Populisme,
libéralisme, capitalisme, fascisme, nationalisme, nazisme, totalitarisme, racisme,
souverainisme, multiculturalisme, multilatéralisme, mondialisme, globalisme, fédéralisme, autonomisme,
indépendantisme, consumérisme, hédonisme, idéologisme, égalitarisme, etc. sont
des mots qui n’ont de point commun que leur terminaison en « isme »,
mais ils font partie de nombre de discours, d’émissions, de publications, et d’interventions
dans une utilisation qui ressemble souvent plus à une tampouille qu’à une
utilisation culinaire raffinée. Tous ces mots ont un sens originel, mais leur
sens est dévié en permanence non pas au hasard mais avec des objectifs précis
allant de la confusion des esprits à la désinformation pure et simple. Macron
est particulièrement habile dans ces utilisations confuses dans une bouillie de
mots, apparemment savants, mais excluant toute possibilité de comprendre le
contenu du message, ou plus exactement permettant à chacun de s’en faire sa
propre interprétation. C’est l’application du principe « macronien »
du « en même temps », il y a tout pour vous plaire et repartez en
pensant « printemps », vous vivrez heureux et moi aussi.
Alors
il serait temps de nous souvenir, non pas seulement de l’étymologie des mots, mais
de leur sens originel. Prenons le populisme, sans doute le mot le plus usité
dans cette période de doute dans l’Union Européenne. C’est un mouvement
politique créé en Russie pour lutter contre le tsarisme. C’est aujourd’hui l'attitude
de certains mouvements politiques qui se réfèrent au peuple pour l'opposer à
l'élite des gouvernants, au grand capital, aux privilégiés ou à toute minorité
ayant "accaparé" le pouvoir, et les accuser de trahir égoïstement les
intérêts du plus grand nombre. Quand Macron fustige le populisme en le traitant
de lèpre, il affirme donc la primauté de l’élite et de la grande finance sur le
peuple dans un discours où il éructe son mépris des peuples résistants aux
diktats de l’UE à propos de l’immigration. Le populisme se réserve le droit de
contester la démocratie représentative lorsque cette dernière soulève la
protestation d’un grand nombre de citoyens. C’est ainsi que le populisme a
contesté la signature du traité de Lisbonne, pour non-respect de son vote
antérieur sur la Constitution.
Mais Macron va plus
loin en assimilant populisme et souverainisme, populisme et une xénophobie à
relent de nationalisme et de racisme, alors que ces mots ne s’incluent pas les
uns les autres. Ce genre de tambouille, cette cuisine malsaine tend à culpabiliser
non seulement le populisme, déjà largement utilisé péjorativement, mais
l’assimiler au racisme, opprobre supplémentaire. Quand on juge l’action de
Macron depuis le début de son mandat, sur l’égide de l’UE et de la Finance, on
comprend son horreur du populisme contestataire. Mais Macron en profite pour
ratisser large en liant populisme et souverainisme, ce qui est une
désinformation caractérisée, ce sont deux doctrines politiques différentes qui
ne se nourrissent pas l’une l’autre. Le souverainisme est un mouvement ou une
doctrine politique qui défend la souveraineté des nations en Europe et milite
pour une Europe confédérale où l'autonomie politique des nations est préservée
et respectée. On ne peut donc pas assimiler populisme et souverainisme.
Mais
Macron va plus loin en incluant les pays du groupe Visegrad, dont la Hongrie
avec Victor Orban traité de nationaliste. Il veut ainsi faire passer une note
encore plus péjorative car le nationalisme fait partie de la stigmatisation de
la droite. Or le nationalisme est une doctrine et une action politique qui
visent à l'indépendance d'une nation lorsqu'elle est placée sous une domination
étrangère. Dans le cas de l’UE on peut trouver à priori une ressemblance avec
le souverainisme, mais le nationalisme va plus loin car il peut aussi chercher
à défendre une culture, une civilisation opprimée ou niée par un occupant ou
dissoute au sein d'un ensemble plus vaste. Le nationalisme va plus loin que le
souverainisme. Il l’inclut en ajoutant un héritage à défendre, un corps de
valeur à répéter fidèlement. Il peut conduire au fascisme qui entend faire de
la nation une communauté unique rassemblée derrière un seul homme, et créer une
dictature, régime policier, fort et autoritaire. Le fascisme est une évolution
ultime du nationalisme mais ce dernier ne l‘inclut pas. il est inconvenant de
mêler nationalisme et fascisme, façon habile et toujours utilisée pour
discréditer un mouvement nationaliste.
Mais Macron ferait
bien de se méfier de l’utilisation mensongère des mots en particulier celui de
fascisme, car le fascisme est une forme de totalitarisme et l’abolition
effective du référendum, les ordonnances, le parti godillot, la consultation
des syndicats en évitant une discussion de fond, sont les marques du totalitarisme,
régime politique dans lequel un parti unique détient la totalité des pouvoirs
et ne tolère aucune opposition (monopartisme), exigeant le rassemblement de
tous les citoyens en un bloc unique derrière l'Etat. On n’est pas loin puisque
Macron ne supporte aucune contestation. Mais lorsque l’Autriche est citée, les
discours font fleurir un parfum de nazisme, idéologie totalitaire incluant la
notion de « race » exclusive, donc xénophobe par définition,
conduisant à l'extermination des Juifs (Shoah) et des Tziganes dans des camps
de concentration. C’est la forme ultime du nationalisme mais ce dernier ne
conduit pas de toute façon au nazisme hitlérien auxquels certains mouvements
très minoritaires se réfèrent dans l’UE. Il s’agit en effet de l’expression la
plus aboutie du racisme et du rejet des Droits de l’Homme.
On oppose
aussi souverainisme et nationalisme avec le multiculturalisme et le
mondialisme. C’est généralement une façon de stigmatiser les deux premiers.
Mais le souverainisme ne rejette pas en bloc le multiculturalisme mais soulève
le danger d’une société multi-civilisationnelle pouvant aboutir à une perte
complète d’identité. On retrouve cette notion dans le mondialisme, à
connotation économique et surtout du globalisme qui va bien au-delà. Il est
faux de dire que le souverainisme et le nationalisme rejettent la
mondialisation quand elle veut faciliter les échanges commerciaux lorsque
celle-ci n’impose pas la libre circulation des capitaux et des biens. Chacun de
ces sujets mérite une discussion de fond sans les cantonner dans des doctrines
politiques et tenter de les opposer au mondialisme qui n’a d’ailleurs pas
attendu l’époque moderne si j’en crois l’histoire des Phéniciens par exemple.
Par contre
souverainisme et nationalisme s’opposent au fédéralisme mais pas à certaines
formes de confédéralisme où les nations gardent leur identité et leur
souveraineté. Il ne s’agit pas forcément d’une forme comparable à la
confédération helvétique, mais plutôt d’une forme de multilatéralisme comme
s’est bâtie une coopération entre les pays asiatiques de l’accord de Shangaï
soutenu par l’axe Chine-Russie. Ces types de débat où chacun respecte la
signification des mots se fait de plus en plus rare. Ceci crée une confusion
entretenue d’ailleurs volontairement car elle empêche tout débat serein, et les
vraies raisons des oppositions sont cachées. Par ces utilisations déformées des
mots, il s’instaure une déliquescence du message politique et une confusion
généralisée créant des conflits, des antagonismes qui n’ont pas lieu d’être.
Qui est qui ou que représente-t-il devient une question prêtant à toutes les
fausses interprétations. La démocratie s’y englue et l’élite devenue
incompréhensible prend la main des peuples dans un autoritarisme à vocation de
totalitarisme.
Quand les peuples ne peuvent plus
comprendre leurs élites
La voie de leur désinformation et de
leur exploitation
Est toute grande ouverte vers le
totalitarisme
Seul remède contre la guerre civile
Engendrée par la tour de Babel.
Claude Trouvé
24/06/18
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