dimanche 4 novembre 2018

L’arnaque sur le pouvoir d’achat



Gérard Darmanin s’escrime à nous vanter l’augmentation du pouvoir d’achat grâce à la suppression de la cotisation sociale des salariés en 2019 tout en reconnaissant que les retraités sont mis à contribution. Il oublie pudiquement de dire que celui des plus riches va croître plus que jamais. On entend le même son de cloche sur la baisse de la taxe d’habitation qui va nous permettre de payer le gaz, le fioul, le carburant, le timbre, l’électricité, etc. plus chers tout en faisant des économies. Le peuple se fait plumer mais il le sait. Pourtant il n’en évalue l’ampleur qu’après utilisation si je puis dire. 
Alors je vais profiter d’un article de Marianne pour montrer l’impudence, le machiavélisme de l’équipe gouvernementale sur le gain de pouvoir d’achat des salariés du privé puisque l’on ne sait pas encore à quelle sauce seront finalement mangé les fonctionnaires en plus de leur dégagisme vers le privé. A partir du mois d’octobre les salaires mensuels du privé vont subir une augmentation due à la suppression des cotisations sociales, mais en même temps une diminution due à la hausse de la CSG. Marianne montre sur son graphique que le salarié sera néanmoins gagnant quel que soit sa tranche de salaire. On peut même calculer que son salaire va augmenter de 1,4756% par rapport au 1er janvier 2018 compte-tenu de la hausse du SMIC consentie à cette date. Si l’on regarde les statistiques de l’INSEE, on y trouve une inflation de 2,2% par an soit 1,8151 0/00 par mois..








Il s’agit donc d’une hausse du salaire net mais d’une baisse du pouvoir d’achat ! 
C’est sur ce constat que je vais vous présenter le cas des salaires au SMIC car ce sont ceux qui sont les plus vulnérables et ceux qui sont les plus sensibles aux augmentations de l’indice du SMIC. En effet leur hausse de salaire ne se répercute que partiellement sur les salaires plus élevés. Les entreprises ont tendance à recourir à un effet de tassement de l’échelle des salaires. L’impact de l’inflation touchant plus les salaires supérieurs même s’ils sont moins vulnérables, l’étude sera centrée sur les salaires au SMIC, les autres valeurs de salaires étant plus sensibles à l’inflation. Il est peu probable que le SMIC, désormais déconnecté de l’inflation, soit revalorisé au 1er janvier 2019 étant donné l’augmentation qui a été consentie dès octobre 2017 avec la suppression des cotisations sociales. Le graphique illustre la détérioration de cette hausse durant l’année 2019 en termes de pouvoir d’achat. Le gain disparaît dès août 2018 avec une inflation à 2,2% comme en octobre 2018 et aboutit à -10 à la fin de l’année. Si le SMIC n’est pas réévalué de plus de 1% au 1er janvier 2019, il s’agit d’une nouvelle arnaque sur les travailleurs ! 
Ceci touche évidemment tous les salaires comme le montre le graphique ci-contre. Le gain affiché par le gouvernement y figure avec le gain réel avec les hypothèses précédentes. Mais on peut imaginer un scénario catastrophe, nullement improbable dans une période d’austérité qui se prolonge, où le SMIC ne serait pas augmenté en 2020. Le prétexte pourrait être ce grand élan de solidarité comme celui demandé aux retraités. Ne riez pas c’est le scénario grec. On voit alors que le pouvoir d’achat finit par être gravement touché. Compte-tenu de notre contre-performance économique globale et de la stagnation du taux de chômage, il est peu probable que les entreprises revalorisent d’eux-mêmes les salaires.
On peut cependant regarder ce qui se passerait si le SMIC était cependant à la hausse en 2020. Le graphique ci-contre montre l’effet de différentes valeurs de cette hausse au 1er janvier 2020. Mais on voit qu’en dehors d’une hausse de plus de 2% en 2020, si rien n’a été fait en 2019, la suppression des cotisations sociales s’avère une arnaque au pouvoir d’achat. On voit que tout tient dans une période de redémarrage de l’inflation, tout se joue avec les décisions gouvernementales sur la valeur du SMIC. 
Les sommes en jeu dans les gains ou pertes mensuelles peuvent paraître dérisoires sur un salaire de smicard même si cela représente beaucoup pour les intéressés. Néanmoins si l’on cumule les sommes mensuelles sur les deux années de 2019 et 2020 à partir des sommes représentées sur le graphique précédent on obtient le graphique cumulatif ci-contre. On voit que l’on atteint des pertes allant de 600 à 800 soit de l’ordre d’un ½ mois de salaire. On voit aussi que si le SMIC n’est pas augmenté au moins de 1% au 1er janvier 2019 et au moins autant en 2020, le pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés sera durement impacté. On peut craindre qu’il n’en soit pas ainsi, le gouvernement ayant pris la précaution de déconnecter le SMIC de l’inflation.
En rapprochant le salaire brut du salaire net et en gérant la valeur du SMIC à sa guise, le gouvernement livre le salarié totalement au bon vouloir de l’employeur et à une politique de compétitivité à laquelle le SMIC géré par l’Etat apportera son concours. Le transfert des richesses vers les entreprises et en particulier vers les plus grandes qui échappent le plus facilement à l’impôt. Les moyens sont en place pour la paupérisation de la France. La régression du pouvoir d’achat n’épargnera plus que les plus riches pendant que retraités et salariés se dépouilleront. Les retraités n’ont qu’eux-mêmes pour se défendre, mais il va en être de même pour les salariés, les leviers laissés aux syndicats dans le social vont être réduits à peau de chagrin. Le néolibéralisme s’ouvre toutes grandes les portes à l’ultralibéralisme, le libéralisme sans contrôle où le serviteur au travail compte peu comme dans le capitalisme financier.
Le piège se referme sur le monde du travail 
Où l’on attend toujours plus des salariés
A qui l’on jette la poire pour la soif 
Mais la gourde sera vite bue
Ce monde devra découvrir 
Que la gourde c’est lui !
 
Claude Trouvé 
01/11/18