dimanche 28 janvier 2018

Économie : Au lieu des discours regardons les chiffres (8ème partie)



Tout va bien ! « Je sens un frémissement » (Hollande) ! « La France est de retour » (Macron) ! Voilà ce que nous chantent ces deux adeptes de la méthode Coué ! Oui la zone euro se porte beaucoup mieux, mais pas nous ! Oui l’Allemagne, qui a engrangé 227 milliards dans sa balance des paiements, (72% de la zone euro) se porte à merveille, pas nous ! J’entends déjà les européistes dire que depuis que Macron est là, la situation s’arrange. Malheureusement pour eux sur les 6 mois Macron, la balance des paiements ne représente que 46% (et pas plus de 50%) du total de l’année glissante. C’est 58% pour l’Allemagne et 68% pour la zone euro. Oui ça va mieux depuis que Macron est là… pour la zone euro et pour l’Allemagne. En fait pour nous c’est plutôt pire puisque les 6 derniers mois représentent sur l’année glissante, 65% pour l’Espagne et 72% pour l’Italie. Avec nos 46%, on a l’air de quoi ? L’Allemagne pompe toujours allègrement l’argent des autres pays européens. Je sais que l’on va me dire qu’il faut laisser du temps à ce monarque républicain pour laisser son action se concrétiser (ou se con-crétiniser). Le seul problème est que la méthode Coué ne marche qu’un temps et que les chiffres finissent toujours par avoir raison sur les discours ! La France a le bonnet d’âne !

Le solde de notre commerce extérieur ne cesse de se dégrader alors que l’UE et la zone euro connaissent une période d’embellie. Le patronat pointe du doigt notre coût de la main-d’œuvre qui serait un handicap majeur. Il fait discrètement pression sur le SMIC dont il souhaite sa disparition ou son blocage, et réclame des allègements de charges et d’impôts. Alors il faut jeter un coup d’œil sur l’impact du coût de la main-d’œuvre sur nos exportations. Si l’on regarde les évolutions sur la période passée on constate que, par rapport au PIB, les situations sont globalement assez figées. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique sont un peu en retrait dans la zone euro, mais il ne s’agit que de variations faibles par rapport à des situations acquises, et l’Allemagne reste de loin le pays le plus bénéficiaire sur les exportations. Les pays ayant sur ce point commencé une relance économique sont les pays du sud (Espagne, Italie, Portugal et Chypre) même si leur situation économique globale reste inquiétante avec le chômage, le PIB/habitant et la dette. Mais on constate une légère amélioration des exportations/PIB dans la zone euro dont la France, très handicapée sur le plan des exportations, n’a pas profité.










Le graphique ci-contre montre que, sans contestation possible, l’on ne peut pas affirmer que l’augmentation du coût de la main-d’œuvre est un handicap à l’exportation. En règle générale, et hors influence prépondérante d’autres facteurs, 1% d’augmentation du coût de la main-d’œuvre va de pair avec 0,7% d’augmentation des exportations/habitant. Ceci traverse des pays à fort coût de main-d’œuvre comme la Belgique et les Pays-Bas, sans parler du Luxembourg, ou à faible coût comme la Grèce et la Roumanie. Autrement dit, quel que soit le coût de main-d’œuvre du pays, l’augmentation de ce coût est un élément fondamentalement positif. C’est l’enseignement que nous retirons sur les données fournies par Eurostat sur la période 2012-2016. 

Il serait donc temps de chercher ailleurs l’explication de notre déficit de la balance commerciale. Le décalage entre notre capacité à conquérir des marchés ne cesse de s’agrandir. Notre compétitivité ne tient pas essentiellement au coût de la main-d’œuvre qui n’intervient souvent que pour une part modeste dans le prix de vente des produits. Bien d’autres facteurs influent sur celui-ci, y compris le coût des tâches administratives et le management des entreprises. Mais une chose est sûre, la balance des paiements et notre santé à l’exportation ne peuvent désormais émerger sans une dévaluation de la monnaie de l’ordre de 15% à 20%/$. En effet une dévaluation interne, donc sur les salaires, de cette ampleur ne ferait que nous forcer à plonger un peu plus vers la Grèce.

Ces articles ont finalement fait une liste de ce qu’il ne faudrait pas faire dans une politique visant le bien-être du peuple. On peut désormais regarder du côté de ce que certains pensent être une bonne recette. J’entends souvent cette phrase : « De toute façon, on ne remboursera jamais la dette ».

Cette affirmation est, au fond, lancée pour se rassurer car une dette, qui arrive à la hauteur de la richesse produite sur une année, laisse une ardoise que les générations futures devront traîner pendant la durée d’une génération. D’abord ceci n’est plus vrai quand des dispositions législatives récentes ont été prises, au niveau de l’UE et de la France, pour qu’en cas de malheur (banques et Etats), les biens privés puissent être récupérés pour payer les dettes redevables en particulier vis-à-vis des étrangers. Ceci prouve pour le moins que ce danger existe. Mais, partant du principe que ce danger n’existe pas, certains pensent que l’on peut piocher sans réticence dans la caisse pour, soit améliorer les prestations sociales et d’une façon générale les dépenses de l’État comme celui-ci s’y adonne depuis 1974. Le Medef ne s’en prive pas et, depuis surtout le précédent quinquennat, c’est des dizaines de milliards qui lui ont été consacré sans résultat. Le graphique ci-dessus montre que la France a alourdit sérieusement son déficit global/PIB durant la période 2012-2016 alors que, par rapport à l’UE, la zone euro l’a fait diminuer. La France, là encore, est dans le mauvais quart des pays de l’UE.

Décidément durant la période 2012-2016, sur les évolutions des déficits, du PIB/habitant, du chômage et des exportations, la France cumule les mauvaises notes et sa diminution du coût de la main-d’œuvre a fait fiasco. Alors nous verrons dans le prochain article si l’aggravation des déficits a apporté un plus quelque part, y compris sur les exportations, puisque l’État a mené une politique pro-entreprises, politique amplifiée par Macron.


La France a commencé une descente économique 

Dont le peuple n’a pas encore pris conscience.

Une embellie due à des facteurs externes, 

Et des discours de méthode Coué,

Masquent la perte relative 

D’une France qui coule !
 
Claude Trouvé 
28/01/18

vendredi 26 janvier 2018

Économie : Au lieu des discours regardons les chiffres (7ème partie)



Alors reparlons du chômage, car nous avons entendu de belles promesses du Medef, qui raconte à qui veut l’entendre, que le coût total de la main-d’œuvre est un handicap à l’exportation de ses produits et même qu’il se fait concurrencer sur le marché intérieur par les produits étrangers. Mais quand est-il du bien-être du peuple ? Le graphique ci-contre montre nettement une tendance de baisse du chômage avec l’augmentation du coût malgré une dispersion assez importante due surtout à deux pays particuliers, l’Irlande et la Roumanie. Notons bien qu’il s’agit de variations durant la période 2012-2016, mais c’est bien ce qui importe. A partir d’une situation acquise, l’augmentation du coût de la main-d’œuvre est globalement favorable à une diminution du taux de chômage.

En gros une augmentation de 1% du coût de la main-d’œuvre va avec une diminution du chômage de 0,2%. La Grèce et Chypre ont fortement diminué le coût de la main-d’œuvre et le taux de chômage a augmenté. Les pays Baltes ont fortement augmenté le coût de la main-d’œuvre et le taux de chômage a baissé. Le Royaume-Uni a légèrement augmenté le coût de la main-d’œuvre et le taux de chômage a beaucoup baissé. La France a baissé de plus de 2,5% le coût de la main-d’œuvre et le taux de chômage a augmenté de 2%. On peut trouver des exemples contraires, ce qui prouve que d’autres facteurs agissent, mais il y a néanmoins une tendance générale nette. Dans tous les cas, on ne peut pas affirmer que l’augmentation du coût du travail conduit automatiquement à une augmentation du chômage. 

On trouve une liaison forte entre le taux de chômage et le PIB/habitant, ce qui est beaucoup plus évident. Les variations portées sur le graphique sont calculées par rapport à celles de l’UE. En gros une augmentation de 0,1% par rapport à celle de l’UE entraîne une baisse du taux de chômage de 2,5%. Mis à part le cas spécifique de l’Irlande, on retrouve les pays Baltes dans des augmentations spectaculaires du PIB/habitant et de diminutions du chômage. A l’autre bout se trouve la Grèce, Chypre, mais aussi l’Italie qui s’avère être un pays qui se rapproche de la situation grecque. La comparaison de la France avec l’Allemagne et le Royaume-Uni ne plaide pas en sa faveur puisqu’elle a réussi à perdre du PIB/habitant et à augmenter le chômage. On fait même moins bien que l’Espagne qui, malgré une légère perte sur le PIB/habitant a réussi à faire baisser le taux de chômage. Ceci ne fait que confirmer que la période 2012-2016 de Hollande a été très mauvaise pour la France.

Si l’on tient compte de ces deux influences, variations du PIB/habitant et du coût de main-d’œuvre, sur la variation de ce taux de chômage sur la période 2012-2016, on obtient le graphique suivant qui donne l’importance du coût de main-d’œuvre débarrassé de l’influence du PIB/habitant. Le résultat est spectaculaire puisque l’on voit que l’influence du coût de main-d’œuvre reste réelle mais plus de 4 fois plus faible que trouvée précédemment. 1% d’augmentation du coût de la main-d’œuvre n’a une influence propre que de 0,04% sur le taux de chômage. L’important est de vérifier que l’augmentation du coût de la main-d’œuvre a tendance à diminuer le taux de chômage quelque soit la variation du PIB/habitant par ailleurs. Cela tort le cou aux idées reçues. Les résultats entre les pays ne sont pas véritablement changés et la France reste un mauvais élève devant l’Italie mais derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. La politique menée en Grèce et à Chypre a bien vampirisé ces peuples. 

Il devient clair qu’une politique basée sur la diminution du coût de la main-d’œuvre n’est ni favorable au PIB/habitant, ni au chômage. C’est une politique de ponction dirigée contre le peuple et qui ne profite qu’à un petit nombre de grandes sociétés et grandes fortunes. Celles-ci, qui sont fortement exportatrices, s’attachent à cette politique en évoquant les dégâts que fait une augmentation du coût de la main-d’œuvre sur les exportations. Nous verrons ce qu’il en est dans le prochain article. J’ai bien peur que cet argument tombe aussi à l’eau, mais les chiffres parleront mieux que les discours.
 
L’étude comparative des chiffres de pays à pays 

Fait tomber un à un tous les enfumages

Qui permettent pompage et servage 

D’un peuple abasourdi et amorphe !
 
Claude Trouvé 
16/O1/18