vendredi 29 juin 2018

L’hypocrisie française envers la Russie et les autres


Le flux migratoire n’est plus le plus grave problème de l’UE mais il cache une explosion latente de celle-ci tant les divergences s’accroissent entre les 28 pays sur fond de crise financière latente. La réunion des 28-29 juin centrée sur l’immigration a accouché d’un communiqué final qui ne résout pas grand-chose mais qui permet à chacun de repartir affronter ses opinions publiques et adversaires politiques en donnant l’impression d’une victoire même si c’est une victoire à la Pyrrhus. La plus nette attitude de l’UE, à laquelle Macron a donné tout son appui est la création de « centres de débarquement hors zone UE ». Comme attitude hypocrite, il est difficile de faire mieux. Quelle belle résolution des problèmes, quand la solution est de le reporter chez les autres ! Evidemment ceci est décidé sans qu’aucun accord préalable n’ait été obtenu de quelque pays receveur que ce soit. On présuppose que les candidats se presseront pour récupérer le problème dont nous ne voulons pas. C’est d’ailleurs bien parti car le Maroc et l’Albanie ont déjà fait savoir qu’il n’en était pas question pour eux.

Il semble que les centres de débarquement soient le déversement d’un trop plein de réfugiés puisqu’il est question de créer dans l’UE des « centres de contrôles » dans lesquels seraient dirigés les réfugiés récupérés dans les eaux territoriales européennes. Ces centres seraient créés dans des pays volontaires, on peut se douter qu’il s’agit des pays périphériques de la Méditerranée. Comme ils existent en Espagne, en Italie, à Malte, en Grèce, il suffit donc à ces pays de se porter volontaires… Que fera l’Italie sinon accepter du bout des lèvres un quota à sa mesure ? Il se cache de plus l’idée de séparer les réfugiés récupérés par les ONG dirigés sur les centres de débarquement, et ceux récupérés par les navires de Frontex conduits vers les centres de contrôles. Ce serait une façon de rendre plus difficile la tâche des ONG. Enfin tout ceci est moins que clair en dehors de l’idée de limiter l’accès aux critères du droit d’asile. Ce qui est clair par contre c’est la volonté de renforcer le contrôle des frontières de l’UE, mais aussi celui aux frontières de chaque pays pour limiter les « mouvements secondaires » de pays à pays de l’UE. Celle-ci se referme, ne pense plus beaucoup aux Droits de l’Homme, et piétine par ailleurs l’esprit du Traité de Schengen. Même si la réalité s’impose, on continue dans une attitude de plus en plus hypocrite de prolonger la vie d’une UE moribonde. L’accord obtenu autour du mot « volontariat » montre combien l’accord n’est que de façade. Cela me fait penser à un service militaire où l’adjudant demanderait qui est volontaire pour « la corvée de chiottes » ! 

Mais l’attitude de la France qui, finalement se fait le chantre d’un accord européen pour soutenir l’Italie alors que nous n’avons pas brillé dans la prise en compte des réfugiés débarqués en Italie, reste un modèle d’hypocrisie. Nous ne cessons de repousser vers l’Italie les réfugiés tentant de passer de ce pays en France tout le long de nos départements alpins frontaliers et de souhaiter le départ de ceux de Calais vers le Royaume-Uni. Il en est de même au Yémen où nous couvrons le massacre des chiites en fournissant armes et munitions à l’Arabie Saoudite, où une frégate française  participe au blocus, et où nous engageons même des forces spéciales, tout en déplorant le génocide en cours mais sans faire d’action diplomatique pour faire cesser les combats et trouver un accord de paix. C’est aussi notre présence au Mali, où le problème de fond du pays entre les berbères et la population noire de l’Ouest n’a toujours pas de solution territoriale ou administrative, mais où nous nous maintenons avec un gouvernement malien parrainé, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, alors qu’il s’agit de nos intérêts dans cette région dont particulièrement dans le Niger.

Nous procédons de même en Syrie où nous participons militairement officiellement avec les forces de libération syriennes, parfaitement contrôlées par les forces terroristes en grande partie formée de mercenaires venant de nombreux pays, en prétendant y être pour lutter contre Daech. Nous suivons simplement la politique américaine du chaos qui veut la chute de Bachar el-Assad et mettre dehors la Russie. Nos propos sont là aussi d’une hypocrisie crasse, propos destinés à alimenter la croyance populaire du rôle historique de la France dans le combat pour la liberté. Nos soldats se font ainsi surprendre en flagrant délit de coopération avec  Daech mais cela ne fait pas la Une médiatique. Nous continuons à nous émouvoir de l’immigration syrienne dans l’UE tout en continuant à provoquer des émigrations de syriens chassés par la peur des combats. Même si la Syrie revient doucement vers une période de paix sur les territoires reconquis par Bachar el-Assad, nous nous maintenons proches des bases américaines à l’Est de l’Euphrate. Ce double jeu de puissance occupante, sans autorisation de la Syrie, ne grandit pas la politique étrangère de la France, d’ailleurs désormais brouillée dans le monde entier. 

Mais on ne peut pas oublier le cas emblématique russe. Il s’agit là de l’une des plus grandes puissances mondiales. Au 12ème rang par son PIB en 2018, la Russie est en passe de disposer de la puissance militaire la plus perfectionnée du monde, puissance essentiellement dissuasive mais capable de damer le pion aux Etats-Unis. Elle est désignée « ennemi numéro 1 » par les Etats-Unis. La France intègre cette vision géopolitique pour honorer sa participation à l’OTAN. Si Hollande a refusé de remplir les obligations du contrat de vente des navires Mistral, les sanctions contre la Russie viennent d’être prolongées de six mois le 29 juin 2018 au matin. Cette décision est basée sur le soi-disant non-respect des accords de Minsk, mais n’a fait l’objet d’aucune réunion préalable avec la Russie pour au moins confronter les points de vue. Ce refus de débats contradictoire est général, comme pour Skripal et les gazages en Syrie. L’UE mène les enquêtes, en refusant la participation russe, et décide seule… en accord avec les USA. On peut remarquer que les accords de Minsk contiennent des devoirs réciproques des signataires dont celui du dirigeant ukrainien recevant les subsides européens en vue de son intégration à l’UE passant par celle à l’OTAN mais violant sans arrêt le cessez-le-feu.

On peut deviner qu’il s’agit d’un jeu de dupes dans lequel la France prend une participation majeure que ce soit dans les accords de Minsk, dans son jeu en Syrie finalement contre la Russie, ou dans les sanctions votées suite à l’annexion russe de la Crimée. Evidemment la France n’annexe aucun pays, elle pollue nombre de pays par sa présence pour ses propres intérêts et contribue à tuer ou à faire tuer des centaines de milliers de personnes. L’annexion de la Crimée s’est faite sans aucun mort dans la population civile et avec son approbation par vote local, approbation confirmée par la population ensuite. Le pays se porte bien depuis et est ouvert vers l’extérieur. Son histoire et sa langue marquent une appartenance russe indiscutable, mais quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Ces sanctions ne font que participer à l’envie américaine d’en découdre de nouveau avec l’ex-URSS pour maintenir son hégémonie sur l’Europe, mais elles ne vont aucunement dans l’intérêt de la France. 

Celle-ci joue d’ailleurs le jeu hypocrite de relations économiques et scientifiques de la France avec la Russie et en particulier dans le domaine de l’atome. La société russe Rosatom a fini par priver la France de son leadership dans le nucléaire civil mais nos contrats d’échanges commerciaux et de coopération, dont la maintenance nucléaire et l’augmentation de la durée de vie des réacteurs, continuent de plus belle. Si Rosatom a des contrats de construction de centrales nucléaires à l’étranger (35 dans 11 pays), il s’est lancé dans la quatrième génération de réacteurs rapides pour laquelle notre Superphénix avait 20 ans d’avance, et tient à coopérer avec les équipes de recherche du CEA français. Quand un pays commet des erreurs le mettant au banc des accusés par l’ONU pour acte belliqueux sur une puissance étrangère, on ne peut pas mener un double jeu sans perdre toute crédibilité. Que la Pologne et l’Estonie gardent un sentiment antirusse peut se comprendre mais ils ne jouent pas dans l’hypocrisie française.
 
Dans la politique étrangère comme celle intérieure 

Macron donne une image floue de notre pays

Dans une ambiguïté du « en même temps » 

Et dans des compromissions incessantes

Donnant l’image d’un bateau ivre 

Tout autour de la planète !
 
Claude Trouvé 
29/06/18

jeudi 28 juin 2018

Le mépris pour Macron, la débâcle pour l’UE,


D’interventions en interventions, de discours en discours, d’interviews en interviews, Macron promène un mépris grandissant pour le peuple dont il a la charge. Les blagounettes qui tombent à plat devant des personnalités médusées ne le cèdent en rien aux phrases assassines distribuées sur les personnes pour lesquelles le respect n’est qu’une obligation de politesse et de sens des relations humaines. La dernière sortie de Macron devant le Pape à Rome n’est que le dernier plumet à ajouter à ce notre coquelet dont l’Europe entière se moque. Pour évoquer la présence importante des bretons dans son équipe ministérielle, il a trouvé bon de parler de la maffia des Bretons. Ce terme péjoratif en soi, n’est à utiliser que dans son cercle de collaborateurs proches mais peut donner lieu à une toute autre interprétation dans un pays où la maffia sicilienne est connue du monde entier. Il s’agit là d’une attitude déplacée devant le représentant de la religion encore la plus représentée dans le monde et dans un pays où Macron s’est déjà permis des paroles blessantes vis-à-vis du nouveau gouvernement italien créant un incident diplomatique qu’il a dû colmater.

Si cet incident n’est que la goutte qui fait déborder le vase rempli de propos blessants ou déplacés de Macron, il est significatif de l’attitude globalement méprisante pour les petites gens et les petits pays. Pour le mépris des petites gens, représentant dans son esprit 95% des français, les propos méprisants s’accumulent :


"On met un pognon de dingue dans les minima sociaux"

"Au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d'aller regarder s'ils peuvent avoir des postes",

"Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes",

"Le meilleur moyen de se payer un costard, c'est de travailler",

"Les salariées de Gad sont pour beaucoup illettrées ",

"Une gare, c'est un lieu où l'on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ",

" Il n'y a d'ailleurs pas une culture française",

"La politique, c'est mystique.",

"Je n'aime pas ce terme de modèle social",

sans compter les termes peu amènes sur les différentes régions et corporations de France peuplées l’alcooliques, de fainéants et de demeurés. 

Campé sur une majorité pléthorique et obéissante pour tout lui devoir à l’Assemblée Nationale, il montre également un profond mépris pour les autres partis s’apprêtant à diaboliser la France Insoumise si le FN ne redresse pas la barre, selon la méthode utilisée depuis Mitterrand. Fort de cette stratégie qui a fait ses preuves, il traite de « lèpre populiste » les mouvements protestataires sur ses actions. Mais il se sait adossé aux grands banquiers dont le plus prestigieux, la banque Rothschild, et là il ne fait sans doute plus le malin. Non seulement Macron est perclus de mépris mais il ne l’est que devant les faibles comme il l’a fait en Côte d’Ivoire devant son Président, Roch Marc Christian Kabore, et des étudiants de l’université de Ouagadougou en répondant à leurs questions par « Mais moi je ne veux pas m’occuper d’électricité dans les universités du Burkina Faso ! C’est le travail du Président ! » et au moment où, le président du pays hôte, quittait la salle, il était interpellé par son homologue français un peu survolté : « Reste là ! Du coup, il est parti réparer la climatisation. » ridiculisant le Président du pays hôte ! Mais Macron fait moins le malin devant Trump, car c’est Trump qui tire Macron derrière lui et le ridiculise en lui époussetant son veston, c’est aussi Poutine qui ne rentre pas dans le jeu des mots à tendance amicale et triviale. On ne le voit pas non plus faire ce genre de sortie devant les hauts représentants chinois. Mais il se permet de plaisanter à Mayotte en pleine déprime migratoire avec cette phrase blessante : « Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent. »


Cette attitude est celle d’un monarque et, si Hollande a dévalorisé la hauteur de la fonction Présidentielle, Macron lui donne ce qui a fait la chute de la royauté et de la féodalité, ce mépris pour le petit peuple sous prétexte de lui assurer travail et sécurité relative. Par son attitude de mépris Macron prépare en fait la France à une monarchie républicaine où la démocratie est mise sous muselière. Ses propos à la BBC sont révélateurs puisqu’il avoue savoir qu’un référendum sur la sortie de l’UE conduirait à cette sortie, et de plus justifie le fait de ne pas faire de référendum. Quelle meilleure illustration que ce mépris de la démocratie, symbole d’une nouvelle « monarchie républicaine ». C’est bien d’ailleurs le fond de sa pensée puisqu’il a dit par ailleurs : « La démocratie ne se fait pas dans la rue ». Toutefois l’occasion est belle pour les français de montrer leur désaccord avec cette dérive et cette attitude, les élections européennes de 2019 où l’introduction des listes nationales peut faciliter un débat de fond et l’approche des urnes. 

L’Union Européenne se déchire pendant deux jours sur l’immigration, sujet brutalement monté en épingle, alors que la sourdine mise tenait compte de la baisse de ce flux migratoire en 2018. J’ai écrit que ce problème est devenu un sujet mobilisant les peuples et certains dirigeants de pays, car c’est le ressenti des peuples dans leur identité contestée par une montée d’une civilisation différente qui devient l’occasion de mettre en cause les migrants en passe de devenir « réfugiés » pour Angela Merkel. C’est dans les quartiers où se rassemblent ces communautés, généralement les périphéries de grandes villes, et les vieux quartiers des villes moyennes, que les populations autochtones ou assimilées prennent conscience de l’arrivée d’un problème devenu désormais difficile à gérer. Si Marseille est la première ville musulmane de France en nombre d’habitants, c’est en Belgique et particulièrement à la périphérie de Bruxelles, le cœur de l’UE, que l’on prend conscience de la transformation en cours. La création d’un parti musulman et les propos d’imams du style ; « on est chez nous, et si vous ne vous y sentez plus bien, vous pouvez en partir ».


En France il faut aller voir des maternités dans les grandes villes du Sud, du Nord et dans la région Ile-de-France pour se rendre compte de la disparité croissante du nombre des nouveau-nés à  prénom musulman avec les autres consonnances. La France ne mène évidemment pas une politique volontariste d’assimilation, elle a donc choisi implicitement une société multi-civilisationnelle comme le souhaite l’UE, donc à l’image des Etats-Unis, géniteurs de l’UE, tout-au-moins avant Trump. Cet abandon de l’assimilation, la nouvelle mouture du service national n’étant qu’une mesurette sans but précis, s’est faite sans l’approbation du peuple français et aucun débat politique n’est soulevé à ce propos par peur de racisme. Mais ce que ressente les français déjà en perte d’identité l’est plus vivement dans des pays de l’Est et du Nord à forte identité. C’est ce mouvement de fond que Macron stigmatise qui ébranle l’UE bien au-delà de l’apport migratoire actuel dont l’importance du flux peut facilement être absorbée si chacun y prend sa part. Mais on assiste aussi à l’effet boomerang du catastrophisme médiatisé à outrance sur l’immigration économique, et sur le réchauffement climatique pour lequel reviennent en boucle l’immigration climatique dont les chiffres sont gonflés au maximum dans les prévisions, déjà non corroborées par les constats actuels.



L’UE se déchire sur un problème gérable mais c’est l’exutoire de divergences plus profondes sur le fonctionnement de l’UE pour lequel on masque en plus l’arrivée de plus en plus probable d’une catastrophe financière et d’explosion de la dette. Le groupe Visegrad est l’illustration du déchirement de l’UE où la présence américaine, devient de plus en plus importante et pose même le problème du poids politique de l’UE dans le monde. Sans armée l’UE ne peut se faire entendre et le projet de défense européenne ne pourra se faire que dans le cadre de l’OTAN selon les traités. Autant de questions qui amènent des différences de point de vue incompatibles entre les pays. L’Allemagne s’opposera toujours à une course vers le fédéralisme qui mettrait en danger ses finances par une mutualisation des dettes. Ce faisant cela repose pour les autres l’intérêt d’une UE où c’est ce pays qui tire le plus de marrons du feu. Les pays se referment sur eux-mêmes, la débâcle de l’UE commence, et l’immigration est l’arbre qui masque la forêt des divergences.



L’UE survivra-t-elle jusqu’en 2019 sous sa forme actuelle ? 

La France par l’attitude méprisante de son chef

A déjà perdu une chance de la sauver. 

Ce peut être une chance d’en sortir

Mais en freinant des quatre fers 

On peut voir le tombereau

Se verser sur nos têtes !


Claude Trouvé 
28/06/18