussite économique pour faire encore significativement baisser le chômage de 8,9% pour atteindre 3,4%. Ceci explique son manque de main-d’œuvre qualifiée qui a incité Angela Merkel à ouvrir les portes à l’immigration, erreur qui risque de la déstabiliser.

Mais il faut terminer notre coup d’œil, ciblé sur la France et l’Allemagne, par deux informations. La première sur Allemagne qui accumule des créances des pays de l’UE, en particulier de l’Italie, dont la moitié est vraisemblabement non récupérable. La somme qui va atteindre 1.000 milliards d’euros est tellement importante que la moindre panique financière peut amener des pertes insupportables pour l’Etat allemand. Cette inquiétude est passée des milieux éonomiques allemands aux politiques, en particulier dans le parti de la Chancelière. Le premier signe de croissance, allié à ce constat, peut amener l’Allemagne, qui par ailleurs peut voire changer la coalition gouvernementale, se reposer l’intérêt de l’UE pour son pays. La deuxième information, publiée par l’INSEE, est qu’en octobre 2018, les prix à la consommation augmentent de 0,1 % sur un mois et de 2,2 % sur un an. C’est donc un signe de détérioration du pouvoir d’achat. Ceci est confirmé par le passage de l’inflation au-dessus de l’augmentation des salaires des entrerprises privées de plus de 10 salariés, hors agriculture.
La baisse du pouvoir d’achat n’est plus un « ressenti » plus qu’une réalité, comme le prétendent certains, c’est une certitude chiffrée et pas seulement pour les retraités. 

« L’avenir de la France ne se décide pas à la corbeille » disait De Gaulle, mais maintenant les grands manipulateurs de l’argent ne sont plus seulement à la Bourse mais se trouvent aussi dans l’UE.
 
Alors la colère des gilets jaunes ne fait que commencer 

La France plonge et l’année prochaine s’annonce pire

Car le moteur allemand se grippe et nous entraîne. 

Sortons d’abord Macron pour nous sortir de l’UE !
 
Claude Trouvé 
16/11/18

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire