Mon intention était de continuer l’étude de l’économie européenne
pour y découvrir les ressorts économiques favorables, mais le show privé de Macron
à Versailles, propulsant les grands acteurs économiques mondiaux au rang de chefs d’État, me pousse à exprimer ma colère. Elle fait suite à l’interview de Macron
par la BBC, où s’exprimant en anglais, celui-ci a avoué que les français
auraient probablement voté la sortie de l’UE si un référendum leur avait été proposé.
Mais, d’après lui, cela montre le danger du référendum où la réponse binaire « oui »
ou « non » entraîne des votes erronés des électeurs par
méconnaissance des véritables enjeux. Il conclut donc qu’en conséquence, sur un
tel enjeu d’appartenance à l’UE, il fera tout pour que ce référendum n’ait
jamais lieu. Macron vient donc de faire comme le Sarkozy du traité de Lisbonne,
l’enterrement de première classe de la démocratie. D’ailleurs Sarkozy ne s’y
est pas trompé quand il a dit : « Macron,
c’est moi en mieux » !
Ce faisant notre monarque républicain se veut le chantre de l’UE
fédérale et du mondialisme au profit des multinationales. Il invite le gratin
de celles-ci dans les ors de Versailles pour montrer qu’il leur ouvre les
portes de la France avant d’arriver à Davos tout auréolé de ce coup médiatique.
Les prédateurs de nos finances, par leurs échappatoires à l’impôt, se fendent
de promesses sur quelques centaines d’emplois en France, dont le coût est
minime pour eux par rapport aux bénéfices qu’ils affichent et aux impôts auxquels
ils échappent. Tout cela, dont le coût ne nous est pas donné, est fait pour
vanter l’attractivité de notre pays, comme si ces multinationales étaient
incapables de le voir elles-mêmes. L’attractivité supplémentaire ne peut être
que des promesses financières faites par Macron à huit-clos, car, dans ce monde
de la finance, c’est toujours donnant donnant. Nous allons donc non seulement
payer ce « pot royal », mais voir disparaître de notre argent dans la
spéculation de ces énormes sociétés multinationales qui font vivre les paradis
fiscaux.
Mais l’attractivité de la France ne réside pas dans les
réunions entre soi des grandes entreprises du monde, mais de ses qualités intrinsèques
souvent issues de son histoire, de sa géographie et de son climat. Sa grande
ouverture sur les mers avec des côtes attrayantes, son climat tempéré, son
patrimoine historique, ses paysages et ses produits agricoles variés, son mode de
vie, ses productions de luxe raffiné, attirent les touristes. Ses
infrastructures de milliers de kilomètres d’autoroutes, de routes, de voies
ferrées, sa couverture de télécommunications, la productivité reconnue de ses
salariés privés, l’espace libre en dehors des villes, sont les atouts d’attirance
des entreprises. Les facilités données par l’Etat, les régions et les communes pour
s’implanter sur leur territoire sont comme un plus qui coûte au consommateur
français, c’est une attractivité factice, comme le sont les subventions pour
les véhicules électriques, surtout quand elles durent. Mais l’attractivité se
perd facilement, par exemple quand le touriste découvre l’insécurité dans les
rues de Paris, où quand il voit sortir les rats au bord de la Seine et qu’il
apprend qu’il y a à Paris, deux fois plus de rats que d’habitants.
On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre et les
multinationales n’ont besoin de personne pour choisir la France. Leur arrivée ne
signifie pas le bien-être des citoyens quand ils échappent à l’impôt et pas non
plus quand ils rachètent des entreprises françaises ou implantent des
productions qui concurrencent nos entreprises, puis délocalisent. Ce n’est
que le lourd tribut que nous devons à la libre circulation des capitaux que
nous impose l’UE. C’est ce que nous venons de voir aujourd’hui avec l’annonce
du licenciement de 2.400 personnes dans les bureaux de Carrefour, sous le
prétexte que les chinois veulent recentrer les services vers le Bio et l’achat
en ligne. S’il en est ainsi, c’est que les chinois peuvent imposer leur décision
au conseil d’administration de Carrefour, dont que Carrefour passe entre leurs
mains. Les licenciements ne vont évidemment pas s’arrêter là, car le commerce
en ligne détruit globalement des emplois. Ce sera une deuxième vague en nombre
au moins égal à la première !
Mais on sait désormais que peu d’argent des grandes
multinationales « ruisselle » sur le peuple. À la veille de l’ouverture
du Forum économique mondial de Davos où se réunira une partie du gotha
économique mondial, l’ONG Oxfam a publié son rapport annuel sur les inégalités
économiques et sociales à travers le monde. Selon les chiffres de l’ONG, 3,7
milliards de personnes, soit l’équivalent de 50% de la population mondiale,
n'ont pas reçu le moindre bénéfice de la croissance économique mondiale au
cours de l’année 2017. Pendant ce temps, les 1% les plus fortunés ont récolté
82% de la richesse produite.
La France ne souffre pas d’un problème d’attractivité et se
classerait même au deuxième rang derrière le Royaume-Uni selon le grand journal
économique Forbes. Elle souffre d’un grave problème d’exportation avec un
déficit commercial qui dépasse les 60Mds€ quand l’Allemagne dépasse
régulièrement les 220 Mds€ d’excédent. C’est un problème
structurel et complexe. Ainsi, malgré la reprise de l’économie, nous constatons
que la France n’arrive pas à gagner des parts de marché à l’exportation. Cela
n’est pas dû à nos coûts mais à notre absence physique sur certains marchés
porteurs, malheureusement trop souvent non gagnables, et à notre incapacité à
répondre à un surcroît de la demande mondiale du fait de l’étroitesse de notre
système productif.
Le graphique ci-contre semble démontrer le contraire puisque
la France est championne en 2015 de la création d’entreprises par habitant.
Seulement cette performance est due essentiellement à la création du statut
d’autoentrepreneur. Malheureusement 60% de ces entreprises disparaissent
rapidement, généralement au bout d’une année, le temps d’échapper à l’impôt.
Nous manquons bien cruellement de TPE, de PME, et de PMI. La France ne possède pas assez d’entreprises
exportatrices du fait de leur petite taille, de leur manque de fonds propres et
du manque de marchés gagnables. De 2002 à 2016, leur nombre est passé de 129
429 à 124 100. En Allemagne, leur nombre a augmenté en passant de 2004 à 2015
de 105 980 à 320 848.
Ce n’est pas en se vantant, comme Macron devant une opinion
britannique, de faire venir les entreprises en France au détriment du Royaume-Uni,
que l’on tient un discours de courtoisie diplomatique, mais surtout en recréant
le tissu des petites et moyennes entreprises qui a disparu. Les facteurs qui minent la
compétitivité de la France sont nombreux : fiscalité, niveau de compétences,
organisation pyramidale, réglementation du droit du travail, complexités administratives,
etc. Mais ceci étant dit, à l’heure actuelle l’eurofranc est trop fort par rapport à l’euromark et au dollar. L’euro
qui valait 1,05$ vient de dépasser les 1,20$. Ce sont ces facteurs là qui ne
permettent pas aujourd’hui d’être compétitif à l’exportation face en plus à des
pays qui pratiquent des salaires très bas et sans contrainte environnementale,
ou à des pays qui délocalisent massivement sur des pays à bas coût salarial
comme l’Allemagne vers les pays de l’Est européen. Ce n’est pas une petite
baisse de quelques pour cent sur le coût des salaires français qui vont changer
la donne, ni l’arrivée des grandes multinationales.
L’e-commerce oriente rapidement le consommateur vers des
produits attractifs produits hors de l’UE, en particulier dans l’Est asiatique.
Ceci fait croitre le volume des importations et finit de tuer nos petites et
moyennes entreprises. C’est donc bien par un contrôle des importations que
doit passer une reconstitution du tissu industriel et artisanal français.
Malheureusement les quelques contrôles qui s’exercent sont décidés par l’UE en
violation d’ailleurs du traité de libre circulation des biens et des services,
comme c’est le cas pour les éoliennes chinoises (ce qui intéresse
essentiellement le Danemark et l’Allemagne, les producteurs européens). L’UE ne nous autorise à aucun contrôle des
importations, et la zone euro à aucune manipulation monétaire. Sortons-en.
Le show médiatique du monarque républicain à Versailles ne s’inscrit donc que dans
une opération de communication, qui engendre des commentaires admiratifs de
journalistes, grassement payés ou soudoyés et capables de tresser des lauriers
à leur mentor sans l’ombre d’un raisonnement économique solide autre que la
courte vue sur l’apparence des actes dont ils parlent.
Comme à Paris avec les
rats, il y a deux fois plus d’ânes bâtés,
Qui s’époumonent à
chanter la gloire de l’esbroufe,
Et de moutons
émerveillés ou assourdis,
Que de renards et que de
belettes
Se jouant des pièges tendus !
Claude Trouvé
23/01/18
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